L’année dernière, la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, qui constitue la première phase du Plan national de l’eau 2020-2050, a dû être renforcée par un programme d'urgence de près de 3 milliards de DH.
Objectif : compenser le déficit hydrique causé par certains bassins hydrographiques à cause de la sècheresse
Par A. Diouf
Ça se corse pour la mise en œuvre de la première phase du Plan national de l’eau (PNE), qui a démarré en 2020. Les sécheresses devenues récurrentes sous l’effet du changement climatique sont venues s’ajouter à la rareté et à la complexité de la gestion de cette denrée vitale. En effet, durant la saison agricole 2021-2022, les pluies étaient tellement rares que le taux de remplissage des barrages se situait à une moyenne de 34%, avec un volume de 5,3 milliards de m³, pour une capacité totale des barrages de plus de 19 milliards de m³.
Selon Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, qui s’était plusieurs fois exprimé sur le sujet, «cette situation est due aux changements climatiques et à la baisse des précipitations, d'une part, et au retard dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l'eau, d'autre part». À Saïdia, par exemple, le projet de construction d'une station de dessalement d'eau de mer en 2018 pour assurer la desserte en eau des populations de Nador, Driouch et Saïdia n’a pas été achevé à temps.
3 milliards de DH pour un plan d’urgence
Pour rattraper le retard des différents projets hydriques lancés et compenser le déficit hydrique d’un grand nombre de bassins hydrographiques, un programme d'urgence de près de 3 milliards de DH a été lancé. Il a doté le bassin de la Moulouya d’un budget de 1,3 Md de DH pour exploiter toutes les ressources en eau mobilisables, par l'exploration de nouvelles nappes phréatiques ou le lancement d'un programme de dessalement de l'eau à Nador. Ceci sans oublier la réalisation de 11 nouveaux barrages collinaires. Ce programme d’urgence a également permis de compenser le déficit relevé au niveau du bassin du Tensift, où le taux de remplissage de ses barrages ne dépassait pas 34%, à travers la mobilisation de 20 millions de m³ à partir d'un barrage pour assurer l'approvisionnement en eau de Marrakech.
C’est également dans ce cadre que le lancement du grand projet de dessalement d'eau de mer de Casablanca, qui porte sur un volume de 300 millions de m³, a été opéré. Au programme, figuraient aussi la réalisation de barrages collinaires dans le bassin d'Oum Er Rbia et la mise au point d’un système de gestion intégrée de la nappe phréatique dans la région agricole de Berrechid. Enfin, Nizar Baraka avait également annoncé la construction de 120 barrages collinaires à l’horizon 2024, en complément à ce programme d’urgence, qui a été lancé pour relancer le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 sur de bonnes bases. Rappelons que ce programme vise l’accélération des investissements dans le secteur de l’eau pour renforcer l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation ainsi que la résilience de notre pays face aux aléas et dérèglements climatiques.
600 millions de DH /an pour des petits barrages jusqu’en 2027
Evalué à 115.4 Mds de DH, le PNAEPI repose sur 5 axes, notamment le développement de l’offre en eau, la gestion de la demande et la valorisation de l’eau, le renforcement de l’approvisionnement en eau en milieu rural, la réutilisation des eaux usées et la communication & sensibilisation. Pour développer l’offre, il préconise d’activer cinq leviers. Premièrement, la poursuite de la construction des grands barrages avec l’achèvement des travaux de construction des barrages en cours et le lancement des travaux de 20 nouveaux barrages, pour porter la capacité de stockage à 27,3 milliards de m3. Deuxièmement, la mise en place de 3 nouvelles stations de dessalement d’eau de mer. Troisièmement, la construction de petits barrages pour le développement local en y consacrant une enveloppe budgétaire annuelle de 600 millions de dirhams.
Quatrièmement, la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable à travers le renforcement et la réalisation des équipements et des adductions nécessaires à partir des ouvrages de mobilisation de l’eau. Et cinquièmement, la prospection et le dégagement des ressources en eau souterraine pour le renforcement de l’approvisionnement en eau potable, l’abreuvement du cheptel et l’irrigation. Pour renforcer l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, le PNAEPI préconise de poursuivre la mise en œuvre des programmes déjà engagés pour 160 centres et 10.818 douars, et de mettre en place des programmes complémentaires pour 659 centres et 7.876 douars. Autre exemple : pour la gestion de la demande et la valorisation de l’eau, il est prévu de poursuivre les efforts des opérateurs de distribution d’eau potable pour l’amélioration des rendements des réseaux de distribution des villes et centres urbains; de renforcer la modernisation des réseaux d’irrigation et de reconversion collective à l’irrigation localisée; et de réaliser l’aménagement hydroagricole des périmètres irrigués, notamment des plaines du Gharb et du Saïss. A signaler que le pilotage et le suivi dudit programme sont assurés par un comité de pilotage, un comité technique et des comités régionaux.