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Les banques participatives traversent-elles leur première «crise»?

Les banques participatives traversent-elles leur première «crise»?

 

Le jeune écosystème participatif est en pleine crise d'adolescence et elle concerne la liquidité.

Les professionnels s'attendent à des réactions en cascade, avec notamment un coup de frein à l'activité.

 

Par A.H

 

L’étau se resserre autour du haut de bilan des banques participatives. Une crise de jeunesse qui trouve son origine dans un développement commercial plus rapide que les évolutions réglementaires.

Victimes de leur succès, ces banques n'arrivent pas à mobiliser autant de dépôts à vue que le nécessite leur activité commerciale soutenue.

Les fonds propres sont consommés dans le développement du réseau et des infrastructures et les comptes d'investissement que vient de valider le Conseil supérieur des oulémas pour permettre à ces banques de rémunérer leurs clients, s'adressent à une clientèle avisée. Ces banques ne peuvent pas émettre de Sukuk pour le moment, car le seul benchmark disponible est le Sukuk Ijara. Or, il ne leur est pas possible de titriser des créances.

Il leur reste une seule option à court terme : carburer à la Wakala avec un risque actif/passif, car ce produit a un coût qu'il faudra nécessairement répercuter sur la clientèle. Il ne faudra donc pas s'étonner de voir des augmentations de capital dans les mois à venir.


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Boubkeur Ajdir, associé IFAAS, a accompagné le développement de la finance islamique dans plusieurs régions du monde. Il préfère relativiser l'ampleur de la crise : «la finance participative n'a que 2 ans au Maroc et elle a pu parcourir durant cette période ce qui s'est fait en 10 ans et plus dans d'autres pays. Avec 5 banques et 3 fenêtres, le Maroc s'est véritablement distingué sur la scène internationale». Pour lui, les problèmes de liquidité sont classiques au démarrage. «Il faut laisser le marché se développer à sa vitesse», précise-t-il, rappelant que la première banque islamique au Royaume-Unis a mis 10 ans pour être rentable.

Pour ce professionnel, les comptes d'investissement ne vont pas apporter de solutions durables au déficit de liquidité : «les dépôts rémunérés (DAT, etc.) dans le conventionnel ont l'avantage d'être disponibles et garantissent un rendement. Mais les comptes d'investissement, qui eux ne sont pas des produits de court terme, car adossés à des actifs, ne garantissent ni le capital ni la rémunération. Ce sont des produits qui ressemblent aux OPCVM et seront recherchés par une clientèle plutôt haut de gamme et avisée».

«Quand on sait que les DAT représentent autour de 20% des dépôts dans le conventionnel, on imagine mal le rush sur les dépôts d'investissement participatifs», conclut-il.

En attendant le développement de Sukuk «appropriés» et d'éventuelles augmentations de capital, les banquiers estiment lever le pied sur les financements pour détendre leurs ratios de transformation. ◆

 

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