Une croissance des arrivées de 70% par rapport à la saison précédente. Un segment important, surtout que le touriste russe dépense 42% de plus en moyenne comparativement à son homologue européen.
Par C. Jaidani
Le tourisme marocain connaît ces derniers temps une dynamique exceptionnelle, marquée par des records successifs en matière d’arrivées, de nuitées et de recettes. Si les marchés traditionnels, notamment européens, continuent de jouer un rôle central dans cette performance, de nouveaux horizons émergent également. La Russie, par exemple, commence à s’imposer comme un marché prometteur pour la destination Maroc.
Le Royaume accueille, depuis cinq ans, près de 40.000 vacanciers russes par an. En 2024, le nombre de voyageurs a atteint 68.000, réalisant un bond de 70%. Cette performance, comme l’explique Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, est le fruit de différents facteurs, comme la campagne de communication et de promotion que mène le Royaume à destination de ce pays. L’Office national marocain du tourisme (ONMT) et le département de tutelle, en partenariat avec les opérateurs du secteur, ont conçu des programmes spécifiques pour séduire ce marché fort d’une population de 143 millions d’habitants.
Le Royaume participe annuellement au Salon international du voyage et du tourisme «Infomarket» à Moscou, qui regroupe 1.350 exposants. L’objectif est d’attirer 2 millions de touristes russes à l’horizon 2030, car la plupart d’entre eux ont des préférences pour des destinations concurrentes du Royaume comme la Turquie, la Tunisie ou l’Égypte. «Le Maroc possède tous les atouts pour séduire cette clientèle adepte des offres balnéaires. Certes, ce n’est qu’une niche comparativement aux marchés de l’Europe occidentale, mais elle présente toutefois d’énormes potentialités de développement. Elle permettra de diversifier géographiquement la clientèle du Royaume pour ne plus dépendre uniquement de certains marchés. Il serait utile que les professionnels du secteur conçoivent des offres sur-mesure qui répondent à leurs attentes, surtout en matière de loisir et d’animation».
Quant à leur intérêt pour le Maroc, Bouhoute note que «cela a commencé depuis la guerre en Ukraine. Les autorités russes conseillent à leurs citoyens d’emprunter des circuits sûrs et sécurisés et d’éviter les zones à risque pour qu’ils ne soient pas la cible d’hostilités ou de violences». Bouhoute poursuit que «ce marché est très important pour le secteur touristique national, car le voyageur russe dépense à l’étranger en moyenne 1.676 dollars, alors que son homologue européen ne dépasse pas 1.174 dollars». «Pour promouvoir davantage ce marché émetteur, il faut miser sur le transport aérien.
A cet égard, l’ONMT doit multiplier la signature des conventions avec les tour-opérateurs russes et les compagnies lowcost. De nouvelles dessertes aériennes doivent voir le jour reliant les grandes villes russes aux destinations marocaines les plus prisées comme Agadir, Marrakech et Essaouira», suggère Bouhoute. D’autres dispositions réglementaires et logistiques sont nécessaires pour accompagner l’essor des touristes russes au Maroc, comme la mise en place de signalétiques en langue russe dans les lieux de restauration et d’hébergement ainsi que la formation de guides russophones en quantité suffisante. Outre les offres balnéaires très recherchées par les voyageurs russes, le Royaume peut miser sur les produits à vocation culturelle pour séduire davantage de clients. A ce titre, les villes impériales ont un rôle important à jouer dans ce domaine.