- Les provisions pour pertes sur prêts en vertu d'IFRS 9 pourraient réduire les ratios d'adéquation des fonds propres de première catégorie jusqu'à concurrence de 2 points de bases
«Les faibles capitaux propres des banques marocaines subiront la pression de l'introduction de l'IFRS 9, mais les grandes banques ne devraient pas passer sous les ratios de fonds propres minimaux, car la banque centrale (Bank Al-Maghrib) a déclaré qu’une période de transition de cinq ans pourrait permettre de combler les déficits de réserve», rapporte l’agence Fitch Ratings dans une note récente consacrée à l’impact de l’introduction de la note IFRS 9 dans le secteur bancaire marocain.
Cette approche graduelle serait conforme aux mesures annoncées par les régulateurs internationaux, donnant aux banques plusieurs années pour renforcer leurs bilans en réponse aux changements.
Fitch estime que les banques marocaines «ont une capacité limitée à absorber l'impact, compte tenu de leurs réserves en capital relativement faibles».
En outre estime l’agence, «aucune des principales banques ne provisionne intégralement des prêts douteux et, à notre avis, certaines banques marocaines sont parfois lentes à reconnaître les pertes de crédit».
«Nos discussions avec les banques marocaines indiquent que les provisions pour pertes sur prêts en vertu d'IFRS 9 pourraient réduire les ratios d'adéquation des fonds propres de première catégorie jusqu'à concurrence de 2 points de bases». L'impact complet sera plus clair lorsque les états financiers de fin mars 2018 seront disponibles souligne la même source.
Les banques calculent les ratios d'adéquation des fonds propres selon Bâle II, en utilisant l'approche standard, rappelle l’agence. «Les ratios minimaux réglementaires sont de 9% pour le niveau 1 et de 12% pour les ratios de capital total, ce qui semblent élevés par rapport à d'autres marchés. Mais les actions ordinaires tangibles ne représentent qu'environ 10% des actifs corporels pour les grandes banques - un tampon limité, en particulier compte tenu des fortes concentrations d'emprunteurs individuels. Il n'est pas rare que les 20 plus gros prêts des banques marocaines représentent 20 à 30% du total des prêts bruts», souligne la note.
La majeure partie des réserves additionnelles requises sera affectée aux prêts classés à la «Phase 2» selon IFRS 9 - prêts pour lesquels le risque de crédit a augmenté considérablement depuis la comptabilisation initiale, estime l’agence. «Nous nous attendons à ce que les prêts actuellement surveillés par les banques marocaines entrent dans cette catégorie. Il s'agit de grands portefeuilles de crédits communément appelés «crédits sensibles» et dont les réserves obligatoires pour pertes sur prêts ne sont que de 5% selon les principes comptables marocains».
Concernant les prêts classés «Étape 3» selon IFRS 9 (prêts présentant déjà des signes de perte de valeur) ils seraient déjà suffisamment provisionnés selon Fitch. Enfin, concernant les prêts de «première étape» (prêts qui ne montrent pas de signes d'augmentation significative du risque de crédit) ils ne nécessiteront probablement pas de provisions additionnelles importantes, conclut Fitch.
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