Les travaux du 1er Sommet académique arabe sur l'eau se sont ouverts, mardi 5 mars à Rabat, sous le thème «Culture et héritage». Cet événement de grande envergure a pour objectif de trouver des solutions qui prennent en compte la riche histoire arabe dans la gestion de l'eau, tout en y intégrant les avancées de la recherche scientifique moderne.
Par M. Boukhari
Organisé par la Faculté des sciences de Rabat et la Fondation miftah essaâd pour le capital immatériel du Maroc, en partenariat avec l'Union pour la Méditerranée (UpM) et l'Association ambassade de l'Eau, ce conclave international réunit pendant trois jours d’éminentes personnalités politiques et scientifiques, nationales et internationales.
S’exprimant à cette occasion, Charifa Lalla Badr-Saoud Al Alaoui, présidente de la Fondation miftah essaâd pour le capital immatériel du Maroc, a affirmé que l'organisation de ce conclave traduit une prise de conscience accrue de la question de l'eau, fortement impactée par les changements climatiques. Elle a ainsi relevé que le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 s'inscrit dans le prolongement de la politique des barrages savamment mise en place sous l'impulsion de feu Hassan II. Mais aussi dans la continuité des initiatives actuelles, dont l'autoroute de l’eau entre les bassins de Sebou et de Bouregreg.
De son côté, le doyen de la Faculté des sciences de Rabat, Mohamed Regragui, a mis en avant la nécessité d’une nouvelle approche gestion eau reposant notamment sur la promotion du rôle des établissements de l’enseignement supérieur dans le développement de nouvelles formations et de recherche. En outre, il a mis en garde contre les problèmes liés à la pollution de l'eau, tout en plaidant pour une planification stratégique et une mise en place de programmes ambitieux à long terme. Et ce, avec un cadre juridique et institutionnel adéquat, conformément aux hautes orientations royales prônant une politique d’eau proactive et préventive.
Lors de son intervention en marge d’une conférence plénière sur la gouvernance de l’eau dans un contexte de rareté structurelle, Mohamed Tawfik Mouline, Directeur général de l'Institut royal des études stratégiques (IRES), est revenu sur un ensemble de principes directeurs nécessaires à la modernisation de la gouvernance globale de l’eau. Il estime qu’il est primordial de renforcer les institutions existantes et les rendre autonomes et responsables, en sus de capitaliser sur les acquis et combler les lacunes et les défaillances.
Selon lui, il est également question d’améliorer la coordination entre les différents acteurs et harmoniser les cadres législatifs. Le DG de l’IRES juge également nécessaire d’avoir des politiques claires et transparentes en termes d’objectifs, de moyens octroyés, de normes de qualité et de veiller à leur application. Il s’agit aussi de promouvoir l’audit de la gouvernance de l’eau et prévoir des chambres de l’eau au niveau de l’organisation juridictionnelle des pays arabes. Et Mohamed Tawfik Mouline de préciser que «deux autres mesures cruciales doivent figurer dans les priorités des gouvernements arabes».
Il s’agit d’accroître les capacités de suivi et d’évaluation à la fois de l’offre et de la demande en eau et recourir à des mécanismes de gestion de crise. De plus, il faut faire de l’adaptation aux changements climatiques un élément majeur de la politique de l’eau et adopter une approche de type Nexus (eau, alimentation, énergie, écosystème). Notons que ce Sommet académique a été précédé la veille d'un «Pré-sommet jeunesse arabe», qui constitue une plateforme spéciale pour les jeunes, afin de discuter des enjeux de l'eau, et dont les recommandations seront présentées lors du Sommet.