Les filiales des groupes étrangers au Maroc se démarquent.
Avant Label’Vie, la dernière opération remonte à 2019.
Par Y. Seddik
Outil incontournable de fidélisation, l’actionnariat salarié reste très peu plébiscité au Maroc. A travers ce dispositif, les chefs d’entreprise font associer leurs employés à la vie financière de l’entreprise et à ses résultats.
Ce mécanisme fait ainsi du salarié un actionnaire à long terme de la société, tout en permettant d’aligner les intérêts entre collaborateurs, actionnaires et dirigeants. L’actionnariat salarié peut être mis en place via plusieurs schémas (plan d’épargne, attribution gratuite d'actions de l'entreprise, stock options ou bons de souscription d’actions…). Ces différents schémas partagent deux points communs. D’un côté, les titres sont offerts aux salariés à des conditions préférentielles : soit à un prix décoté par rapport au prix du marché, soit au prix du marché avec une participation complémentaire de l’employeur (abondement). De l’autre, les titres acquis par les salariés sont bloqués pendant une certaine période pour favoriser la création de valeur à long terme.
Au Maroc, malgré ses multiples avantages, cette pratique est peu développée. Elle se limite aux grands groupes qui proposent ce mode d’épargne à leurs salariés, en leur réservant, le plus souvent, des augmentations de capital. Tout récemment, c’est le groupe Label’Vie qui a lancé une augmentation de capital réservée aux membres du personnel pour un montant de 180 MDH. Dans sa note d’information, l’entreprise explique que l’offre de participation des salariés éligibles dans son capital, s’inscrit principalement dans le cadre de la motivation du personnel et de l’amélioration de la compétitivité par l’adhésion des salariés au projet de développement du Groupe et par leur intéressement aux résultats. Elle participe également à la promotion de l’image sociale de Label’Vie auprès de son personnel par la possibilité offerte d’accéder au statut d’actionnaire et par l’octroi d’un financement pour l’acquisition des actions.
Parallèlement, l'introduction en Bourse d'une société est aussi l'occasion d'intéresser les dirigeants et salariés de l'entreprise à son développement. Sur les dernières années, les structurations d’IPO réalisées sur le marché prévoyaient dans la majorité des cas des types d’ordres dédiés exclusivement aux salariés de l’émetteur. Citons Marsa Maroc ou TotalEnergies Maroc pour les cas les plus récents. Ces tranches représentaient en moyenne environ 5% de la taille de l’opération et bénéficiaient généralement d’une décote par rapport au prix proposé au public. Toutefois, les dernières IPO sur le marché (Disty Technologies, TGG, Aradei Capital…) n’ont pas adressé directement ce type de souscripteurs.
Les filiales des groupes étrangers en tête
Au cours des dernières années, plusieurs groupes étrangers ayant des filiales au Maroc ont choisi de faire bénéficier leurs salariés marocains de plans d’épargne salariale, en leur ouvrant la possibilité de souscrire à des actions de la maisonmère.Sur les dix premiers mois de 2022, 10 groupes internationaux ont activé ce mode d’actionnariat. Il s’agit de Airbus, Veolia, Société Générale, L’Oréal, Vinci, TotalEnergies, Capgemini, AXA, Sanofi et Nexans.
Le nombre de ces offres varie, au cours des 10 dernières années, entre 8 à 10 par an, avec une certaine récurrence des émetteurs qui reviennent quasiment chaque année. Chez les émetteurs marocains et avant Label’Vie, la dernière opération remonte à 2019, quand BCP avait proposé une augmentation de capital par apport en numéraire réservée aux salariés du Crédit Populaire du Maroc d’un montant de 2,21 Mds de DH. Au final, ce mécanisme offre l’opportunité au salarié de se constituer une épargne progressive à des conditions avantageuses, en s’exposant à un actif qu’il connaît mieux que quiconque : l’action de son entreprise.