«Nous craignons que le pire soit à venir»

«Nous craignons que le pire soit à venir»

150.000 emplois sont menacés dans le secteur de l’événementiel.

Il a fallu vivre en confinement pour voir les webinaires se multiplier.

Entretien avec Aziz Bouslamti, président du Groupement professionnel des prestataires de l’événementiel au Maroc.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

 

Finances News Hebdo : Quelles sont les répercussions de la crise Covid-19 sur votre activité ?

Aziz Bouslamti : Sans aucune ambigüité et sans détour, le secteur de l’événementiel est à l’arrêt depuis début mars. Ce sont donc des milliers de personnes qui sont au chômage. Les opérateurs du secteur font de leur mieux pour maintenir les salaires, mais pour combien de temps. Nous craignons que le pire soit à venir, car l’année 2020 sera quasi-chômée et nous ne sommes pas très optimistes pour 2021.

L’analyse que nous avons élaborée afin de développer le plan de relance de l’écosystème de l’industrie de l’événementiel (EIE) annonce une baisse de +70% du CA de 2020 par rapport à 2019, en prenant en considération ce qui a été réalisé en janvier et février.

 

F.N.H. : Vous avez sollicité une intervention du gouvernement. Quelles sont les grandes lignes de vos doléances ?

A. B. : Effectivement, nous avons adressé le plan de relance de l’EIE au chef du gouvernement, à différents ministères et aux grands donneurs d’ordre publics et privés, afin de leur signifier nos attentes et l’importance de leur contribution effective au déploiement de notre plan de relance.

Le Groupement professionnel des prestataires de l’événementiel au Maroc (GPPEM) a particulièrement mis l’accent sur l’importance du soutien du ministère du Commerce et de l’Industrie, que nous considérons comme notre administration de tutelle. Je vous précise que notre plan de relance ne peut être déployé sans l’implication directe et profonde du gouvernement.

Ainsi, nous demandons au gouvernement de considérer à sa juste valeur notre plan de relance dans le développement du plan de relance économique national. Ceci est primordial si nous voulons sauver l’EIE. Le plan de relance du GPPEM comporte une hypothèse décisive qui est le maintien de la commande publique, vitale pour la survie de l’EIE, et pour éviter les faillites d’entreprises et la perte de près de 150 mille emplois.

Il comporte aussi 5 leviers : la commande publique, la communication et la promotion, le sanitaire, le fisc et le social, et enfin le bancaire. Ces leviers se basent sur des mesures qui devront nous éviter le pire et ainsi sauver les entreprises et les emplois qui font vivre des milliers de familles.

 

F.N.H. : Dans votre dernière sortie médiatique, vous avez cité la commande publique comme levier pour redresser la situation. Quelles sont vos attentes à ce niveau ?

A. B. : La commande publique est le principal facteur qui a donné vie à l’écosystème de l’industrie de l’événementiel au Maroc depuis plus de 25 ans. Lequel représente aujourd’hui une partie non négligeable du capital immatériel national. Il faut donc le préserver. Et la commande publique doit être maintenue pour que l’EIE survive à cette crise. Maintenant, nous sommes conscients qu’elle n’aura pas la même dimension qu’elle avait avant le Covid19.

Les grands donneurs d’ordre, principalement les publics, doivent donc maintenir une partie, nonnégligeable, de cette commande afin de sauver l’EIE. L’organisation d’événements dépend aujourd’hui de la levée de l’Etat d’urgence.

Néanmoins, nous pouvons envisager l’organisation d’événements digitaux, et les possibilités sont nombreuses. Concernant les événements conventionnels, nous pouvons les envisager selon des conditions sanitaires strictes à établir en étroite collaboration avec les autorités compétentes.

 

F.N.H. : Quels sont les enseignements tirés de cette crise afin de les déployer après la Covid-19 ?

A. B. : Tout d’abord, cette crise nous a enseigné l’importance de la préparation en amont de scénarii de crise et de plans d’actions, afin d’anticiper l’impact d’une pandémie aussi grave que celle du Covid-19. Ensuite, nous avons compris qu’il était primordial de sortir des sentiers battus, non seulement par obligation mais aussi par choix. Dans certains pays développés, les événements digitaux existent en masse depuis quelques années déjà.

Chez nous, il a fallu vivre en confinement pour voir les webinaires se multiplier. Nous sommes dans un comportement de survie et non de changement voulu et maîtrisé. C’est ce comportement que nous devons vite revoir. La crise aura un impact contrôlé sur l’écosystème de l’industrie de l’événementiel, si le soutien du gouvernement en général, et celui du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l'Economie verte et numérique en particulier, sont effectifs et apportés dans les plus brefs délais.

Néanmoins, je reste convaincu que le Maroc, sous la conduite avertie de notre Roi et avec l’engagement de toutes ses composantes, a la capacité de rebondir vite et dans les meilleures conditions, surtout que les autorités compétentes sont à l’écoute des doléances de chaque secteur

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