Le contexte actuel marqué par la progression du coronavirus est particulièrement défavorable au marché de l’emploi.
Le quasi arrêt de l’activité économique mènerait à l’explosion du taux du sous-emploi en 2020, qui est déjà supérieur à 1 million d’individus.
Par M.D
La pandémie du coronavirus qui sévit au Maroc sur le plan sanitaire, a porté un sacré coup à l’économie. A l’échelle nationale, les secteurs d’activité les plus pourvoyeurs d’emplois sont dans une situation de quasi arrêt.
Les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) tenant compte de l’impact du coronavirus sur l’économie nationale, légitiment amplement de s’intéresser au niveau du taux de chômage pour l’année en cours. En effet, l’institution de Bretton Woods prévoit un repli de 3,7% du PIB et un taux de chômage de 12,5% en 2020. Sachant que le taux de chômage se situait à 9,2% au niveau national d’après le haut commissariat au Plan (HCP).
Au-delà de ces chiffres, d’autres indicateurs allant dans le sens de la détérioration du marché du travail dans ce contexte en proie à la progression du Covid-19 (plus de 840.000 salariés déclarés au chômage partiel), ainsi que d’autres faisceaux d’indices (hausse des défaillances d’entreprises) incitent à se poser la question de savoir si le Maroc ne risque pas de connaître un chômage de masse en 2020 à cause de cette crise dévastatrice. Laquelle a contraint les pouvoirs publics, avec l’aide du secteur privé, à mettre sur pied une batterie de mesures pour atténuer ses conséquences sur le front économique.
Risque d’explosion du sous-emploi
Mehdi Lahlou, économiste, versé sur les questions du marché du travail, est formel : «La récession au Maroc risque d’être plus importante que les chiffres annoncés concernant le recul du PIB. Même des pays développés à l’instar des USA et de la France qui utilisent des outils statistiques performants, prévoient une baisse de leur PIB de l’ordre de 8 à 10%», fait-il remarquer.
Et d’ajouter : «On ne peut guère parler de chômage de masse pour l’année 2020 au Maroc, car après la période du confinement, les activités reprendront, y compris l’informel. Par contre, il faudra s’attendre à une explosion du taux du sous-emploi, communément appelé chômage déguisé».
L’économiste situe le taux de chômage pour l’année en cours autour de 13 à 14%. Rappelons qu’avant la crise liée à la progression du coronavirus, la population sous-employée au Maroc était déjà assez importante au regard des données du HCP relatives au marché du travail en 2019.
L’effectif de la population en situation de sous-emploi a été de 1.001.000 personnes l’année dernière portant ainsi le taux de sous-emploi à 9,2% au niveau national. Sachant que le secteur du BTP reste le plus touché par le phénomène avec une incidence de 15,9%. Pour l’heure, la pérennité des entreprises de ce secteur qui emploie plus d’1 million de personnes au Maroc est réellement menacée. Pour preuve, 90% des chantiers ainsi que 90% des ventes des entreprises de la branche du BTP sont à l’arrêt.
Les autres secteurs représentatifs en termes de sous-emploi au Maroc traversent également une grave crise en raison de leur activité qui tourne au ralenti ou à l’arrêt (agriculture, services, industrie et artisanat).
Incertitudes sur le secteur automobile
L’arrêt temporaire de l’activité de PSA au Maroc et celle de Renault (qui a annoncé récemment une reprise d’activité progressive), constitue un risque pour les 180.000 postes de travail de l’écosystème automobile qui compte plus de 250 équipementiers.
«Les deux constructeurs français qui ont également annoncé l’arrêt de leur production de véhicules dans l’Hexagone, vont s’atteler dans un premier temps à écouler les stocks produits avant la crise du coronavirus, avant de s’intéresser au volet production. Sachant qu’après la crise du coronavirus, l’achat de véhicules ne sera pas la première priorité des ménages aussi bien en Europe qu’au Maroc», soutient Mehdi Lahlou. ◆