Si 5,8% du PIB sont consacrés au système d'éducation, seulement 0,3% sont destinés à la formation professionnelle continue.
Une réforme des Contrats Spéciaux de Formation s’impose pour déployer le secteur au sein des entreprises marocaines.
«Manager la formation dans l’entreprise, enjeux et démarches», tel était le thème du troisième petit déjeuner débat 2012 (PDD) organisé récemment par l’AFEM. Cette rencontre se veut une réponse à l’utilité de la formation chez un bon nombre de chefs d’entreprise. Quelle valeur ajoutée pour mon activité? Comment faire de la formation un levier incontournable de compétitivité et de performance? Quel financement pour la formation ?... une série de questions qui ne cesse de tarauder l'esprit du Patronat.
Étaient présents à cette rencontre, Karim Zaz, président de la commission formation professionnelle de la CGEM, Fatima Zahra Alami, professeur universitaire et Rachid Founoune, représentant de l’OFPPT. Chacun d’eux a apporté des éléments de réponses sur l’état des lieux, les enjeux majeurs et la valeur ajoutée de la formation au sein d’une société qui se meut dans un contexte très volatil.
Si le Maroc consacre 5,8% du PIB au système éducatif, il est à noter qu’uniquement 0,3% sont dédiés à la formation professionnelle financée elle-même par la taxe y afférente ( 1/3 environ).
D’après Karim Zaz, 20 millions de nos concitoyens sont sous-qualifiés ou sans qualification. Cette situation résulte essentiellement du mécanisme de la Formation en Cours d’Emploi qui est en panne. Il a également précisé que la formation initiale est à 80% dispensée en mode résidentiel déconnecté des réalités du monde du travail.
On ne cessera jamais de le répéter, les profils sur le marché de l’emploi ne correspondent pas aux besoins réels du marché du travail. Si les instituts de formation privée ou publique ne produisent pas réellement les profils dont ont besoin les entreprises, la formation continue peut combler ce manque puisque le marché est de plus en plus exigeant et dynamique. «La formation continue est l’un des piliers majeurs pour renforcer la compétitivité des entreprises sur le marché», tranche K. Zaz.
Fatima Zahra Alami a rappelé les enjeux majeurs de la formation aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise.
L’enquête réalisée en 2007 sur «l’ingénierie de formation au Maroc : État des lieux» révèle que sur les 160 entreprises enquêtées, la part moyenne en pourcentage du budget de la formation par rapport à la masse salariale ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 2% avec une tendance élevée des secteurs tertiaires ou de services tels que le commerce, les services, les banques et assurances.
Ceci montre que les entreprises marocaines sont frileuses quant aux pratiques de la formation continue et qu’elles ont encore un long chemin à parcourir.
CSF : des écueils à éviter…
Plusieurs facteurs et acteurs contribuent à freiner le développement de cette pratique au sein des entreprises marocaines. Parmi ces freins le volet financier, notamment pour les PME et TPE. En vue d’y remédier, l’Etat avait mis en place depuis 1996 un dispositif pour accompagner financièrement les entreprises dans l’implantation d’un programme de formation, les Contrats Spéciaux de Formation CSF).
Et malgré les avancées enregistrées, depuis leur lancement, l’impact reste très limité. Seulement 1.500 entreprises ont bénéficié de ce programme dont 70% du budget alloué ont profité à celles implantées à Casablanca.
D’après Karim Zaz, la Taxe de la Formation Professionnelle (1,6% de la masse salariale des entreprises privées et des établissements publics) représente aujourd’hui environ 1.100 MDH/ an et est destinée exclusivement à l’OFPPT. Le montant collecté de la TFP représente 90% de la masse salariale de l’OFPPT. Cependant depuis 2007, 30% de la TFP sont censés financer (par décret) la formation des salariés des entreprises.
Il faudra donc revoir la politique de financement, procéder en urgence à une réforme des Contrats spéciaux de Formation et rééquilibrer les écarts entre l’offre et la demande.
Aussi, les pouvoirs publics sont appelés à réfléchir sur des mesures fiscales incitatives à même d’encourager les entreprises à faire de la formation continue un levier de compétitivité.
Par L. Boumahrou