Le Maroc s’engage dans un plan ambitieux pour réduire son déficit budgétaire et optimiser ses finances publiques d’ici 2026. Mais les défis restent nombreux, malgré les financements internationaux et les bonnes performances économiques.
Par Gh. Bennani
La gestion des finances publiques du Maroc s'inscrit aujourd'hui dans une dynamique ambitieuse visant à réduire son déficit budgétaire et à renforcer sa stabilité économique. Le gouvernement a pour objectif de ramener ce déficit de 4,1 à 3,6% du PIB d'ici 2026, une démarche qui repose sur une série de réformes et de stratégies économiques en constante évolution. Cette initiative s’inscrit dans un contexte global marqué par des perspectives économiques prometteuses, mais aussi des défis structurels.
L'un des moteurs principaux de cette stratégie réside dans l'optimisation des recettes fiscales. Selon le rapport de politique monétaire de Bank Al-Maghrib (BAM) de mars 2025, les recettes fiscales ont dépassé les prévisions de 3,5% en 2024, soutenues par la bonne performance des plus gros contribuables et des sociétés cotées. Le dynamisme de l’économie marocaine, alimenté par des projets d'investissements stratégiques, joue également un rôle crucial dans cette tendance.
Ces investissements sont principalement orientés vers les secteurs stratégiques comme les infrastructures, l’énergie et l’agriculture, qui viennent soutenir la croissance du pays et, par conséquent, la consolidation de la base fiscale. Les réformes entreprises ont permis d’alléger la pression sur la Caisse de compensation et de mieux maîtriser la masse salariale de la fonction publique. En 2024, la masse salariale a connu une croissance limitée à 3,2% par rapport à l’année précédente, malgré les défis économiques. L’effort pour maîtriser cette masse salariale est d’autant plus crucial que le Maroc s’efforce de maintenir un équilibre budgétaire tout en soutenant ses projets d'investissement et en préservant les secteurs sociaux.
Dans ce cadre, les récentes annonces de la Banque mondiale et du FMI sont des signes positifs pour l’économie marocaine. En mars 2025, la Banque mondiale a débloqué un financement de 600 millions de dollars pour soutenir les réformes structurelles du Maroc, renforçant ainsi sa capacité à réduire son déficit et à améliorer ses finances publiques. Ce soutien financier est un atout majeur, d'autant plus que le pays est également bénéficiaire d'un décaissement de 496 millions de dollars du FMI, visant à soutenir les politiques économiques en cours. Ces financements internationaux témoignent de la confiance des institutions financières mondiales dans la résilience et la gestion économique du Maroc, tout en renforçant sa capacité à mettre en œuvre ses réformes.
Dans un contexte où la croissance mondiale est incertaine, le Maroc bénéficie de marges de manœuvre accrues pour gérer ses finances publiques sans compromettre ses objectifs de croissance. Le pays met également en place une série de mesures visant à élargir l'assiette fiscale, en particulier en luttant contre l'évasion fiscale et en améliorant l'efficacité du recouvrement des impôts. Cette politique vise à augmenter les recettes publiques sans alourdir la charge fiscale des citoyens et des entreprises. L'élargissement de l'assiette fiscale permet ainsi de mieux répondre aux besoins croissants de financement public, tout en soutenant la croissance économique.
Selon un expert économiste, «les réformes entreprises par le Maroc ces dernières années ont permis d'améliorer la collecte fiscale et de renforcer la crédibilité du pays vis-à-vis des investisseurs internationaux. Toutefois, le véritable défi reste de concilier la croissance économique avec la maîtrise des dépenses publiques, surtout en période d'incertitude économique mondiale». Ces mesures fiscales viennent compléter les efforts visant à stabiliser les finances publiques, mais la gestion de la dette publique demeure également un axe stratégique majeur. Le Maroc s’efforce de réduire sa dette publique en utilisant les recettes fiscales excédentaires pour accélérer ce processus. Cela permettra de rapprocher le niveau d’endettement du pays de celui qu’il connaissait avant la pandémie, une situation qui serait un gage de crédibilité pour les investisseurs et les partenaires internationaux du Royaume.
Dans l’ensemble, la politique budgétaire du Maroc repose sur un équilibre entre maîtrise des dépenses publiques, augmentation des recettes fiscales et investissements stratégiques dans des secteurs porteurs. Ce modèle, accompagné de réformes continues, constitue un pilier pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement d’une réduction progressive du déficit budgétaire et d'une stabilité macroéconomique renforcée d'ici 2026. Ce parcours est soutenu par une politique monétaire claire et une gestion proactive des ressources publiques, contribuant ainsi à une croissance durable et inclusive.