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Banques: le secteur face à moult risques et défis en 2023

Banques: le secteur face à moult risques et défis en 2023

Les banques marocaines se préparent à des conditions économiques plus difficiles en 2023.  

La hausse des taux, les créances non-performantes, la transition climatique ou encore la digitalisation sont parmi les dossiers chauds de cette année.

 

Par Y. Seddik

La guerre en Ukraine, les problématiques dans les chaînes d'approvisionnement, la hausse de l'inflation ainsi que l’envolée des taux d'intérêt qui l'accompagnent ont fortement occupé le secteur bancaire en 2022, qui a tout de même fait preuve de résilience. En 2023, les pressions inflationnistes resteront fortes. Et avec un pouvoir d’achat laminé, les ménages seront en mode défensif. L’investissement des entreprises faiblira lui aussi face au coup de frein de la consommation. Ce contexte conduira les banques à rester vigilantes sur leurs expositions, d’autant que les agents économiques présentent des niveaux d’endettement élevés. A ce lot de risques, s’ajoutent quelques défis auxquels les établissements bancaires devront faire face.

 

Les taux

Le principal sujet de préoccupation sur les marchés financiers à l’heure actuelle est sans doute la hausse des taux. Si cette dernière est structurellement favorable aux banques, elle devrait contribuer pour l’instant à faire baisser les résultats du secteur. Cela tient à un décalage entre l’évolution très lente du rendement des actifs bancaires et une hausse plus rapide du coût de la ressource au passif. D’ailleurs, selon une étude de Fitch Ratings, les impacts positifs de la hausse des taux d'intérêt sur les bénéfices des banques marocaines tarderont à se faire sentir. Ces hausses de taux mettront du temps à se traduire par des taux débiteurs plus élevés, car plus de 90% des prêts sont à taux fixe et environ 70% à moyen ou long terme. Pour l’agence de notation, les marges nettes d'intérêt devraient légèrement baisser à court terme en raison d'une réévaluation des passifs plus rapide que celle des actifs. Selon BAM, une hausse de 200 pbs des taux d'intérêt entraînerait une réduction à court terme de 3% des revenus nets d'intérêts des banques, en moyenne.

 

La transition climatique

La transition vers une économie verte sur laquelle est engagé le Maroc depuis quelques années, peut affecter les portefeuilles d'investissement des banques en réduisant la valeur de leurs fonds propres et des obligations qu'elles détiennent dans les entreprises affectées. En effet, selon une étude de la Banque mondiale, l’exposition directe et indirecte des banques marocaines aux risques physiques est estimée à environ 35% du total des actifs. L’exposition directe atteint 8% des actifs, et couvre les prêts aux secteurs de l’agriculture, de l'agro-industrie et de l’agroalimentaire.  En outre, le secteur du tourisme et les prêts hypothécaires aux ménages sont indirectement exposés aux risques physiques, atteignant 27% supplémentaires des actifs. 

Les scénarios catastrophes simulés par la Banque mondiale entraîneraient une augmentation des prêts non performants et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres. Ainsi, les différents scénarios de sécheresse pourraient entraîner une augmentation des prêts non performants à l’échelle du système comprise entre 2,1 (sécheresse historique de trois ans) et 3,3 points de pourcentage, et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres comprise entre 1,0 et 1,6 point de pourcentage. À leur tour, les scénarios d’inondation entraînent une augmentation des prêts non performants à l’échelle du système allant de 1,2 à 1,7 point de pourcentage, et une baisse du ratio d’adéquation des fonds propres allant de 0,4 à 0,6 point de pourcentage. 

 

La digitalisation

La digitalisation, qui occupe les banques depuis des années, reste au programme en 2023. Entre métamorphoses des agences bancaires et développement de nouveaux services numériques, les chantiers pour améliorer l'expérience client se multiplient. Désormais, l’omnicanal est au cœur de la stratégie de la plupart des banques marocaines. Le canal mobile (M-banking) se démarque clairement comme canal digital de référence devant l’Internet banking, pourtant précurseur. Suite à la nouvelle réglementation de Bank Al-Maghrib permettant une entrée en relation complètement digitalisée, il faut s’attendre à une confirmation de cette tendance pour les années à venir.

Selon une étude récente sur la digitalisation du secteur bancaire au Maroc, notamment sur les canaux de souscription des produits financiers, le M-banking arrive en tête chez les moins de 35 ans, tandis que l’agence rafle la première place auprès des 36-55 ans, en concurrence avec le M-banking/e-banking. Quant aux plus de 56 ans, l’agence est sans nul doute le canal privilégié. Véritable lieu de commerce et vecteur de la relation client/banquier, au Maroc, l’agence bancaire doit néanmoins se réinventer. Par ailleurs, il faut garder en tête le fait que cette digitalisation peut aussi induire des risques liés à la stabilité financière, à la protection des consommateurs, au blanchiment des capitaux ou encore à la cybersécurité.

 

Les créances en souffrance

Dernier point, mais non des moindres : la problématique des créances en souffrance, qui n’est pas un sujet nouveau pour les banques. L’inflation et le ralentissement économique ont contribué à alourdir l’ardoise des prêts non performants chez les banques l’année écoulée. Ceux-ci culminent à fin novembre 2022 à 89 milliards de DH, soit 8,7% des encours de crédit à l’économie. D’un côté, ces prêts pèsent sur la rentabilité des banques, et de l’autre, entravent leur capacité à financer proprement l’économie. Pour l’heure, la mise en place d’un marché secondaire s’est imposée comme l’unique solution pour libérer les bilans des banques des prêts non performants.

La complexité du projet de recyclage des créances en souffrance initialement prévu pour 2022 a retardé sa mise en place. Ce chantier porte en effet sur l’identification et la mise en place des conditions préalables pour la création de ce marché en vue de réduire le portefeuille des créances en souffrance porté par les banques, à travers une cession auprès d’investisseurs intéressés. Ces cessions permettraient d’accroître les capacités des banques à financer l’économie. 

 

 

 

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