◆ Le Maroc peut réussir son programme de développement énergétique en ajustant l’actuelle stratégie.
◆ La part des énergies renouvelables dans le mix de production électrique peut atteindre 96% à l’horizon 2050.
Par C. Jaidani
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a lancé une étude sur la transition énergétique au Maroc. Il a, à cet effet, auditionné 63 personnes émanant de différents secteurs. Un webinaire a été organisé par cette institution regroupant différents intervenants et participants impliqués dans le secteur.
«Le secteur des énergies renouvelables est porteur. Il faut aller plus loin et plus vite à travers un partenariat privé-public. Si le coût de l’énergie baisse, il profitera essentiellement aux consommateurs et ouvrira de nouvelles perspectives dans d’autres domaines comme le dessalement de l’eau de mer et l’atténuation du stress hydrique dans le Royaume», souligne Ahmed Réda Chami, président du CESE.
Se référant à son passage à la tête du ministère de l’Industrie et du Commerce, le président du CESE a souligné que tous les opérateurs soulèvent le coût de l’énergie comme contrainte majeure pour leur activité. Présentant un exposé sur la situation énergétique nationale et les projections d’avenir, Abdallah Moutaki, secrétaire général de l’ONHYM et membre du CESE, a indiqué que «la facture énergétique nationale correspond à notre niveau de développement. Elle contribue toujours à l’alourdissement du déficit commercial et met sous pression le budget de l’Etat». Il a dévoilé quelques indicateurs qui marquent le secteur, comme la domination du diesel dans le transport (un carburant jugé polluant) et la faible présence de l’énergie hydroélectrique.
«Le Maroc peut être un leader dans le monde en matière de transition énergétique. A cet égard, trois scénarios se dégagent respectivement à l’horizon 2030, 2040 et 2050. Le premier scénario est celui de la continuité. Il table sur l’actuelle politique publique avec la même gouvernance et la même évolution du marché de l’énergie. Le deuxième, dit accéléré, vise à répondre à une demande de plus en plus importante tout en soutenant la mobilité durable à travers les véhicules verts (hybrides ou électriques), le butane ou d’autres domaines ayant un aspect écologique comme le dessalement de l’eau de mer. Le troisième scénario est encore plus ambitieux et vise à créer une industrie des énergies renouvelables intégrée», explique Mouttaki.
96% des mix électrique en 2050
Le rapport projette qu’à l’horizon de 2050, la part des énergies renouvelables devrait repasser à 96% du mix électrique national et sa part dans le mix énergétique global à 17%. Cet objectif permettra au Royaume d’économiser à cette date 74 milliards de DH, surtout que le coût du kilowatt/heure devrait passer de 0,79 DH à 0,44 DH, sans compter les effets tangibles sur la baisse des émissions polluantes.
Au niveau des hydrocarbures, le rapport souligne que la libéralisation du secteur a été mal préparée ainsi que les objectifs de l’efficacité énergétique. Le document note également que les entreprises opérant dans le secteur ont beaucoup de peine à trouver leur équilibre financier. Il est essentiel de redéfinir leur rôle et leur mode de fonctionnement. Il faut rappeler que la stratégie énergétique nationale table à l’horizon 2030 sur une part de 52% des énergies renouvelables.
«L’orientation de la stratégie nationale vise à agir au niveau de la production en développant le recours à l’énergie renouvelable, et au niveau de la demande en instaurant l’efficacité énergétique. Il faut assurer les mêmes besoins et rester compétitifs, notamment dans les secteurs les plus consommateurs d’énergie, à savoir le transport, l’industrie, le bâtiment, l’éclairage public ou l’agriculture», affirme Said Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE).
Pour sa part, Amina Benkhadra, Directrice générale de l’ONHYM, a formulé quelques observations sur la transition énergétique. «La stratégie nationale énergétique a induit quelques inflexions majeures. En 2009, lors du lancement, les cabinets internationaux étaient sceptiques, estimant que les coûts de production de l’électricité étaient à l’époque peu compétitifs. Mais, avec le temps, il y a eu un renversement de tendance et le Maroc a aujourd’hui une nette avancée dans le domaine. Le secteur a permis de créer tout un écosystème dédié», rapporte Benkhadra.