Malgré un premier trimestre qui s’achève dans le rouge, plusieurs facteurs laissent entrevoir une relance du marché actions au deuxième semestre 2023. Explications.
Par Y. Seddik
Confronté à des conditions économiques incertaines et des risques persistants, le marché actions a bouclé le premier trimestre par une performance négative (-3,07%). Capter une performance positive pour le restant de l’année s’avère-t-il une mission difficile pour les investisseurs ? «Depuis le début de l’année 2023, l’évolution négative de l’indice Masi reflète la prudence des opérateurs du marché à l’égard des retombées économiques d’un contexte macroéconomique inflationniste sur les sociétés cotées, ainsi que sur l’évolution du taux directeur et le coût de financement du Trésor», écrit Valoris Securities dans une récente note. Toutefois, estime le bureau de recherche, la récente sortie du Trésor à l’international incite à se demander si cette mesure pourrait indirectement soutenir l’indice Masi, malgré la récente hausse du taux directeur au mois de mars à 3%, et la persistance de l’inflation.
Pour y répondre, les analystes de Valoris Securities pensent que le sort du marché boursier en 2023 dépendrait de 3 principaux facteurs : premièrement, la situation budgétaire du Trésor, post-levée, ainsi que l’évolution de la courbe des taux, puis la persistance de l’inflation et des politiques Hawkish des Banques centrales pour limiter l’inflation. Et enfin, la capacité des sociétés cotées à assurer une bonne rémunération des actionnaires, malgré le contexte inflationniste.
«Suite à cette levée au T1-2023, le Trésor devrait bénéficier d’un allègement des tensions sur les taux lors des levées de la dette domestique, (..), dans un contexte inflationniste et de hausse du taux directeur. Ainsi, tenant compte aussi des rentrées des recettes fiscales à fin mars, la courbe des taux devrait se stabiliser au T2-2023, dans l’attente de plus de visibilité sur l’essor de l’inflation et des prochaines décisions de la Banque centrale», lit-on dans la note. En cas de stabilité de la courbe des taux, suivie d’un allègement de l’inflation, la montée de l’optimisme quant aux prochaines décisions de BAM devrait permettre un revirement des flux du marché obligataire vers le marché actions, qui entrainerait théoriquement une reprise du Masi au deuxième semestre 2023.
Inflation et taux directeur
L’inflation et les politiques monétaires sont un autre sujet qui préoccupe les investisseurs en Bourse. Le dernier Conseil de BAM 2023 a décidé de relever le taux directeur de 50 pts à 3% afin de prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation, en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. BAM prévoit une inflation en moyenne de 5,5% en 2023 après 6,6% en 2022, révisant ainsi à la hausse leurs dernières prévisions du mois de décembre 2022.
«Nous avons certaines raisons pour croire à un allègement du rythme d’évolution de l’inflation dans les mois à venir», relève Valoris, qui estime qu’«une transmission au Maroc de l’allègement des taux d’inflation à l’international est envisageable durant les prochains mois, compte tenu d’un effet de base, en plus de l’impact du fléchissement des prix du baril et d’une grande partie des matières premières».
Des rendements intéressants
Malgré la dégradation constatée des bénéfices, la situation financière de plusieurs sociétés cotées a permis d’assurer le maintien de la rétribution des actionnaires, voire même l’améliorer pour certains titres. «Ainsi, l’annonce des résultats de ces sociétés a entraîné une amélioration significative de l’intérêt à l’achat sur les titres de la place casablancaise, qui affichent désormais des rendements de dividendes intéressants compte tenu du fléchissement de leurs cours boursiers tout au long des dernières semaines», notent les analystes.
Dans cette configuration, certaines sociétés cotées affichent aujourd’hui des D/Y pour cette année plus intéressants que les rendements des BDT. En cas de maintien d’un rendement de dividende honorable sur le marché actions, en parallèle à des décisions de la Banque centrale de hausse des taux moins agressive qu’en 2022, un revirement des flux du marché obligataire vers le marché actions est attendu, qui entrainerait théoriquement une reprise sur le marché au 2ème semestre 2023. Ceci étant, la solidité de cette relance dépendrait des prochaines réalisations trimestrielles des sociétés cotées, en plus de la présence d’une confiance à l’égard d’un maintien des politiques de dividendes des sociétés cotées, malgré les contraintes économiques.