La taxation du matériel agricole à usage mixte est mal reçue par les opérateurs.
Le renchérissement des prix risque de dissuader les exploitants de s’équiper.
Par C.J
Le PLF 2020 prévoit une disposition fiscale de taille qui concerne la suppression des exonérations fiscales et des dérogations du matériel agricole. Après l’imposition des sociétés et du revenu en 2014, le ministère des Finances a décidé cette fois de porter le taux de la TVA sur le matériel agricole à usage mixte à 20% au lieu de 2,5%.
Cette mesure concerne plusieurs équipements nécessaires à l’exploitation comme ceux de forage et de sondage des eaux souterraines, d’irrigation, les abris-serres et les éléments entrant dans leur fabrication, les moteurs à combustion interne stationnaire, les pompes à axe vertical, les motopompes dites pompes immergées ou pompes submersibles et les scarificateurs.
Une décision qui risque de porter un coup dur à l’équipement des exploitants, secteur déjà impacté ces dernières années en dépit des efforts déployés dans le cadre du Plan Maroc Vert.
C’est peu dire que pour les professionnels du secteur la pilule a du mal à passer. «En vue de donner un nouveau souffle aux équipements agricoles, nous nous attendions, dans le cadre du PLF 2020, à de nouvelles dispositions favorables. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Le ministère des Finances a opté pour la taxation du matériel agricole sous prétexte qu’il peut servir à des usages autres qu’agricoles. Mais dans la réalité, les autres usages sont très limités. Cette décision peut avoir un effet nuisible sur nos ventes et inciter les exploitants à utiliser du matériel d’occasion de moindre qualité. J’espère que cette décision sera remise en cause dans le cadre des amendements», souligne Mohamed Lakhsassi, secrétaire général de l’Association marocaine de l’irrigation par aspersion et goutte à goutte (AMIAG).
D’autres opérateurs ont, eux aussi, fait part de leur inquiétude estimant que les exonérations fiscales représentent un volet important pour soutenir le secteur et le PMV.
«Dans tous les pays du monde, l’agriculture est exonérée et fortement soutenue. Au Maroc, les dispositions actuelles sont plutôt insuffisantes. Je pense que la taxation du matériel agricole n’aura pas l’effet escompté en termes de recettes, elle va plus porter un sérieux coup à un secteur déjà en perte de vitesse», explique Rochdi Abdelhak, vice-président de l’Association de fabricants et commerçants de matériel agricole (Amifcoma).
Les opérateurs et les exploitants espèrent un amendement de cette décision qui ne peut qu’avoir des effets néfastes sur le secteur et les efforts pour sa modernisation. ◆
Encadré : Taxation des dattes conditionnées
Le PLF 2020 prévoit également la réinstauration de la taxation des dattes conditionnées produites au Maroc à un taux de 20%, alors que celles vendues en vrac sont exonérées. Cette décision peut impacter sensiblement cette activité du fait que les opérateurs marocains sont soumis à une forte concurrence de la part de leurs homologues étrangers notamment tunisiens et algériens.
Les négociants qui s’activent dans ce créneau, commercialisent les produits de moyen ou de haut de gamme, et comme les consommateurs sont très regardants sur les prix, les dattes marocaines risquent de perdre des parts de marché.