CAN 2025 - Mondial 2030 : des catalyseurs pour le développement du football national

CAN 2025 - Mondial 2030 : des catalyseurs pour le développement du football national

La CAN 2025 et le Mondial 2030 représentent une opportunité pour le Royaume de consolider sa position sur l’échiquier du football mondial.

On se rappelle tous de l’aura engendrée par la performance des Lions de l’Atlas lors du Mondial qatari en 2022. Sous les feux des projecteurs, l’équipe nationale a fait l’objet de recherches plus de 100 millions de fois sur Google en décembre 2022. Cet engouement a valorisé l’image du Maroc, quand bien même son exploit a été réalisé hors de ses bases. Imaginons maintenant l’impact que pourrait avoir cet événement organisé sur ses propres terres ! Au-delà de l’impact sportif, ces deux événements majeurs promettent de transformer profondément le paysage du football marocain, à commencer par les équipes nationales, les ligues régionales, mais aussi le système de formation des jeunes joueurs.

Une montée en force des équipes marocaines

La visibilité internationale accrue que génèreront ces compétitions permettra au Onze national de se faire connaître davantage à l’international. Hicham Ramram, journaliste sportif et consultant, souligne que cet engouement mondial renforcera la position du Maroc dans le paysage sportif, attirant ainsi de nouveaux sponsors. «Les performances de l’équipe nationale s’amélioreront, soutenues par les revenus générés par ces événements, qui pourront être réinvestis dans le développement de l’infrastructure et des programmes de formation et de développement pour les joueurs. Il faut souligner que la formation continue est le nerf de la guerre, c’est l’élément principal de toute réussite. Il est impératif d’affûter le savoir-faire du joueur et de son encadreur. Ce processus de développement devrait contribuer à une montée en puissance des équipes marocaines», souligne-t-il.

L’une des conséquences les plus significatives réside dans les investissements massifs dans les infrastructures sportives. De nouveaux terrains, équipements et programmes de développement seront mis en place, afin de contribuer à la formation des jeunes. «Les centres de formation profiteront directement de ces investissements, favorisant ainsi l’émergence de jeunes talents», explique Hicham Ramram. Cette dynamique permettra de solidifier les bases du football marocain à long terme. Selon l’expert, la Botola Pro élite 1 devrait également bénéficier d’une dynamique nouvelle. «Cela pourrait attirer de nouveaux investisseurs et améliorer la qualité des matchs, d’autant qu’elle profitera de la réhabilitation des stades et de toutes les infrastructures dédiées à la pratique du football.  Une dynamique sportive sans précédent marquera cette ère du changement que l’on pourrait qualifier d’évolution-révolution. En matière de budget, le projet de Loi de Finances 2025 prévoit près de 20 milliards de dirhams pour développer le chantier d’infrastructure footballistique. C’est un chiffre qui en dit long sur l’engagement du Maroc en matière d’investissements d’envergure».

Grâce à des stades modernisés et des infrastructures de classe mondiale, les ligues régionales disposeront d’un écosystème renforcé, propice à l’émergence de nouveaux talents et à l’amélioration de la compétitivité du football marocain. Cette évolution permettra de dépasser l’amateurisme et de tourner la page d’une époque où la suprématie se limitait à seulement 4 ou 5 équipes. En effet, de nombreux clubs font face à de graves difficultés : dettes accumulées, ressources insuffisantes pour recruter des joueurs de qualité et une priorité qui se résume souvent à éviter la descente en division inférieure, plutôt qu’à dynamiser le championnat et cultiver un véritable esprit de compétition.

Les centres régionaux : Un pilier indispensable

Les centres régionaux jouent un rôle prépondérant en matière de structure du football marocain. Un constat que nous confirme Khalid Doumou, économiste et vice-président de Kénitra athlétic club (KAC) : «ces événements vont donner un véritable coup de pouce au sport national, et en particulier au football. La généralisation de ces centres partout au Maroc est indispensable pour développer ce secteur». Cependant, Doumou insiste sur la privatisation des clubs, qui reste un must pour le football national, et alerte sur les limites des moyens publics pour gérer cette transformation. «L’État central et les municipalités ne disposent ni des capacités techniques ni des ressources financières nécessaires pour générer les revenus indispensables à la pérennisation de nos infrastructures sportives. L’introduction de mécanismes de financement innovants, tels que le lease-back ou le private equity dans l’économie du sport pourrait fournir les ressources nécessaires pour dynamiser notre système de formation et améliorer la qualité des spectacles sportifs, tant au niveau national qu’international.» Dans ce même ordre d’idées, Doumou plaide pour une stratégie de duplication des succès déjà existants.

«Le Maroc bénéficie d’un immense vivier de jeunes talents, susceptibles d’être valorisés à l’échelle internationale. Cependant, pour concrétiser ce potentiel, il est essentiel d’adopter un modèle éprouvé, comme celui développé avec l’Académie Mohammed VI et le Complexe Mohammed VI, qui accueillent les différentes équipes nationales de football. Pour transformer le football marocain en une véritable industrie exportatrice, il est impératif de répliquer ce modèle dans les différentes régions du Royaume», précise-t-il.

Un impact économique multisectoriel 

Outre les bénéfices pour le football, ces compétitions internationales auront des répercussions économiques. Elles généreront des milliers d’emplois dans des secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration et les transports. Le tourisme sportif, déjà en plein essor, recevra un coup de fouet grâce à l’afflux de visiteurs durant ces événements. L’image du Maroc à l’échelle internationale sera mise en avant, ouvrant des perspectives de retombées positives sur d’autres secteurs économiques. Hicham Ramram attire l’attention sur l’aspect culturel et touristique que joue l’organisation de ces évènements et leur impact sur le développement du pays.

«La participation au Mondial du Qatar a suscité un grand intérêt en faveur du Maroc. Aujourd’hui, grâce à l’organisation de ces évènements de portée continentale et mondiale, le Maroc va faire une promotion grandiose à travers le sport. Avec deux mois de compétitions, les touristes vont devoir affluer en masse. Pour les novices, ils vont découvrir le Maroc, sa culture et ses traditions. Le Royaume regorge de potentialités à travers son savoir-faire ancestral. Vous avez des marques déposées comme le caftan, le tagine, le thé, ou encore les villes impériales au passé glorieux. L’histoire du Maroc et sa culture constitueront une plateforme et seront fortement représentées. Tout cela va booster le tourisme national et exporter une image positive du Maroc». Et d’ajouter  : «Les Lions de l’Atlas drainent davantage de passionnés du ballon rond. Les Marocains sont devenus plus sensibles. Avant, les parents optaient pour les études, actuellement, ils sont plus ouverts et acceptent que leurs enfants intègrent des académies de football, en combinant sports et études. Devenir un Bounou ou un Amrabat est désormais possible. Les mentalités changent, on aborde le football avec une approche différente. La prouesse des Lions de l’Atlas a eu un impact incroyable», note-t-il.

Emploi et rentabilité des infrastructures

L’organisation de ce genre de compétitions créera de nombreuses opportunités dans divers secteurs. L’employabilité est directement liée à ce genre d’évènements. Cependant, un autre défi s’impose, celui de la gestion et l’entretien des stades après la fin de ces événements. «Un mode de gestion efficace des stades et un modèle économique adapté seront nécessaires pour garantir leur rentabilité à long terme. L’enjeu sera de pérenniser les investissements réalisés dans les infrastructures sportives», précise Ramram. Khalid Doumou partage cette vision et affirme que le sport business et l’industrie du spectacle doivent être envisagés comme un ensemble indissociable.

«Pour garantir la rentabilité des infrastructures sportives et éviter de nouveaux «capitaux morts» comme le complexe Al Amal, et plusieurs stades laissés à l’abandon, il est essentiel de concevoir des infrastructures capables d’accueillir diverses manifestations payantes», suggère-t-il. Doumou insiste également sur la nécessité de diversifier les sources de revenus : «Tous les moyens sont bons pour créer de la richesse grâce à la création d’arènes sportives polyvalentes. Le sport seul, avec une ou deux rencontres hebdomadaires, ne suffit pas à couvrir les coûts de maintenance, de formation et de promotion du football national. Une gouvernance efficace des infrastructures rénovées permettra d’autonomiser financièrement les clubs et de les transformer en sociétés rentables à long terme», conclut-il.

 

 

 

 

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