◆ Face à la Covid-19, et pour ne pas mettre la clé sous la porte, plusieurs entreprises ont réorganisé leur appareil industriel afin de produire des masques, des respirateurs artificiels ou du gel hydroalcoolique et soutenir l'effort de l'État.

◆ Fatima-Zohra Alaoui, Directrice générale de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith), nous présente les projets du secteur pour l’après 10 juin.

Propos recueillis par C. Abounaim 

Finances News Hebdo : Quelles sont les grandes lignes du plan de relance du secteur ?

Fatima-Zohra Alaoui : Le plan de relance du sec- teur, qui a été construit en étroite concertation avec les industriels de notre secteur, porte sur 3 axes majeurs :

• Comment stimuler l'offre de notre secteur, que ce soit à destination de notre marché domestique ou à l'export. Les mesures proposées dans le cadre de ce premier axe visent principalement à renforcer les capacités financières de nos entreprises et leur compétitivité pour leur donner les moyens de réussir leur redémarrage à la sortie de cette crise

• Quelles mesures mettre en place pour stimuler la demande, qu'elle soit nationale ou internationale. Il s'agit de permettre à nos industriels de se réapproprier leur marché domestique jusque-là envahi par les importations déloyales d'une part, et d'autre part, de saisir les opportunités qui se présentent aujourd'hui à l'export en raison de la réorganisation des chaînes d'approvisionnement textile mondiales suite à la crise de la Covid-19.

Le troisième axe du plan de relance du secteur textile porte sur des propositions de mesures transverses à l'ensemble des composantes de notre industrie. Ces mesures vont du renforcement de l'intégration locale de la chaîne de production textile-habillement, à la mise en place de dispositifs de soutien à la restructuration des entreprises qui connaîtraient des difficultés pour passer le cap de l'après Covid-19, en passant par l'élaboration d'un statut fiscal et social parti- culier, type autoentrepreneur. Et ce, pour inciter les TPME informelles du secteur à intégrer le secteur formel, et réduire ainsi leur vulnérabilité face à des crises comme celles que nous traver- sons aujourd'hui.

F.N.H. : Quels sont les besoins de financement pour ce projet ?

F. Z. A. : Les besoins en financement des entreprises portent principalement sur leur fonds de roulement. En effet, nous sortons d'une période où la trésorerie de beaucoup d'entreprises a été mise à mal par le report, voire même l'annulation de leur carnet de commandes, et par la suspension ou le report des paiements par leurs clients en raison de la Covid-19. A ce titre, toutes les mesures qui viendraient à la fois renflouer, mais aussi soulager la pression sur la trésorerie des entreprises sont cruciales pour leur permettre de redémarrer leur activité dans de bonnes conditions. Parmi les mesures proposées par le plan de relance du secteur textile figure notamment la mise en place d'un mécanisme de prêt bancaire garanti par la CCG à un taux bonifié avec un différé d'amortissement d'une année et une période d'amortissement par la suite variable en fonction du besoin des entreprises.

F.N.H. : A la sortie de crise, comment voyez- vous l'évolution de la chaîne de valeur mondiale ? Et comment le Maroc peut-il se positionner face à la concurrence ?

F. Z. A. : Cette crise va indiscutablement chambouler la cartographie du sourcing mondial. L’une des premières conséquences que nous observons déjà chez nos clients européens, est une volonté claire de réduire la dépendance au sourcing asiatique en faveur d'un sourcing de proximité permettant plus de flexibilité, de réactivité, et une meilleure gestion des stocks. Les industriels de textile marocains disposent des atouts nécessaires pour apporter à leurs donneurs d'ordre les solutions et la valeur ajoutée qu'ils recherchent aujourd'hui. Ils ne manqueront pas de saisir les opportunités que la crise de la Covid-19 aura, au final, créé pour notre secteur. ◆