Spécialisée dans la boulangerie sans sucres ajoutés et sans produits chimiques, la startup marocaine Kojo fait de l’innovation sa clé de succès. Dans cette interview, Selma Berdaï, sa fondatrice et CEO, revient sur les principes de la marque ainsi que ses ambitions et évoque les défis auxquels font face les startups au Maroc.
Propos recueillis par M. Ait Ouaanna
Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous présenter Kojo et ce qui distingue votre marque sur le marché marocain ?
Selma Berdaï : Kojo est une marque marocaine de boulangerie fondée sur des convictions fortes: zéro sucres ajoutés, zéro additifs chimiques et l’utilisation du levain naturel. Ce qui nous distingue sur le marché, c’est notre capacité à allier innovation, goût et bien-être pour répondre aux attentes des consommateurs marocains. Nous nous différencions à plusieurs niveaux. D’abord, au niveau des produits, nous proposons un pain sain et accessible, conçu autour de valeurs fortes et d’une approche qui garantit à la fois qualité et bénéfices pour la santé. Ensuite, dans notre manière de communiquer, nous privilégions la transparence et la proximité avec nos consommateurs, en les éduquant sur l’impact de nos choix sur leur bien-être. Enfin, à travers notre démarche d’innovation, nous investissons en recherche et développement pour créer des solutions uniques qui marient goût, santé et accessibilité. A cet égard, j’ai l’intime conviction que l’innovation doit être au service des besoins réels du consommateur. La véritable création de valeur réside dans la capacité du produit à tenir nos engagements à 100%, sans jamais faire de compromis sur le goût. Notre dernière innovation, le pain à indice glycémique bas, incarne parfaitement notre vision. Avec un IG de 51,5, contre 70 à 90 pour un pain traditionnel, ce produit dépasse le simple «zéro sucres ajoutés». Il répond aux besoins de deux types de consommateurs : ceux qui cherchent une solution pratique pour consommer un pain tout en maîtrisant l’impact sur leur glycémie, et ceux qui ne mesurent pas encore pleinement les avantages d’un IG bas, mais qui peuvent ainsi découvrir une nouvelle façon d’allier plaisir et santé. Avec ce projet, nous réaffirmons l’ADN de Kojo : innover avec conviction pour offrir des produits qui améliorent la vie quotidienne.
F.N.H. : En tant que femme entrepreneure, quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face lors de la création et du développement de Kojo ?
S. B. : Le plus grand défi en tant qu'entrepreneure a été de trouver le point d’ancrage pour concrétiser ce projet. J’ai toujours été convaincue que des produits sains, accessibles au plus grand nombre, pouvaient dépasser la simple niche de consommation. Le véritable défi a été de concrétiser cette vision et de réussir à communiquer clairement autour de cette ambition. Sur le plan opérationnel, il a fallu relever le défi constant de maintenir des standards élevés de qualité pour nos produits, tout en répondant aux exigences de nos clients, notamment en matière de distribution. L’innovation a également été un défi central : il est essentiel de rester à l’écoute des besoins de nos consommateurs pour y répondre de manière juste et pertinente. Enfin, je n’identifie pas de difficultés particulières liées au fait d’être une femme. Bien au contraire, je suis fière d’entreprendre en tant que femme marocaine dans un secteur industriel où les femmes sont encore peu représentées.
F.N.H. : Kojo met en avant l’innovation et la santé. Selon vous, à quel point l’innovation est-elle essentielle pour la réussite des startups marocaines dans un marché compétitif ?
S. B. : L’innovation est cruciale pour la réussite des startups marocaines, notamment dans un marché de plus en plus compétitif. Dans ce contexte, se démarquer par des solutions adaptées aux besoins des consommateurs est essentiel. Que ce soit dans le B2C ou le B2B, offrir des produits ou services innovants est un levier clé. Plus les axes de différenciation sont clairs, plus ils renforcent les chances de succès dans un marché concurrentiel. L’innovation permet de se différencier et d’apporter de la valeur ajoutée, non seulement au consommateur, mais aussi à l’écosystème économique. Kojo en est un bon exemple : notre pain à faible indice glycémique est une réponse directe à des enjeux contemporains liés à la santé publique et à la consommation de sucre. Cette approche «Consumers first» est notre boussole pour innover et répondre aux attentes de nos consommateurs avec pertinence tout au long de la chaîne de valeur : de la création produit à sa communication. Notre campagne «Nebdaw Daba» illustre bien cette vision. Ce mouvement, qui va s’inscrire dans la durée, va au-delà du produit pour sensibiliser les Marocains à l’importance de faire des choix alimentaires plus sains. Nous utilisons des témoignages authentiques pour créer une véritable communauté autour de valeurs de santé, de responsabilité et de positivité.
F.N.H. : Le financement reste un obstacle majeur pour beaucoup de startups. Quelle a été votre expérience dans ce domaine, et quels types de soutien pourraient améliorer la situation ?
S. B. : Le financement demeure effectivement un obstacle majeur, surtout dans les premières étapes d’une startup. La difficulté d’accéder à des fonds suffisants pour transformer une idée innovante en produit commercialisable à grande échelle est un défi largement partagé. De nombreuses initiatives ont déjà été mises en place pour encourager les startups, et ces efforts doivent absolument continuer et être renforcés. En outre, il serait important de rendre plus accessibles ces aides, notamment en améliorant leur visibilité et en simplifiant la communication autour des dispositifs de financement disponibles. Je pense qu’il y a deux leviers importants à activer pour améliorer cette situation. Premièrement, le développement d’écosystèmes de financement adaptés, avec des fonds spécialisés pour les startups à impact social. Deuxièmement, il faut renforcer les programmes d’accompagnement et de mentorat pour aider les entrepreneurs à structurer leurs projets et à les rendre plus attractifs pour les investisseurs.
F.N.H. : Quelles sont vos ambitions pour Kojo dans les années à venir, notamment en termes d’expansion nationale et internationale ?
S. B. : Actuellement, Kojo est implantée au Maroc, et notre priorité est de rendre nos produits accessibles au plus grand nombre en élargissant notre présence à travers le pays. Nous souhaitons également continuer à sensibiliser le public à l'importance de faire des choix alimentaires sains au quotidien, en montrant qu'il est possible de savourer des produits délicieux tout en prenant soin de sa santé. Nous sommes particulièrement fiers de l'ancrage de Kojo au Maroc et de notre identité locale forte. Nous revisitons la panification en utilisant des graines ancestrales marocaines, comme le blé dur et l'orge, tout en respectant les normes locales et internationales de santé. Enfin, nous sommes convaincus qu'avec les moyens adéquats et de la persévérance, Kojo pourrait, avec ses engagements envers la qualité, atteindre de nouveaux marchés internationaux.