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Financement des TPME : Les Banques sur le pied de guerre

Financement des TPME : Les Banques sur le pied de guerre

 

Le Programme intégré d’appui au financement des entreprises propose au moins trois ruptures majeures avec ce que l’on a connu jusqu’à présent dans le domaine du financement des TPME.

Les premiers dossiers ont été traités par le réseau bancaire.

 

Par A.E

 

Plus les détails du Programme intégré d’appui au financement des entreprises sont connus, plus on en mesure la portée et l’importance stratégique. Car, qu’on se le dise : ledit programme n’est en rien un énième clone des précédents dispositifs d’accompagnement des TPME mis en place au cours des 15 dernières années, et dont les résultats ont été, c’est le moins que l’on puisse dire, très décevants, voire insignifiants.

Le Programme intégré d’appui au financement des entreprises (PIAFE) propose au moins trois ruptures majeures avec ce que l’on a connu jusqu’à présent dans le domaine du financement des TPME. Il s’agit bel et bien d’un réel «changement de paradigme», pour reprendre l’expression d’Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.

 

3 ruptures franches

La première rupture franche concerne l'accès au financement qui représente 75% des préoccupations des PME, selon une étude récente du haut-commissariat au Plan. Cette problématique devait être redressée à travers les mécanismes qui s’appuient essentiellement sur des garanties pouvant aller jusqu'à 80% du financement.

Ces garanties, à leur tour, s'appuient sur le Fonds d'affectation spéciale créé au titre de la Loi de Finances 2020, qui est le socle de base des produits offerts, et qui porte sur une enveloppe de 8 Mds de DH, dont 2 Mds de DH dédiés au monde rural, étalés sur trois ans, a-t-il rappelé.

La deuxième rupture, énoncée par Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, porte sur les garanties. Notons que dans le cadre de ce programme, les banques vont se suffire des garanties liées aux projets et renoncer ainsi aux garanties personnelles. Là aussi, c’est une véritable révolution par rapport aux pratiques habituelles du secteur bancaire.

La troisième rupture a trait au taux d'intérêt qui est historiquement bas, sur instructions du Souverain. Les prêts accordés le seront à un taux plafonné à 2% en règle générale et à 1,75% dans le monde rural, soit des taux inférieurs au taux directeur de la Banque centrale qui est de 2,25%. Du jamais vu.

 

L’Intérieur en renfort

Mais ces mesures, si fortes soient-elles, ne constituent pas à elles seules une garantie de succès pour le PIAFE.  Les composantes «suivi» et «accompagnement» sont tout aussi cruciales. «Nous allons procéder à une évaluation périodique mensuelle pour le suivi des réalisations de ce dispositif dans son ensemble. Ce suivi nous permettra d'apporter les ajustements nécessaires le cas échéant en fonction des demandes du marché», a indiqué Benchaâboun.

L’idée est de ne pas reproduire les erreurs du passé, et que la fameuse «vallée de la mort» des entreprises nouvellement créées (la mortalité des entreprises étant particulièrement forte durant les 5 premières années d’existence) deviennent une «vallée de l’espoir», comme l’a joliment dit Hicham Serghini, Directeur général de la CCG.

En outre, un dispositif important en matière d'accompagnement s’appuiera sur la convention signée avec le ministre de l'Intérieur, dont l’aide sera précieuse sur le terrain pour la réussite de cette opération.

A travers cette convention signée avec l’Intérieur, les Centres régionaux d’investissement (CRI), la CGEM et l'OFPPT seront aussi mis à contribution. «Nous voulons un suivi pré et post-projet, au-delà des aspects de financement qui constituent le cœur de ce programme», a insisté Benchaâboun.

«Le suivi sera assuré par un Comité d’évaluation pour réorienter les mécanismes s’il le faut», a révélé A. Jouahri. L’idée derrière ce dispositif de suivi, qui sera alimenté par un reporting régulier des banques, est qu’au bout de trois ans, soit la durée du PIAFE, ce programme puisse être renouvelé.

Le gouverneur de la Banque centrale a par ailleurs été parfaitement clair sur la nature des financements, afin de lever tout malentendu et responsabiliser les porteurs de projet : ces financements ne sont pas des dons ! Le porteur de projet est tenu de rembourser les montants empruntés et faire le maximum pour honorer ses engagements. Le projet doit donc être viable; c’est bien de le rappeler.

 

Les premiers dossiers traités

Les banques sont déjà sur le pied de guerre pour la réussite du dispositif, a affirmé Mohamed El Kettani, vice-président délégué du Groupement professionnel des banques du Maroc. «Nous sommes en ordre de marche pour répondre à l'appel de SM le Roi Mohammed VI et honorer nos engagements de manière ferme et déterminée», a-t-il fait savoir.

Les réseaux bancaires disposent d’une check-list et d’un canevas allégé pour que le demandeur puisse honorer l'ensemble de la documentation et des informations nécessaires à l'instruction du dossier.

Finances News a constaté que les agences bancaires disposent déjà des circulaires d’application, et certains établissements ont, depuis une semaine, démarré les formations de leurs équipes.

Aux premières nouvelles, à l’heure où nous mettions sous presse, une dizaine de dossiers ont d’ores et déjà été traités. L’objectif est de parvenir à un montant de financement avoisinant les 10 Mds de DH pour l’année 2020. ◆

 


Programme Intelak : Une offre simple et bien pensée

La Caisse centrale de garantie (CCG) a présenté trois nouveaux produits appelés à révolutionner la relation entre le secteur bancaire et les porteurs de projet. Le premier est la garantie «Damane Intelak», destinée aux entreprises ayant moins de 5 ans d'activité, à l'exception des entreprises exportatrices. Elle vise les entreprises ayant moins de 10 MDH de chiffre d'affaires et cible les crédits d'investissement d’un plafond de 1,2 MDH maximum. La garantie couvre 80% des crédits et est déléguée au secteur bancaire.

Le second produit, «Damane Intelak Al Mousstatmir Al Qaraoui», est destiné à la garantie des crédits d’investissement et des crédits à court terme plafonnés à 1,2 million de dirhams. Il bénéficiera essentiellement au financement du secteur agricole et aux projets réalisés en milieu rural.

Outre ces deux nouveaux instruments de garantie, la CCG a également lancé le produit de financement «Start-TPE». Il s’agit d’une ligne de financement plafonnée à 50.000 dirhams en faveur des entreprises en démarrage bénéficiant d’un crédit d’investissement garanti par les produits «Intelak», et ce pour financer leurs besoins en fonds de roulement. Sans garanties exigées, ce financement s’opère avec un taux d’intérêt de 0% et est remboursable après un délai de grâce de 5 ans.


Paroles de banquiers 

Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank

«Nous sommes aujourd’hui très fiers de répondre aux orientations de Sa Majesté que Dieu l’assiste, et de participer en tant qu’organisme bancaire au programme d’appui et de financement aux jeunes porteurs de projet, et aux petites entreprises. Nous avons toujours été intéressés par cette catégorie, et ma foi, nous sommes très contents d’aller encore plus de l’avant. Le CIH est là pour accompagner cette étape cruciale. Nous comptons répondre par tous nos moyens et favorablement à cette démarche. Nous allons entamer l’accompagnement ainsi que la proposition de produits à partir de cette semaine, nos agences sont déjà préparées à accueillir les dossiers de crédit».

 

Rachid Marrakchi, Directeur général de BMCI

«C’est une très bonne initiative qui vient de voir le jour, et nous comptons, au sein de la BMCI, nous inscrire pleinement dans cette démarche très constructive. Nous comptons mettre l’ensemble de nos moyens en marche afin d’être à la hauteur des objectifs de ce projet destinés à une catégorie d’entreprise qu’il faut accompagner et encourager. Nous avons toujours été présents aux côtés du tissu économique marocain et nous continuerons à le faire».

 

 

Tariq Siljimassi, président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc

«Aujourd’hui, nous avons concrétisé le projet issu des signatures que nous avons faites la semaine passée devant Sa Majesté. La concrétisation de ce projet signifie que nous passons dorénavant à l’étape de son opérationnalisation. Donc, dès à présent, aux portes de nos agences peuvent se présenter les jeunes porteurs de projet, et il nous appartient à nous d’être prêts pour les accompagner dans leurs démarches».

 

 

Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa bank

C’est en faisant nos pas que nous allons fluidifier les process pour asseoir une qualité de service irréprochable parce que nous sommes engagés à honorer le délai à trois semaines à partir d'un dossier complet.

Le taux appliqué est un taux choc qui va créer le déclic et libérer les énergies pour pouvoir régénérer une nouvelle race de femmes et d'hommes entrepreneurs qui feront la gloire économique de ce pays dans l'avenir.

Nous rendrons un grand service à notre nation si l’on assure de manière très professionnelle, rapide et réactive le financement des investissements viables à moyen et long termes.

C'est ainsi qu'on aura à gagner en crédibilité et en confiance, ce qui donnera une capacité nouvelle pour donner la chance à d'autres jeunes sur les cinq ou dix années à venir.

Nous veillerons, en tant que profession bancaire, à faire notre métier le plus valablement possible, c'est-à-dire, veiller au respect des critères de viabilité et s'engager à honorer les trois piliers du Programme.

 

 

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