La Commission financement, assurance et veille de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) a organisé le 4 juin 2020 une visioconférence sous le thème : «Comment gérer vos risques à l’export suite au Covid-19 pour une reprise prudente et efficace de vos activités à l’international ? ».
Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre des actions d’accompagnement et de sensibilisation des membres de l’ASMEX afin de mieux gérer cette période de crise et assurer une reprise efficace de leurs activités à l’international, a permis de revenir sur des axes importants tels que :
Baisse à deux chiffres des exportations
Saïd Maghraoui, directeur de la protection et de réglementation commerciale au ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et numérique, a d’emblée dressé un état des lieux de l’impact de la pandémie Covid-19 sur le commerce extérieur national, mettant en évidence une baisse alarmante comprise, selon les filières, entre 13% et 32% par rapport à l’année dernière.
Il a également rappelé que plusieurs instruments sont déjà mis en place par le Comité de veille économique afin d’atténuer les dégâts causés par la pandémie. D’autres mesures sont en train d’être étudiées et seront annoncées incessamment dans le projet de la Loi de Finances rectificative.
Les débats et interventions qui ont suivi, ont permis de montrer que la reprise et le décollage des exportations post-Covid-19 dépendent essentiellement de deux facteurs, à savoir l’évolution de la pandémie dans le monde et particulièrement les marchés cibles, et les politiques de relance appliquées par les pays pour soutenir leurs économies.
3 risques à suivre
En terme de risques liés à l’export, trois points ont été soulevés en priorité :
• Le risque lié à la demande : le consommateur européen est fortement impacté par le chômage et la baisse des revenus, donc la demande ne va pas vite décoller à l’exception des produits de première nécessité.
• Le risque lié au redressement judiciaire : la plupart des entreprises étrangères se sont retrouvées dans une situation délicate caractérisée par la difficulté de paiement, chose qui va se traduire par la réduction du volume des commandes chez leurs fournisseurs marocains.
• Le risque de protectionnisme : il est d’ordre politique et se traduit par le fait que chaque pays tend à valoriser ses produits locaux au détriment des produits étrangers.
Par ailleurs, les intervenants ont invité les exportateurs marocains à être prudents dans le choix de leurs clients étrangers en cette période de crise.
Dans ce sens «une panoplie de solutions Data sont mises à la disposition des entreprises afin d’avoir des informations pertinentes sur le comportement de leurs clients et partenaires potentiels en matière de solvabilité, de retard de paiement, de scoring…», affirme Amine Diouri, directeur études et services à valeur ajoutée chez Inforisk D&B.
Mesures de soutien
Pour sa part, Wahb Bouarif, directeur du Centre d’affaires Casablanca de la CCG, a réaffirmé l’engagement de la Caisse auprès des exportateurs marocains, et ce via un ensemble de mesures telles que «Damane Oxygène» et l’accompagnement des banques dans le report des échéances des entreprises. Il a également annoncé que la CCG prépare un nouveau produit intitulé «Damane Relance» qui sera opérationnel dans les prochains jours.
Les banques ne sont pas en reste dans cette mobilisation générale auprès du tissu productif national. Leila Chorfi, responsable commerce extérieur au sein de Bank of Africa-BMCE Group, a affirmé qu’outre l’application des mesures initiées par la CCG, les banques ont innové en matière de dématérialisation des opérations des entreprises que ce soit au niveau national ou international.
«La réactivité dans le déblocage de certaines contraintes administratives en relation avec la fermeture des frontières en plus du fait de fournir aux entreprises les réserves en devises ont été des priorités en cette période de crise», a-t-elle soutenu.
A noter également que les risques de change ont été suivis de près par l’Office des Changes qui a accordé des dérogations pour le paiement en anticipation et des dotations exceptionnelles aux exportateurs en difficulté en termes de rapatriement des produits.
Plusieurs plateformes en ligne dédiées aux demandes des autorisations ont été mises en place par l’Office en plus d’un bureau d’ordre virtuel et des options de télédéclaration en cours de lancement. L’Office des changes a aussi reporté le délai de la déclaration à fin juin au lieu de fin avril.