Relancer l’économie, cette rude épreuve qui nous attend

Relancer l’économie, cette rude épreuve qui nous attend

Le secteur industriel marocain sera grandement impacté, car la majeure partie des exportations à destination de l’Europe sont liés aux secteurs automobile et aéronautique qui sont fortement malmenés par la crise. Des experts explorent les pistes à privilégier pour relancer l’économie.



Par B. Chaou

 

Il est certain que l’économie marocaine ne sortira pas indemne de l’impact de la crise sanitaire. La quasi-totalité des secteurs sont en difficulté, et les dégâts sur l’économie sont déjà bien visibles. Se pose donc aujourd’hui la question des mesures à adopter afin d’amortir l’impact de la crise et permettre aux entreprises d’encaisser le coup et de se préparer au mieux à l’après confinement.

La réflexion sur la stratégie à adopter est déjà bien engagée dans les milieux économiques, et le débat se multiplient. Dernier en date, le webinar organisé tout récemment par la Chambre de Commerce Britannique au Maroc (CCBM).  Il a été question notamment d’évaluer les perspectives de l’économie marocaine et d’identifier les différentes pistes de relance.

La sortie de crise sera lente

Sortir du « gouffre » ne sera pas chose facile pour le tissu économique marocain à l’aune de sa dépendance de l’économie européenne. «La sortie de crise ne sera pas rapide car notre économie est fortement attachée à celle de l’Europe occidentale», prévient Hakim Marrakchi, Vice-président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Plusieurs secteurs « clés », fers de lance de l’économie marocaine, subissent de plein fouet la crise des pays du Vieux Continent, partenaires économiques historiques du Royaume.

C'est le cas du secteur automobile, véritable locomotive de l’industrie nationale depuis plusieurs années maintenant. «Le secteur industriel marocain sera grandement impacté, car la majeur partie de nos exportations à destination de l’Europe sont liés aux secteurs automobile et aéronautique qui sont fortement malmenés par la crise. Et du fait aussi que la reprise en Europe sera très lente dans ces deux secteurs qui étaient déjà fragilisés avant la pandémie», estime Hakim Marrakchi. Quant au tourisme, qui représente 11 % du PIB nationale, il connaîtra lui aussi de «très grandes difficultés, même après la reprise, car les normes d’accès aux vols durant les voyages risquent d’être redéfinis», souligne l’industriel. 

Revoir les accords de libres échanges

L’autre problématique à régler en priorité est celle liée réserves en devises, dont les sources subissent un tarissement dangereux. Selon les intervenants, il faudra faire face à cette situation en revoyant nos accords de libres échanges. D’après Marrakchi, « Il faut revisiter les accords avec la Turquie, les pays du Quad et avec les pays arabes, ces économies sont concurrentes à la notre. Cela a provoqué la délocalisation de nombreuses industries auparavant au Maroc et depuis nous importons de ces pays et y exportons très peu. Ce n’est pas le cas avec l’Union Européenne qui a une économie complémentaire à la notre et qui est notre premier marché d’exportation

Le Vice-président de la CGEM a également soulevé que la crise va tout de même bénéficier à certains secteurs comme l’alimentation, le digital, et la santé, qu’il faudra encourager pour soutenir l’économie nationale.

Pour de nouveaux canaux de financements

Par ailleurs, Rachid Achachi, Docteur en sciences économiques, intervenant au débat,  n’a pas manqué de pointer du doigt les difficultés d’accès aux financements. Il préconise pour cela la méthode dure : « Il est impératif de contourner la banque comme étant un canal ultime de financement. Il faut l’orienter vers d’autres canaux compétitifs. L’une des solutions  c’est le financement de l’économie directement par la Banque Centrale via un canal spécifique. Il faut que dorénavant l’objectif de BAM soit le financement du développement économique du Maroc, et non seulement un contrôle des prix », estime-t-il.

Il suggère également que cette crise sanitaire n’a fait que dévoiler les déficiences économiques qui existaient avant la crise, et qui ne font que s’accentuer.  «Nous avions déjà les ingrédients d’une crise mais qui étaient maquiller par l’endettement». Cette crise ne fait que dévoiler les faiblesses structurelles du pays, entre autres le manque de compétitivité des entreprises marocaines, ou encore l’accès difficile au financement. Selon le chercheur, «il faut repenser notre économie et  adopter une nouvelle stratégie plus axées sur le développement d’un modèle plus inclusif».

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