Pour les sociétés de capital-risque, la bonne cible est une start-up à haut potentiel de revenus futurs.
Au Maroc, les fonds spécialisés dans le capital-développement sont à la recherche, entre autres, d’entreprises plus matures ayant un certain nombre d’ancienneté et une situation financière saine.
Par M. Diao
Pour peu que l’on suive l’actualité économique et financière du pays, il est assez aisé de constater que les sociétés de capital-investissement (un domaine qui regroupe l'ensemble des opérations consistant à prendre des participations au capital de sociétés non cotées), sont de plus en plus actives. Au Maroc, les fonds de capital-investissement ont beaucoup fait parler d’eux au cours de ces derniers mois. En effet, plusieurs opérations en capital-risque et capital-développement ont été enregistrées.
Le programme 212 Founders, porté par CDG Invest, lancé en 2019 et qui, jusqu’à octobre 2022, a concrétisé 12 financements en Seed et Series A pour un montant total de 57 MDH, est un exemple édifiant à l’échelle nationale (www.fnh.ma). Fin novembre 2022, Nama Holding, société d’investissement dédiée au développement des filières industrielles à fort contenu exportateur, détenue par CDG Invest, a annoncé une prise de participation minoritaire dans le capital du Groupe Vita Couture.
L’autre actualité toute fraîche en la matière est la prise de participation du fonds Columbus 1 de Red Med, dans le capital de CEFA Industries, qui évolue dans le domaine des pâtes alimentaires et le couscous. D’ailleurs, le Conseil de la concurrence a reçu la notification de cette opération portant sur 35% du capital et des droits de vote de la jeune entité industrielle, lancée en septembre 2020. Au-delà de ce rappel, la question incontournable est la suivante : quel est le profil-type de start-up ou d’entreprises suffisamment attrayantes aux yeux des fonds spécialisés en capital-investissement ? La bonne cible «Pour les sociétés de capital-risque, la bonne cible est une start-up à haut potentiel de revenus futurs», explique Amine Diouri, directeur Etudes et Communication chez Inforisk. En d’autres termes, les investisseurs en capital-risque sont en quête de start-up qui ne génèrent pas de gros revenus au moment de l’investissement, mais dont les perspectives de développement (compte tenu du business model), à terme, sont prometteuses.
«La valorisation de la start-upcible est tributaire du futur. Les investisseurs en capital-risque sont en principe regardants sur les profils de l’équipe dirigeante de la start-up dans laquelle ils investissent», poursuit-il. A l’évidence, l’innovation est un critère important pour les capital-risqueurs. Toutefois, celleci n’est pas liée exclusivement aux nouvelles technologies. Par exemple, la manière de commercialiser un produit ou un service peut être innovante et attractive pour les pourvoyeurs de financement. Notons aussi que la capacité des dirigeants d’une start-up à créer un écosystème ou un réseau de partenaires autour de leur boîte est un avantage de taille. Il importe de préciser que l’activité du capital-risque est particulièrement risquée, eu égard à l’importance accordée au futur, lequel comporte des aléas parfois difficilement maîtrisables.
«Pour leur part, les fonds spécialisés dans le capital-développement sont à la recherche d’entreprises plus matures, ayant un certain nombre d’années d’ancienneté et une situation financière saine», fait observer Diouri, qui attire l’attention sur le caractère crucial de la qualité professionnelle du dirigeant de l’entreprise et celle de l’actionnariat. Notons qu’outre un business model pertinent et une bonne organisation (organigramme, système d’information performant, etc.), les structures dans lesquelles les fonds de capital-développement investissent ont généralement une stratégie de développement et de croissance programmée, avec à la clef, entre autres, l’implantation à l’étranger ou la réalisation d’investissements dans des unités de production. Ce qui nécessite du financement et de l’expertise.
Deux atouts dont regorgent les fonds de capitaldéveloppement, dotés généralement d’un réseau profitable à l’entreprise bénéficiaire de l’investissement et de bonnes compétences managériales et stratégiques. Au final, la cible idéale des fonds de capitaldéveloppement est la PME d’une certaine taille et structurée, réalisant un chiffre d’affaires (CA) annuel supérieur à 50 MDH. Les entreprises de taille intermédiaire (ETI), susceptibles de réaliser un CA annuel pouvant atteindre 500 MDH ainsi que les PME du programme Elite Maroc (www. fnh.ma), porté par la Bourse de Casablanca, constituent également une cible de choix.