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Financement : «Le GCAM assure 85% des enveloppes globales dédiées au secteur agricole marocain»

Financement : «Le GCAM assure 85% des enveloppes globales dédiées au secteur agricole marocain»

Il déploie un dispositif de soutien et d’appui aux exploitants pendant toutes les périodes difficiles. Il y a besoin de relève et de transmission intergénérationnelle au niveau des exploitations agricoles. Entretien avec Mustapha Chehhar, Directeur général adjoint en charge de la mission de service public auprès du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM).

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Quels sont les produits proposés par le GCAM aux exploitants agricoles au titre de la campagne 2024/2025 ?

Mustapha Chehhar : Avant de parler de notre accompagnement au titre de la campagne en cours, je souhaite souligner que sur l’ensemble des financements octroyés par le système bancaire aux opérateurs agricoles et agro-industriels, le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) assure 85% des enveloppes globales dédiées au secteur agricole marocain. Ces financements représentent 50% du portefeuille global du CAM, qui est une banque universelle à l’instar des autres banques du pays, et qui a la spécificité d’assurer, en plus de cela, une mission de service public envers le monde agricole et rural. Pour ce qui est de la campagne agricole 2024-2025, nous avons déployé un dispositif adapté aux spécificités de chaque filière agri-agro. Cette offre riche et diversifiée est déclinée sous forme de :

• Crédits d’investissement  : destinés aux aménagements hydro-agricoles, plantations, constructions, équipements, acquisition du cheptel de rente pour la production de viandes rouges, cheptel laitier…etc., et offrant des souplesses telles que des différés d’amortissement qui permettent aux opérateurs de mieux gérer leurs projets en fonction des cycles et de la saisonnalité de leur production.

• Crédits de campagne : permettant aux agriculteurs et éleveurs de faire face aux coûts des opérations annuelles de mise en place et/ ou entretien des cultures (semis, fertilisation, produits phytosanitaires, taille, irrigation, frais de récolte…), l’acquisition des animaux d’engraissement, achats des aliments de bétail et les frais de leurs soins vétérinaires….

• Crédits destinés aux unités de conditionnement et de valorisation des produits agricoles (céréales, olives, agrumes, prunes, figues, oignons, pommes de terre, pommes…)  incluant aussi bien les achats de matières premières agricoles, découverts, facilités de caisse et escompte, aval et cautions… que la mise en place de nouvelles unités ou des extensions…

Par ailleurs, nous avons développé en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), une offre dédiée aux enjeux de la durabilité et dénommée Istidama. Ce programme finance la transition verte des projets agricoles et agro-industriels et est axé sur une gestion durable des ressources naturelles  : Ecotaqa agriculture, Ecotaqa agro-industrie, Agro-Nifaya et Bio-Filaha. Dans le cadre de ce programme, l’investisseur bénéficie également d’un conseil technique dans le choix des équipements et d’une incitation financière à hauteur de 10% du montant du crédit.

Le CAM accompagne les opérateurs agriagro dans leurs opérations à l’International, qu’il s’agisse d’export (fruits et légumes) ou d’import (intrants, équipements, animaux, aliments de bétail, céréales, oléagineux, viandes rouges, génisses laitières…), à travers une panoplie de produits  : moyens de paiement, cautions et garanties, taux de change, comptes en devises, cartes à l’international et conseil…. L’offre agri-agro du GCAM s’est construite sur la base d’une expérience de 64 ans et elle est actualisée fréquemment pour une adaptation continue aux exigences du marché. Elle est déclinée par la banque classique, le CAM, et par l’ensemble de ses filiales (Tamwil El Fellah, Ardi, Al Akhdar Bank, CAM leasing, CAM factoring…), et ce afin de répondre à l’ensemble des besoins de tous les opérateurs.

 

F.N.H. : Six années consécutives de sécheresse ont pesé lourdement sur l’agriculture nationale. Quelles sont les mesures prises par votre groupe pour accompagner les agriculteurs, notamment les éleveurs dans cette période difficile ?

M. Ch. : Effectivement, ces six années de sècheresse successives ont impacté la production des différentes filières agricoles et la capacité de remboursement des agriculteurs. Conscients des enjeux et défis auxquels doivent faire face nos agriculteurs, nous avons déployé un dispositif de soutien et d’appui aux exploitants pendant toutes ces périodes difficiles, s’articulant autour de cinq volets :

• Réorienter les financements sur les trois principales activités : installation des cultures printanières qui permettront de compenser les revenus des agriculteurs dans les régions concernées, le maintien et la bonne conduite des élevages et l’entretien continu de l’arboriculture;

• Accompagner les agriculteurs dans la mise en place des techniques d’économie d’eau…;

• Accompagner les exportateurs des fruits et légumes;

• Octroyer des lignes de financement aux importateurs de céréales, des oléagineux, génisses laitières, taurillons, ovins et viandes rouges ainsi que des aliments de bétail afin de sécuriser l’approvisionnement du marché national et accroître l’offre en ces produits.

• Accorder des facilités de paiement aux agriculteurs, au cas par cas selon les conditions de chaque exploitation.

A travers ces mesures, le GCAM soutient les agriculteurs et les éleveurs dans leurs efforts exceptionnels en ces périodes difficiles pour qu’ils continuent à fournir le marché en produits alimentaires au quotidien, reconnaissant ainsi leur rôle crucial dans la sécurité alimentaire de notre pays, rôle pour lequel nous tous, en tant que citoyens, devons être reconnaissants.

 

F.N.H. : Quels sont les indicateurs de la Fondation Ardi, filiale de votre groupe dans le secteur du microcrédit ?

M. Ch. : La Fondation Ardi, créée en 2001 par le Groupe Crédit Agricole du Maroc, se distingue par son rôle essentiel dans la promotion de la microfinance en milieu rural au Maroc, notamment les zones enclavées. Elle vise à lutter contre l’exclusion financière en offrant des services de microcrédit adaptés aux populations défavorisées, facilitant ainsi leur insertion socioéconomique. À fin 2024, la Fondation Ardi dispose d’un réseau propre de  162 agences réparties sur l’ensemble du territoire national, servant environ 50.000 bénéficiaires, dont 40% sont des femmes. Un ambitieux plan de développement à horizon 2027 a été finalisé et l’offre classique des crédits a été enrichie par plusieurs nouveaux produits : Ardi Microfilaha, Ardi Sakani, Ardi Lalla, Ardi Chabab, Ardi Bahri, Ardi Mouwassalt, Ardi Taqa...

 

F.N.H. : Dans le cadre de Génération Green, quelle est la stratégie du GCAM pour soutenir les porteurs de projets, particulièrement les jeunes dans le secteur agricole ?

M. Ch. : Les jeunes agriculteurs et porteurs de projets jouent un rôle crucial dans le développement économique des zones rurales. En effet, presque 400.000 agriculteurs ont une moyenne d’âge qui dépasse 65 ans, d’où un vrai besoin de relève et de transmission intergénérationnelle au niveau des exploitations agricoles. L'implication des jeunes agriculteurs permet de renouveler la population des chefs des exploitations et de la main-d'œuvre rurale et agricole. Ils introduisent des pratiques agricoles modernes car ils sont plus réceptifs à l’innovation technologique, la gestion durable des ressources, le défi d’améliorer les rendements, l'agriculture de précision... Grâce à leur dynamisme, les jeunes imposeront une plus grande diversification des activités économiques en milieu rural. L’encouragement et l’appui à cette nouvelle génération d’agriculteurs et de porteurs de projets en milieu rural constitue un axe stratégique de Génération Green. Le CAM a coélaboré avec le ministère de l’Agriculture des offres destinées aux jeunes, combinant le financement, les subventions classiques du FDA, les incitations spécifiques et le conseil technique. Ces offres concernent les jeunes agriculteurs, les jeunes ayants droit dans les terres collectives et les jeunes désirant créer leurs propres entreprises de prestations de services à l’agriculture et aux activités paraagricoles et rurales.

 

F.N.H. : Crédit Agricole du Maroc est connu comme étant l’acteur de référence de l’agriculture nationale, mais il est également fortement présent dans d’autres secteurs d’activité, notamment l’industrie nationale et l’immobilier. Comment se présentent vos offres dédiées aux secteurs hors agriculture ?

M. Ch. : Comme je l’ai dit en début d’entretien, le CAM est certes l’acteur principal dans le financement de l’agriculture et des activités rurales, mais il est aussi une banque universelle et accompagne donc, à ce titre, tous les autres secteurs économiques : pêche, aquaculture, artisanat, forêt, industries, tourisme, immobilier, services, commerce... Concernant l’accompagnement des industries nationales, nous adoptons une approche par chaîne de valeur et nous déclinons nos offres de financement selon les besoins des opérateurs de chaque branche industrielle en co-construisant cette offre avec les représentants professionnels desdites industries, qui sont regroupés en fédération ou association. Ce dialogue professionnel et serein se matérialise généralement par une convention en bonne et due forme précisant les produits de financement, les modalités et les conditions d’octroi ainsi que les taux préférentiels à appliquer. A titre d’exemple, le CAM a récemment conclu des conventions avec l’Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (Amica) et avec l’Association de la zone industrielle de Ain Sebaâ-Hay El Mohammadi (Azian). De manière générale, nous adaptons de manière continue nos offres de crédit aux particuliers et professionnels, que ce soit celles destinées à l’habitat, à la consommation ou autres, et ce en fonction de l’évolution du marché afin qu’elles soient compétitives. Nous gardons un contact permanent avec nos clients et prospects et veillons à développer régulièrement des partenariats et des conventions avec divers groupements professionnels, au bénéfice de leurs adhérents afin d’être au service de l’ensemble de nos compatriotes, y compris nos Marocains du monde. 

 

 

 

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