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Assurances: retour d'expériences face aux incertitudes liées aux séismes

Assurances: retour d'expériences face aux incertitudes liées aux séismes

Les modèles assurantiels des pays doivent répondre au caractère imprévisible des séismes pour garantir une meilleure couverture des populations.

 

Par D. M.

La 10ème édition des Rendez-vous de Casablanca de l’assurance a été l’occasion pour les acteurs du secteur de l’assurance de divers horizons de partager leurs expériences sur le vécu et l’adaptation relatifs aux différents séismes ayant secoué certains pays, à l’instar du Maroc, de la Turquie et de Taïwan. Ouvrant le panel, le Gouverneur et directeur de la Gestion des risques naturels au ministère de l’Intérieur, Abdallah Nassif, a présenté de manière détaillée l’expérience marocaine face au séisme d’Al Haouz survenu le 8 septembre 2023. Selon lui, le Maroc est exposé à divers risques naturels en raison de sa position géographique et de son environnement géologique.

Le dérèglement climatique accentue ces risques, entraînant des variations imprévisibles dans les conditions météorologiques et augmentant la probabilité d'événements extrêmes, tels que les séismes. Pour faire face à ces défis, le Maroc a adopté des politiques proactives de gestion des risques naturels. Suite au séisme d’Al Hoceima en 2004, des mesures ont été prises pour renforcer la prévention et la gestion des catastrophes. Des projets de prévention ont été lancés avec un investissement considérable dans des infrastructures visant à réduire les risques, tels que des systèmes de drainage pour prévenir les inondations.

De plus, un fonds de lutte contre les catastrophes naturelles a été créé pour financer les opérations de secours et de reconstruction. Le secteur des assurances a également joué un rôle crucial dans la gestion des risques sismiques. Renchérissant sur l’expérience marocaine, Bachir Baddou, Directeur général CAT assurance et réassurance et vice-président délégué de la Fédération marocaine de l'assurance (FMA), souligne l'importance de rendre l'assurance contre les catastrophes naturelles obligatoire pour garantir une large couverture. Cette approche a été renforcée par des contrôles stricts pour garantir le respect de cette obligation, assurant ainsi une participation étendue de la population. En réponse au séisme de 2023, les assureurs ont rapidement mobilisé des ressources pour évaluer les dégâts et fournir une assistance aux victimes.

Une coordination efficace entre les acteurs du secteur a permis de mettre en place des mesures d'urgence et de fournir un soutien financier aux populations affectées. Relevant l'importance de la prise de conscience collective et de l'engagement des autorités dans la gestion des risques sismiques, Nicolas Moinier, Régional Director International Products&Practices chez Gallagher Re, a mis en évidence le modèle de développement de transfert de risques publicprivé adopté par les trois pays, pour garantir une protection efficace contre les séismes. En Turquie, le marché de la réassurance a été désorganisé par un séisme qui n'était pas prévu par les modèles mathématiques habituels utilisés pour évaluer les risques.

Cette série de tremblements de terre sur trois semaines a provoqué un changement soudain dans la perception du besoin de couverture, entraînant une augmentation significative de la demande de réassurance de 3 à 4,5 milliards de dollars. Les réassureurs ont dû mobiliser des capitaux supplémentaires pour répondre à cette demande accrue. S’agissant du Maroc, bien que survenu dans une zone peu fréquente pour de tels événements, le sinistre était inclus dans les modèles, et les prix étaient déjà ajustés en conséquence. Le marché de l'assurance marocain présente une spécificité, avec un système paramétrique de fonds de solidarité (FSEC), qui a connu des ajustements tarifaires sévères pour assurer une couverture adéquate. L’expérience de Taïwan a été présentée comme un modèle d’adaptation.

Suite à un tremblement de terre dévastateur en 1999, le pays a pris conscience de ses lacunes en matière de protection et de prévention des risques sismiques. Il a mis en place un système public-privé de réassurance, un système d'alerte précoce pour les tremblements de terre, ainsi que des régulations renforcées. Par conséquent, les effets du récent séisme ont été atténués grâce à la résilience et à l'adaptation de la population taïwanaise, avec un bilan de pertes humaines considérablement plus faible que lors du séisme de 1999. Soulignant le rôle du Maroc en tant que modèle régional dans la préparation et la gestion des risques sismiques, Andreas Pollman, Responsable des activités de réassurance non-vie Moyen-Orient et Afrique du Nord de Munich Re, a clôturé le panel en rappelant l'importance de l'adaptation continue et de la prévoyance pour atténuer les effets des catastrophes naturelles. 

 

 

 

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