Semaine sous pression pour les trésoriers des banques avec l'Aid qui a creusé les besoins de liquidité.
A.H
Le déficit de liquidité bancaire moyen s’est significativement creusé cette semaine en augmentant de 11,7% pour dépasser les 142 Mds de dirhams. Une situation anticipée par les opérateurs et expliquée par la demande en cash récurrente à l'occasion de l’Aid Al-Adha. Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib a multiplié les initiatives pour limiter l'hémorragie et maintenir un équilibre sur le marché. D'abord, avec les avances à 7 jours qui ont augmenté de 5,2 Mds de dirhams en une semaine pour atteindre plus de 42 Mds de dirhams. Ensuite, côté grand public, en demandant au système bancaire de s'assurer de la disponibilité du cash dans les GAB pendant cette période. Le Trésor a, lui aussi, soulagé la pression sur les banques en augmentant ses placements. Selon les calculs de BKGR, l'encours quotidien maximal de ces placements a frôlé les 29 Mds de dirhams, rien que pour la séance du 11 juin.
Une situation de plus en plus chronique
La demande de cash au Maroc durant les deux dernières décennies s'est accentuée avec une croissance annuelle moyenne de la monnaie fiduciaire de l’ordre de 8%, selon une étude soutenue par Bank Al-Maghrib. Ce chiffre représente le double du taux de croissance moyen du PIB sur cette même période. L'hémorragie de cash est devenue chronique depuis la pandémie. Si les raisons évoquées sont nombreuses, l'inflation reste le principal moteur de ce cercle vicieux en réduisant la qualité et la quantité des dépôts bancaires, le citoyen faisant face à des dépenses de court terme de plus en plus importantes. Selon l'étude citée plus haut, l’incertitude liée à la crise du covid-19 a été à l’origine d’une hausse spectaculaire et brusque de la demande de cash en 2020 (+20%). Mais outre les besoins de consommation, la thésaurisation est également citée comme phénomène explicatif. Ainsi, la part des billets de 100 DH et de 200 DH détenue pour des motifs non transactionnels aurait progressé fortement depuis le début du millénaire et fluctuerait, selon les hypothèses retenues, entre 60% et 80% de leur valeur en 2021.
Pour les économistes de la Banque centrale notamment, il est nécessaire de poursuivre des actions réduisant les sphères closes de l’économie marocaine et les efforts d’inclusion financière et de bancarisation des populations pour maîtriser les niveaux de cash qui «échappent» sur des durées longues au radar des autorités. Mais aussi réduire ces pressions saisonnières comme celles observées à chaque Aid Al-Adha. La réduction du poids de la monnaie fiduciaire «informelle» passe également par l’encouragement des moyens de paiement digitaux, quitte à offrir davantage d’incitations pour les paiements électroniques (possibilité de réduction de frais pour les professionnels et les particuliers). La réduction du cash informel pourrait aussi potentiellement trouver appui dans l’émission d’une monnaie numérique de la Banque centrale (MNBC) inclusive qui remplirait l’essentiel des caractéristiques de la monnaie fiduciaire.