Politiques sociales : Pourquoi il faut une cartographie des travailleurs de l’informel

Politiques sociales : Pourquoi il faut une cartographie des travailleurs de l’informel  : Pourquoi il faut une cartographie des travailleurs de l’informel

Gros pourvoyeur d’emplois, l’informel engendre des pertes colossales en matière de recettes fiscales pour l’Etat.

Répertorier ce secteur faciliterait sa régulation.

 

Par B. Chaou

 

Le secteur de l’informel a toujours été une grande problématique pour l’économie nationale, du fait de son large plan d’activités échappant à la régulation de l’Etat et marqué par une précarité ainsi qu’une vulnérabilité sociale de ses travailleurs. Aujourd’hui, il devient primordial, à l’aune des difficultés engendrées par la crise actuelle, de cartographier pour ensuite structurer ce marché. Car, en effet, d’un point de vue social déjà, répertorier le secteur de l’informel serait en faveur du projet national de généralisation de la couverture sociale, suite au discours du Roi à l’occasion du 21ème anniversaire de son accession au Trône.

Un ciblage qui serait déjà facilité grâce à l’aide octroyé par l’Etat lors de la période du confinement. Selon Idriss El Houari, docteur en économie à l’université de Hassan 2 de Casablanca, «afin de contrer l’impact de la crise sur les travailleurs de l’informel, les autorités se sont retrouvées dans l’urgence d’élaborer des méthodes d’intervention, dont une aide débloquée pour soutenir les ménages durant la crise à travers une plateforme en ligne. Ce système a aussi facilité, pour la première fois, une vaste cartographie du secteur informel au Maroc». «Cependant, il faut bien noter que cette solution présentée était dans un cadre particulier, et qu’une action plus approfondie et bien étudiée visant un ciblage des acteurs de l’informel est indispensable dans une optique d’élargissement de la couverture sociale», poursuit-il.

Un marché colossal

Cette cartographie de l’informel aurait également des retombées positives sur le développement de l’économie nationale. En effet, par sa nature, l’informel engendre des pertes colossales en matière de recettes fiscales pour l’Etat en évitant la taxation sur des produits ou même des services ne respectant, dans la majorité des cas, les règles du marché. Selon les données de l’institut Amadeus, l’économie informelle emploie plus de 2,4 millions de citoyens et génère un chiffre d’affaires dépassant les 410 milliards de dirhams, représentant ainsi à elle seule près de 35% du PIB national.

La crise de la Covid-19 a également soulevé le poids de ce secteur et de ses composantes qui demeurent très difficilement évaluées. En effet, les 2,4 millions d’acteurs de l’informel en arrêt de travail se sont ajoutés aux 1,9 million de chômeurs liés à l’arrêt des activités de l’économie. Au total, le Maroc se rapprocherait d’un nombre théorique de 3.4 millions de chômeurs enregistrés lors de la période de confinement et les semaines qui s’en sont suivies, au moment où le ministre des Finances a annoncé que près 4,3 millions de ménages issus du secteur informel ont bénéficié des aides du Fonds spécial Covid-19.

Selon un récent rapport de l’Institut Amadeus, «ceci démontre la différence colossale entre l’informel théorique constaté par les différents outils statistiques et l’informel réel mis en exergue par cette opération de distribution d’aides mensuelles aux ménages touchés par la perte d’activité».

Ainsi, un ciblage de cette catégorie de travailleurs permettrait la mise en place de moyens nécessaires à son inclusion au sein de l’activité économique régulée. Répertorier les travailleurs de l’informel aurait aussi pour vocation de faciliter la tâche à l’Etat pour l’implémentation de toute politique sociale en leur faveur.

 

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