Bourse & Finances

Tous les articles

Accès au crédit : la moitié des PME marocaines restent à l’écart du système bancaire

Accès au crédit : la moitié des PME marocaines restent à l’écart du système bancaire

Malgré leur poids économique décisif, les petites et moyennes entreprises marocaines continuent de faire face à d’importants obstacles en matière d’accès au financement.

C’est ce que révèle la dernière enquête conjointe de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de l’Union européenne, menée auprès de 150 dirigeants de PME dans le cadre du Trade & Competitiveness Programme (TCP).

Des acteurs essentiels, mais financièrement fragiles

Les PME et TPE représentent près de 93 % du tissu entrepreneurial marocain, contribuant fortement à la création de richesse et d’emplois. Pourtant, pour une PME sur deux, l’accès au crédit formel demeure un parcours semé d’embûches.

Selon les résultats de l’étude, 49 % des dirigeants interrogés déclarent avoir bénéficié d’un prêt formel auprès d’une banque ou d’un établissement financier. En revanche, 35 % reconnaissent avoir eu recours à un prêt informel, souvent auprès de proches ou de relations personnelles. Un mode de financement jugé risqué et peu durable, révélateur d’un système bancaire encore difficilement accessible aux plus petites structures.

À noter également que 15 % des PME se sont vues refuser un prêt bancaire, tandis qu’à peine 1 % des entreprises interrogées affirment n’avoir jamais sollicité de financement, qu’il soit formel ou informel. Ces chiffres traduisent la forte dépendance du tissu entrepreneurial vis-à-vis du crédit, quel qu’en soit le canal.

Des conditions bancaires jugées dissuasives

Les principaux freins identifiés par les entreprises marocaines demeurent financiers et administratifs :

57 % dénoncent des taux d’intérêt ou commissions trop élevés,

53 % pointent la complexité des procédures bancaires,

50 % estiment que les garanties exigées sont trop lourdes,

et 26 % évoquent des fonds propres insuffisants pour accéder au crédit.

Les dirigeants soulignent également un manque d’accompagnement et de pédagogie de la part des banques : 27 % citent un déficit d’assistance dans les démarches administratives, tandis que 26 % regrettent le manque d’information sur les dispositifs existants.

« Même avec des opportunités solides à l’international, obtenir un crédit reste un défi. Les conditions sont rarement adaptées à la réalité des PME. On nous demande des garanties que nous ne pouvons pas fournir, et les taux sont souvent trop élevés », témoigne un entrepreneur marocain interrogé dans l’enquête.

Le financement, clé de la compétitivité et de l’export

Le lien entre accès au financement et capacité à exporter apparaît clairement dans les conclusions du rapport : plus d’un tiers des dirigeants estiment que le manque de financement freine directement leurs ambitions à l’international.

Près de 40 % des PME interrogées exportent déjà, mais à une échelle limitée, faute de liquidités suffisantes pour se structurer et se conformer aux normes des marchés étrangers. Le financement reste donc un levier crucial de montée en gamme et de diversification commerciale.

Le Trade & Competitiveness Programme, un levier stratégique

Pour répondre à ces défis, la Banque européenne d’investissement et l’Union européenne misent sur le Trade & Competitiveness Programme (TCP). Ce dispositif vise à renforcer la compétitivité des PME marocaines, notamment celles actives dans des chaînes de valeur exportatrices stratégiques telles que le textile, l’agroalimentaire et l’automobile.

Le TCP met à disposition des banques marocaines des mécanismes de garantie partagée, réduisant leur exposition au risque et facilitant ainsi l’octroi de prêts aux petites entreprises. Il propose également des taux préférentiels, un allègement des exigences de garantie, et un accompagnement technique pour les institutions financières locales.

Dans ce cadre, la BEI a récemment signé un accord de partenariat avec la Banque Centrale Populaire (BCP) pour développer une ligne de crédit spécifique destinée aux PME exportatrices, soutenant ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.

Une étude pour orienter les politiques publiques

Réalisée en mai 2025 par l’institut de sondage Potloc, l’enquête de la BEI et de l’UE repose sur un échantillon représentatif de 150 dirigeants de PME marocaines. L’objectif : identifier les contraintes concrètes rencontrées par les entreprises et adapter les solutions financières à leur réalité économique.

En toile de fond, la démarche s’inscrit dans une logique de coopération euro-marocaine renforcée, cherchant à stimuler la productivité et la résilience du secteur privé national, tout en soutenant l’emploi et l’innovation.

La BEI, un partenaire historique du Maroc

Partenaire de longue date du Royaume, la Banque européenne d’investissement accompagne le Maroc depuis plus de 40 ans dans la mise en œuvre de projets structurants dans des secteurs tels que l’agriculture, l’eau, l’énergie, l’éducation, la santé ou les transports.

À travers sa branche BEI Monde, elle renforce aujourd’hui son action dans le financement du développement et la coopération internationale, en étroite collaboration avec les institutions marocaines et les acteurs privés locaux.

En bref. Indicateur clé 

PME ayant accès à un crédit formel : 49 %

PME recourant à un financement informel : 35 %

PME ayant essuyé un refus de prêt : 15 %

Taux d’intérêt ou commissions jugés trop élevés : 57 %

PME freinées dans leurs exportations faute de financement : +33 %

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 16 Octobre 2025

Sahara marocain : réalisme politique et économique

Jeudi 16 Octobre 2025

Vacances scolaires : ADM appelle à la vigilance face au trafic dense sur les autoroutes

Jeudi 16 Octobre 2025

CNSS : entrée en vigueur du nouvel arrêté sur l’assiette des cotisations sociales

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux