Soutien à la classe moyenne: beaucoup d’annonces, très peu de réalisations

Soutien à la classe moyenne: beaucoup d’annonces, très peu de réalisations

- Une priorité majeure pour le prochain gouvernement.

- Cette population a besoin de tout un package englobant des mesures à caractère fiscal, social ou administratif.
 

Par C. Jaidani
 

L’idée de soutenir et d’élargir la classe moyenne a été clairement affichée pour la première fois au niveau officiel lors du discours du Trône de 2008. Le Souverain avait, à l’époque, insisté sur l’urgence de donner à cette catégorie de la population marocaine la place qu’elle mérite et appelé l’Exécutif à «veiller à ce que toutes les politiques publiques soient stratégiquement vouées à son élargissement pour qu’elle devient le socle de l’édifice social, la base de la stabilité, et un puissant catalyseur de la production et de la créativité».

Depuis cette date, plusieurs gouvernements se sont succédé, beaucoup de projets et initiatives ont été annoncés sans pour autant prendre forme dans la réalité.

Le sujet a été relevé et débattu longuement par les académiciens, la société civile, les sociologues, les économistes et autres experts. Mais les propositions et les recommandations n’ont pas été prises en compte.

«En dépit de nombreuses réformes socioéconomiques, le système de répartition des richesses au Maroc présente toujours des limites. Dans le cadre du nouveau modèle de développement envisagé, la fiscalité a un rôle important à jouer pour drainer des ressources à l’Etat et réduire ainsi les inégalités sociales, régionales ou sectorielles», souligne Youssef Oubouali, professeur universitaire.

«La classe moyenne reste la plus active et la plus dynamique et elle est imposée le plus souvent à la source. En revanche, elle ne bénéficie pas à sa juste valeur du développement du pays. Ce schéma n’a plus raison d’exister. Il faut créer des mécanismes plus équitables pour réduire le déphasage entre les classes. Dans le cadre de son mandat, le prochain gouvernement devra se pencher serieusement sur cette question et lancer de véritables outils de promotion pour assurer la promotion de la classe moyenne, véritable locomotive de croissance du pays», explique Oubouali.

 

Des mesures de soutien public insuffisantes

Cette catégorie de personnes ne bénéficie que de très peu de mesures de soutien public. Au niveau de l’habitat, les formules lancées ont enregistré un échec cuisant. Le produit dédié exclusivement à cette population n’a eu ni l’intérêt des promoteurs ni séduit les acquéreurs. Plusieurs cibles concernées se ruent encore sur le logement social à 250.000 DH, qui est normalement destiné aux acheteurs à revenu limité ou irréguliers. Pour les autres secteurs, les dispositions prévues restent très timides voire inexistantes.

«Il faut s’inspirer des expériences pratiquées ou réussies dans plusieurs pays. A cet égard, il est préférable de lancer un package englobant des mesures de soutien à caractère fiscal, administratif et social au profit de la classe moyenne. La plupart des pères de familles de cette frange de la société scolarisent leurs enfants dans l’enseignement privé. Ils réalisent les soins et les consultations médicales également dans le privé. Par ces mesures, ils soulagent le budget de l’Etat au niveau des secteurs de l’enseignement et de la santé. Pourquoi ne pas prévoir des subventions directes à ce niveau pour les familles concernées», affirme Oubouali.

Il est à rappeler que dans sa dernière étude, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a mis en exergue «la pertinence de renforcer et d’élargir la classe moyenne au Maroc, qui sera un moyen pour hisser le niveau de croissance et d’assurer la stabilité politique». Il a relevé que le soutien à cette catégorie de personnes permettra de donner une nouvelle impulsion à des secteurs clés comme l’enseignement, la santé et l’habitat. La classe moyenne joue également un rôle essentiel dans le maintien de la viabilité des systèmes de protection sociale grâce aux cotisations et au paiement des impôts.

Enfin, il est utile de noter que la présence d’une classe moyenne forte sera un levier majeur pour le financement des investissements. De plus, elle promeut l’adoption d’une bonne gouvernance dans la gestion et l’amélioration des services publics.

 

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