Plusieurs politiques et programmes visant à améliorer l’accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi ont été déployés au Maroc. Cependant, malgré les efforts fournis, des défis persistent et nécessitent des mesures supplémentaires afin de garantir une vie décente pour tous les Marocains.
Par M. Ait Ouaanna
Généralisation de la protection sociale et de l’enseignement préscolaire, école de qualité pour tous, promotion de l'employabilité des jeunes, etc. Depuis ces dernières années, le Maroc accorde, par le biais des diverses politiques publiques mises en place, une importance considérable au renforcement des fondements d’un Etat social. Lequel est désormais une priorité nationale qui implique de nombreux changements aux niveaux économique et social, et ce dans l’optique d’améliorer les conditions de vie de la population marocaine. «L’Etat social inclusif est un État soucieux des attentes des citoyens, notamment en matière de protection sociale, de santé, d’éducation et d’emploi», a souligné le ministre de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa. Ce dernier intervenait lors d’un panel intitulé «un État social visionnaire aux politiques publiques efficientes», tenu vendredi 21 juillet 2023 à Casablanca, dans le cadre de la 6ème édition du Morocco Today Forum (MTF), organisé par le groupe Le Matin.
Ayant présidé la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement (NMD), Chakib Benmoussa a précisé que «dans le cadre du NMD, l’accent a été mis sur la dimension sociale à travers des filets sociaux qui devraient être mis en place et sur la capacité de développement des acteurs». Le ministre a dans ce sens indiqué que cela a été considéré comme un levier pour répondre à des situations d’inégalité sociale et territoriale et pour créer de la valeur, et afin de s’assurer que celle-ci est équitablement répartie entre l’ensemble des citoyens». Par ailleurs, Benmoussa a fait savoir qu'en vertu de la mise en œuvre de la feuille de route 2022-2026, le ministère de l’Education nationale s’est très fortement inspiré de la démarche et de la méthode prévue par le NMD.
«Une démarche de co-construction, qui met en avant la mesure de l’impact sur les élèves, et s’appuie sur l’expérimentation et sur les données probantes afin de s’assurer de la soutenabilité et vérifier que les solutions prévues permettent d’être généralisées au niveau du territoire national et concernent l’ensemble des couches sociales», a-t-il précisé. Pour sa part, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, a indiqué que «la capacitation des individus figure parmi les leviers majeurs de l’Etat social afin qu'ils soient immunisés contre toutes les dérives». Dans ce cadre, le ministre a assuré que le rôle de l’université ne peut être résumé dans le diplôme pour permettre l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi. Ainsi, il a mis l'accent sur la nécessité d’offrir aux jeunes une expérience de vie, des soft skills ou power skills pour qu’ils puissent développer davantage de résilience et d’adaptabilité.
Intervenant également à cette occasion, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a fait savoir que l’Etat social s’appuie sur quatre axes. Il s’agit de la protection, du soutien, du bien-être et de la justice sociale. Dans ce sens, le ministre explique que le bienêtre consiste à offrir à chaque citoyen, le maximum de possibilités et les conditions nécessaires pour pouvoir aller au bout de son potentiel. En vue d’atteindre cet objectif, Mezzour relève qu’il est indispensable de se doter d’un système éducatif qui assure l’égalité des chances et d’un système de formation performant et diversifié, qui permet à chacun de se retrouver, d’avoir des opportunités d’emploi et d’être autonome et résilient par rapport aux accidents de la vie. Dans le même ordre d’idées, Ryad Mezzour a précisé que les stratégies et les politiques prises au Maroc ne sont pas mises en place pour faire plaisir aux entreprises, mais elles sont un moyen pour offrir des opportunités aux Marocains. «A la faveur du travail monstrueux accompli durant les 20 dernières années, le Royaume connaît un décollage économique et industriel qui a permis d’asseoir de réelles conditions d’émergence, avec des infrastructures de classe mondiale et un système éducatif qui, malgré les critiques, surperforme encore et toujours le système économique», a-t-il souligné. De son côté, Lahcen Haddad, parlementaire, économiste et expert international, a pointé du doigt un manque de convergence des politiques publiques marocaines.
«Certes, ce qu’on fait au Maroc en termes d’investissement dans le social est colossal, mais il existe pas mal de carences en termes de gouvernance, de convergence et de prise de décision». Et de poursuivre : «La convergence est le parent pauvre des politiques publiques au Maroc. La première cause de ce manque de convergence est que l’organisation des pouvoirs de décision est verticale et beaucoup plus centralisée. Deuxièmement, la programmation budgétaire et au niveau des finances publiques se fait par activité et non pas par programme. Troisièmement, la coordination qui se fait au niveau territorial par les walis et gouverneurs s’appuie toujours sur le fait que la prise de décision au niveau local ne se fait pas. Quatrièmement, la gouvernance est éparpillée, c'est-à-dire que la détermination du rôle de chacun au niveau territorial est éparpillée entre les élus, les autorités locales, les services extérieurs, etc.». Afin de remédier à cette situation, l’expert souligne l’importance de la déconcentration et de refaire la mouture des finances publiques afin que le budget de l’Etat soit beaucoup plus axé sur la programmation.