Pommes de terre: une filière pénalisée sur toute la chaîne de valeur

Pommes de terre: une filière pénalisée sur toute la chaîne de valeur

Les prix s’inscrivent dans un trend haussier.

L’activité présente de nombreuses limites liées à la production, au conditionnement et à la distribution.

 

Par C. Jaidani

La pomme de terre figure parmi les légumes les plus consommés dans le monde et au Maroc. Au cours de l’hiver dernier, elle a atteint des prix record, poussant l’Exécutif à restreindre les exportations pour alimenter le marché local. Cette disposition a concerné également d’autres produits, particulièrement l’oignon et la tomate. Actuellement, les prix continuent d’évoluer à la hausse. La pomme de terre, qui était commercialisée dans une fourchette entre 4 et 6 DH/kg, est proposée à 8 - 10 DH/kg.

Pour différentes raisons, la filière a connu une fluctuation du rendement, et ce malgré l’intérêt porté par les investisseurs. Comme les autres activités agricoles, elle dépend de la sécheresse même si elle est quasiment cultivée dans les zones irriguées. Cela a contraint le gouvernement à lui prêter cette année une attention particulière, à travers la subvention des plants et l’accompagnement des agriculteurs dans leurs projets. Généralement, l’activité est pratiquée dans de petites et moyennes exploitations comprises entre 0,5 et 3 hectares. Le total de la superficie dédiée culmine à plus de 60.000 hectares, soit 25% des cultures maraîchères.

Selon les saisons, la production évolue entre 1,7 million à 2 millions de tonnes/an. Géographiquement, la filière est concentrée essentiellement dans les plaines atlantiques, car le climat est favorable et les ressources hydriques assez suffisantes. Elle est également cultivée dans les zones intérieures, notamment les périmètres irrigués d’Al Haouz, de Tadla et de Fès-Saiss. Bien que l’activité ait connu une nette évolution, elle demeure pénalisée par différentes contraintes tant au niveau de la production, du conditionnement, du stockage que de la distribution. «Vu l’étroitesse des parcelles dédiées à la pomme de terre, la plupart des exploitants utilisent des techniques basiques pour la préparation du sol, des semis et des récoltes. Le matériel moderne étant trop cher, il est donc préconisé pour les grandes exploitations. Eparpillés, ces exploitants ne peuvent pas se constituer en coopératives ou associations pour acheter les équipements de pointe et réaliser des économies d’échelle pour l’achat des intrants», affirme M’hamed Médiouni, un exploitant dans la région de Oulad Ziane.

«Outre la hausse sans cesse des coûts de production pénalisant les marges, les agriculteurs sont confrontés aussi à des difficultés de commercialisation de leurs produits par la présence d’un nombre important d’intermédiaires», poursuit-il. L’activité est également impactée par la faible utilisation des plants certifiés et le manque de diversification de variétés. Elle reste aussi dépendante des importations de semences, notamment celle à forte aptitude de valorisation. Les principales variétés utilisées au Maroc sont Nicola, Speunta, Desirée, Timate et Roseval et Diamant.

«La filière présente un fort potentiel de développement tant pour le marché local qu’à l’international. A l’export, les produits marocains sont très appréciés et de nouveaux marchés sont investis, notamment en Afrique subsaharienne. Sur un autre registre, l’activité est une niche intéressante pour l’industrie agroalimentaire. Elle présente des opportunités intéressantes qui sont peu exploitées. Le Maroc peut se positionner comme acteur régional de taille», souligne Abderrahim Mouhajir, conseiller agricole. Il relève que la filière demeure pénalisée par différentes contraintes qui limitent son essor, comme la faiblesse des unités frigorifiques. «Ces infrastructures permettent de mieux conserver les produits, réduire le taux de déperdition et conserver la qualité des produits. Cela devrait mieux réguler le marché afin d’éviter les fortes fluctuations des prix, tout en assurant l’intérêt des producteurs et des consommateurs», conclut Mouhajir. 

 

 

 

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