◆ Le ministère se penche sur une stratégie post-Covid-19 pour améliorer le système de santé national.
◆ Une loi nationale de santé publique sera élaborée.
◆ Une feuille de route conjointe avec le secteur privé est aussi prévue.
Par Y. Seddik
Il est indéniable que le système de santé marocain a dépassé, haut la main, la rude épreuve de la pandémie de la Covid-19. Avec des moyens limités et beaucoup de lacunes, les hôpitaux s’en sont sorti sans trop de dégâts.
Aujourd’hui, la tutelle est convaincue de l’urgence de la réforme du système dont elle avait déjà commencé à dessiner les contours avant la propagation de la pandémie.
Devant les parlementaires lundi dernier, Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé, a déclaré que «le système de santé au Maroc ne sera pas le même après la pandémie, et prendra en compte les hautes directives royales, les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et les recommandations des différentes institutions constitutionnelles».
Il a expliqué que son département a élaboré un programme intégré visant à relancer les activités de santé après la maîtrise de la pandémie, pour notamment répondre aux besoins de la population.
Les principaux axes de la stratégie
Plusieurs lignes ont été définies comme prioritaires. Il s’agit tout d’abord du rétablissement de la confiance des citoyens dans le système de santé. Puis, pour combler les lacunes constatées en matière d’organisation de l’offre des soins dans certaines régions, le ministère préparera un programme sanitaire régional. Il s’agira parallèlement de renforcer la base des bénéficiaires de la couverture médicale pour concerner plus de 90% de la population en 2021, tout en assurant un accès équitable aux services de santé pour tous les citoyens.
Le ministère veut également renforcer l’action du programme national pour améliorer la santé maternelle, néonatale et infantile pour en faire «une priorité nationale stratégique».
Enfin, le point central de la stratégie concerne l’élaboration et l’adoption d’une loi nationale de santé publique.
Front uni avec le secteur privé
Dans la lutte contre la pandémie de la Covid19, le secteur de santé privé a été plus ou moins actif. «Le front uni et les efforts communs démontrés durant cette crise prouvent que le secteur de la santé est un tout indivisible, qu’il s’agisse de la médecine civile ou militaire, des secteurs public et privé», a tenu à préciser le ministre.
Ait Taleb a jugé nécessaire de consolider cette action commune et de resserrer les rangs pour gérer les contraintes au développement du système de santé national. Ceci afin de répondre aux aspirations des citoyens et leur garantir «un accès fluide aux soins».
Le ministre a, dans ce sens, insisté sur la mise au point d’une feuille de route conjointe mettant à contribution les moyens dont disposent les deux pôles pour parvenir à «une justice sanitaire territoriale effective en termes de prestations et de soins, qui serait à même de permettre à tous les Marocains de jouir de ce droit constitutionnel, sans trop de difficultés et sans avoir à parcourir de longues distances».
Lors d’un webinaire, le président de l'Association nationale des cliniques privées, Rédouane Semlali, a d’ailleurs plaidé pour un partenariat privé-public et pour une revalorisation du secteur public. Pour lui, les cliniques privées ont accusé de grandes pertes non seulement à cause de la limitation des déplacements, mais aussi en raison de la pénurie de matériel, de produits et d’équipements.