Restrictions sanitaires - Relance économique : Où placer le curseur ?

Restrictions sanitaires - Relance économique : Où placer le curseur ?

Dans l’étape actuelle, la priorité absolue est la relance économique.

Mais les mesures restrictives prises pour résorber la propagation du coronavirus sapent toute velléité de reprise.

 

Par D. William

 

Libérer les énergies. Stimuler l’activité économique. Bref, assurer une vraie relance pour redonner du souffle à une économie nationale moribonde, qui ne respire qu’à la faveur de la «générosité» du Comité de veille économique. C’est, en gros, sous ce prisme qu’il faut appréhender le discours prononcé par le Roi, vendredi, à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 5ème année législative de la 10ème législature.

Si, en effet, le Souverain a insisté sur la nécessité de «préserver la santé et la sécurité des citoyens», son discours avait, également et surtout, une coloration économique très prononcée. Résumée en cette phrase  : «(…) Nous plaçons le plan de relance économique en tête des priorités de l’étape actuelle». 

Raison pour laquelle, justement, un mécanisme central, qui touche tous les secteurs productifs, a été mis en place. Il s’agit du Fonds d’investissement stratégique, baptisé «Fonds Mohammed VI pour l’investissement», qui est désormais le socle sur lequel s’appuiera la relance économique tant attendue.

Doté de 15 Mds de DH provenant du budget de l’Etat, «il interviendra pour doter les secteurs productifs du soutien nécessaire et pour financer et accompagner les grands projets envisagés, dans le cadre de partenariats public-privé», a fait savoir le Roi. Restructuration industrielle, innovation, petites et moyennes entreprises, infrastructures, agriculture, tourisme…, ce fonds ratisse large.

L’agriculture, une priorité

Le plan de relance économique devra accorder une attention particulière à l’agriculture et au développement rural. Avec deux années successives de sécheresse qui ont plombé les saisons agricoles et une crise sanitaire inédite en 2020, le monde rural est en effet en souffrance, avec pour conséquence des pertes d’emploi et de revenus importantes.

Rappelons que, selon les données du haut-commissariat au Plan, 477.000 emplois agricoles ont été perdus au second trimestre, sous l’effet du confinement. Et l’économie nationale, très dépendante de l’agriculture, en pâtit. La valeur ajoutée des activités agricoles devrait ainsi poursuivre son repli au rythme de -5,8% durant ce quatrième trimestre, en variation annuelle, amputant la croissance économique globale de 0,7 point, selon le HCP. C’est pourquoi le Roi a préconisé «d’accélérer la mise en œuvre de tous les projets agricoles».

Dans ce cadre, il sera procédé à la mobilisation d’un million d’hectares de terres agricoles collectives au profit des investisseurs et des ayants droit.  «Le volume des investissements attendus dans le cadre de ce projet est estimé à environ 38 milliards de dirhams à moyen terme.  Cet effort d’investissement permettra de générer une valeur ajoutée représentant annuellement l’équivalent de deux points supplémentaires de PIB environ», indique le Souverain.

Mais la Covid-19 est là

Ces initiatives permettront-elles cependant de mettre rapidement l’économie sur les rails, quand on sait notamment qu’il faudra composer avec la Covid-19 ? Juguler la propagation du coronavirus tout en relançant l’économie, c’est l’épineuse équation qu’affrontent aujourd’hui pratiquement tous les gouvernants de ce monde.

Qui, pour la plupart, ne savent pas où mettre le curseur. Depuis le déconfinement annoncé, le gouvernement marocain est confronté à cette problématique. Confinements localisés, bouclage de quartier et restrictions de déplacement… s’accommodent mal, en réalité, d’une véritable reprise de l’activité économique.

A moins d’opérer un profond changement de paradigme en matière de politique de santé publique, l’activité économique continuera à tourner au ralenti tant que la Covid-19 ne disparaîtra pas. Ce qui contraindra le Comité de veille économique à continuer à jouer au sapeur-pompier en soutenant les entreprises marocaines.

D’ailleurs, le 5 octobre, il a lancé une nouvelle formule de «Damane Relance» dénommée «Damane Relance Promotion Immobilière», pour accompagner les entreprises de promotion immobilière, et a conclu deux contrats-programmes pour la relance des secteurs de l’évènementiel et des traiteurs ainsi que des parcs d’attractions et de jeux.

Jusqu’à présent, plus de 20.000 entreprises ont bénéficié des prêts garantis par l’État, pour un montant total d’environ 26,1 Mds de DH. Mais l’Etat n’a pas un budget élastique et ne peut soutenir indéfiniment les entreprises qui, plus que jamais, ont besoin de visibilité et d’avoir une activité normale. Ce que ne leur permet pas les mesures restrictives successives qui paralysent l’économie nationale.

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