La pyramide des âges devrait se stabiliser à la base et s’élargir davantage vers le haut. Le niveau de l’urbanisation continuera sa croissance, générant de nouveaux défis à relever par le pays.
Par C. Jaidani
Dans quelques mois, le Maroc va lancer un recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), 7ème du genre de l’histoire du Royaume. A la différence des précédentes opérations, celle de 2024 adoptera un nouveau mode opératoire en matière de collecte, d’exploitation et de diffusion de données auprès des ménages. Les nouvelles technologies seront déployées massivement pour plus d’efficacité et de célérité dans le traitement des informations.
Les données recueillies devraient servir aux pouvoirs publics et aux acteurs économiques et sociaux pour établir leurs planifications. «Le Maroc est entré dans une nouvelle phase de développement marquée notamment par la diversification de son économie et aussi des changements au niveau de sa structure sociale. Des efforts louables sont fournis pour réduire les inégalités sociales et régionales. Pour donner les effets escomptés, les différentes projections que le Royaume lancera doivent se baser sur des données détaillées, précises et fiables», indique Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’Université Hassan II de Casablanca.
Il poursuit que «l’utilisation des nouvelles technologies dans ce recensement sera d’une grande utilité, surtout en matière de traitement des données et de leurs analyses. Que ce soit d’ordre national, régional ou local, elles permettront à coup sûr d’établir de nouvelles stratégies, particulièrement au niveau sectoriel». En effet, le Maroc a de nombreux défis à relever au niveau de l’enseignement, de la santé, de l’emploi et de l’habitat, sans oublier le développement des activités à caractère économique comme les nouveaux métiers du Royaume.
«A cause d’un mauvais diagnostic ou d’informations biaisées, une projection ne peut atteindre totalement ses objectifs. Le prochain recensement devrait donner une idée sur l’évolution de la population et les interactions pouvant exister avec le développement», explique Amrani. Il faut dire que le RGPH 2024 devrait confirmer l’accentuation de la transition démographique que connait depuis des années le Maroc. Elle est marquée par l’évolution de l’urbanisation, la hausse de l’espérance de vie et la baisse de la fécondité.
«L’essor de l’urbanisation et le vieillissement de la population sont un événement inévitable. Ils ont marqué tous les pays développés, étant accentués par des conditions de vie meilleures, notamment au niveau de l’hygiène et de la santé. Le Maroc a connu une transition démographique rapide. Dans le dernier recensement, le taux de fécondité était situé autour de 2,2%. Dans le prochain RGPH, il devrait connaître une baisse à cause de plusieurs raisons, dont la hausse de l’âge moyen du mariage, l’utilisation à grande échelle des moyens de contraception et aussi la prise de conscience de la planification familiale. Le Royaume a atteint le seuil limite de renouvellement de sa population. La pyramide des âges devrait évoluer lentement en bas et croître plus rapidement en haut. La population active aura un nombre insuffisant pour financer les retraites des seniors. Dans les prochaines décennies, certains secteurs comme l’agriculture seront confrontés à une pénurie de main-d’œuvre qu’il va falloir combler soit par la mécanisation à outrance, soit par l’immigration», conclut Mohamed Amrani.
Fortement attendus, les résultats du RGPH 2024 serviront de base pour le Royaume pour renouveler son nouveau plan de développement. Le pays affiche de nombreux retards particulièrement au niveau du développement humain qu’il doit rattraper. Il est 120ème au niveau mondial et le dernier du classement des pays d’Afrique du Nord.