◆ La relance économique plombée par l’incertitude et la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
◆ Plusieurs pistes évoquées pour stimuler la consommation nationale.
Par B. Chaou
Le Maroc se trouve aujourd’hui dans l’obligation d’amorcer la consommation nationale afin d’espérer relancer son économie. Toutefois, il est difficile, dans un contexte d’incertitude économique et de baisse du pouvoir d’achat des ménages, d’imaginer une reprise rapide de la consommation interne.
Selon Fouzi Mourji, professeur et docteur en économie à l’Université Hassan II de Casablanca, «ces deux points sont en effet à prendre en compte dans la dimension de relance de la consommation interne. C’est pour cela qu’il faut que l’Etat s’investisse davantage pour proposer des leviers de relance. Par exemple, pour soutenir la demande du tourisme, au lieu d’octroyer des aides directes aux hôtels, l’Etat pourrait offrir des chèques vacances à hauteur de 40%, ce qui encouragerait les ménages à voyager et de la sorte à pouvoir consommer d’autres biens et services en parallèle».
De même, selon une récente étude de l’institut Amadeus, intitulée «Adapatation, innovation, agilité, créativité et efficacité : Les 5 piliers de le relance et de la construction du modèle de développement national post Covid-19», il serait opportun d’encourager les citoyens marocains, à travers de fortes incitations, à consommer les produits nationaux afin de stimuler la demande en produits locaux et la pérenniser même au-delà de la conjoncture actuelle.
Car, au regard de la rupture des chaînes d’approvisionnement, la crise actuelle présente une opportunité pour l’essor de la production locale qui peut venir alimenter le marché national. Amadeus estime aussi «qu’une intervention de l’Etat au niveau de la consommation intérieure serait un accélérateur majeur du développement de l’économie locale». Ainsi, des subventions étatiques ciblées, directes ou indirectes, et des incitations fiscales liées aux produits locaux (à la production comme à l’achat) semblent nécessaires, selon l’Institut, afin de les rendre plus accessibles aux consommateurs marocains.
Stimuler la commande publique
La commande publique est également un prérequis indispensable à la relance. Selon Amadeus, «elle doit être considérée comme un levier d’investissement optimisé et efficace». Justement, dans le «Pacte pour la relance économique et l’emploi», un montant de 45 Mds de DH est affecté à un fonds d’investissement stratégique où l’Etat est partie prenante.
«D’après ce pacte, ce fonds agira directement dans des projets considérés comme étant du capital-risque, et faisant appel à des partenariats public-privé. Il s’agit de projets d’infrastructures et à court terme; leurs effets seront la création d’emplois à l’occasion des travaux initiés pour leurs réalisations et encourager la consommation dans les branches directement ou indirectement concernées», nous explique Fouzi Mourji. Toutefois, le défi serait de bien cibler les projets et les activités créatrices d’emplois, à forte valeur ajoutée, et ayant un impact indirect sur d’autres secteurs d’activités.