(De gauche à droite : Nezha Hayat présidente de l'AMMC, Hassan Boubrik président de l'ACAPS, Abdellatif Jouahri wali de BAM)
Comme chaque semestre, le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) s’est réuni pour évaluer les risques systémiques qui pourraient peser sur la stabilité financière du Maroc.
Les conclusions du communiqué publié cet après-midi par le CCSRS, qui se compose, rappelons-le, des représentants de Bank Al-Maghrib, de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), de l’Autorité marocaine du marché de capitaux (AMMC) et du ministère des Finances, ne diffèrent pas, dans les grandes lignes, de celles publiées il y 6 mois : le secteur bancaire est globalement résilient et rentable, celui des assurances est solide, tandis que le régime de retraite est toujours en sursis. Quant aux risques macroéconomiques (dette, conditions extérieures, etc.), ils restent globalement modérés.
La nouveauté de ce 7ème CCSRS concerne la question des délais de paiement. A notre connaissance, c’est la première fois que ledit Comité mentionne cette problématique dans son analyse des risques systémiques.
BAM a mené sa propre enquête à travers la réalisation d'une étude portant sur un échantillon d’environ 72.000 entreprises non financières privées et publiques, dont les données ont été fiabilisées. Selon cette étude, les délais de paiement inter-entreprises continuent d’afficher des niveaux élevés, notamment pour les TPME et certains secteurs d’activité.
«Cette situation constatée ces dernières années, accentue la pression sur les trésoreries des entreprises», alerte le Comité. Il en appelle «encore une fois» à la mise en œuvre effective de la réforme du cadre législatif et réglementaire relatif aux délais de paiement.
Rappelons que les lois 32-10 (2011) puis 49-15 (2016) sur les délais de paiement n’ont pas empêché l’aggravation de la situation, les décrets d’application faisant toujours défaut.
Le prêt/emprunt de titre pointé du doigt
Le Comité a par ailleurs pointé du doigt l’activité de prêt/emprunts de titres, dont l’encours s’est établi à 20,9 milliards de dirhams à fin mars 2018 contre 15 milliards à fin 2017.
«Le cadre législatif de cette activité est en cours d’amendement pour favoriser son développement tout en renforçant les exigences en termes de couverture du risque de contrepartie», peut-on lire sur le communiqué.
Banques : vigilance sur le risque de taux
Globalement, le secteur bancaire se porte bien et il parvenu à consolider sa solidité financière. En 2017, la rentabilité été au rendez-vous, les minimas de fonds propres sont respectés. Par ailleurs, la conduite des tests de résistance montre une bonne résilience des banques à différents scénarii de stress y compris ceux reflétant une détérioration des conditions macroéconomiques.
Le principal point de vigilance pour le secteur bancaire concerne toujours le risque de taux. «Un contexte de taux d’intérêt bas, elles sont aussi exposées à un risque de taux accru en lien avec l’allongement de la maturité de leur portefeuille crédits et la prédominance des taux d’intérêt fixes, particulièrement au titre des crédits à l’habitat», souligne le CCSRS.
L’autre sujet de vigilance pour les banques porte sur leur exposition aux chocs portant sur le défaut de leurs plus grandes contreparties. Un risque de concentration qu’Abdelatif Jouahri a maintes fois pointé du doigt au cours des dernières années.
Assurances : R.A.S !
Le secteur des entreprises d'assurances continue de faire preuve de solidité. Le rendement des capitaux propres est ainsi passé en 2017 à 10,6% contre 9,4% en 2016. Les plus-values latentes susceptibles d’être dégagées par les portefeuilles d’actifs des entreprises d’assurances et de réassurance ont connu une nouvelle hausse en relation avec la performance du marché boursier enregistrée en 2017.
Sur le plan prudentiel, les entreprises d’assurances et de réassurance détiennent des taux de couverture des engagements techniques supérieurs aux minimas réglementaires, note le Comité.
Aussi, le secteur continue de dégager une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire. Le point de vigilance concerne bien sur le passage vers le régime de la solvabilité basée sur les risques, en application du dernier amendement du code des assurances. «Les excédents de marge devraient probablement se réduire de manière significative», ave cette transition, souligne le CCSRS.
Retraites : toujours en sursis
Concernant les régimes de retraite, la réforme paramétrique intervenue en 2016 du Régime des Pensions Civiles, géré par la Caisse Marocaine des Retraites (CMR), a certes permis d’équilibrer la tarification pour les droits futurs des affiliés, mais n’a pas pour autant redresser le solde global de ce régime qui est entré en phase de déficit structurel depuis 2015.
Quant aux dates d’épuisement des réserves des régimes de retraite, elles n’ont pas connu de changements majeurs par rapport aux projections établies en 2016 et continuent, toutefois, de faire l’objet d’un suivi rapproché.
Notons que le Comité a par ailleurs, examiné et validé la feuille de route dédiée à la surveillance du cyberrisque au sein du système financier marocain.