Finances News Hebdo : Tout d’abord, quelle lecture faites-vous de l'évolution du label «Made in Morocco» ces dernières années et quels sont les principaux défis auxquels ces produits sont confrontés ?

Adil Lamnini : Le label «Made in Morocco» est bien plus qu'une simple étiquette; il s’agit d’une véritable célébration de notre patrimoine et de notre savoir-faire artisanal, transmis de génération en génération. Au cours des dernières années, nous avons observé une évolution significative : nos produits commencent à se faire un nom sur la scène internationale, et nos artisans s'innovent constamment. Toutefois, cette évolution s'accompagne de défis majeurs. L'un des principaux enjeux est la standardisation de la qualité. Chaque produit arborant le label «Made in Morocco» doit répondre à des standards rigoureux afin de rassurer les consommateurs. Ensuite, nos infrastructures logistiques doivent être renforcées pour faciliter l'accès aux marchés internationaux. Enfin, la contrefaçon constitue une menace sérieuse, sapant les efforts de ceux qui œuvrent à établir une réputation solide pour nos marques. Protéger notre label, c’est défendre notre identité et notre héritage. C’est aussi protéger nos artisans, nos agriculteurs et nos producteurs locaux qui perpétuent des traditions ancestrales tout en répondant aux exigences du monde moderne. La mondialisation et les pressions concurrentielles ne doivent en aucun cas diluer l'authenticité et la qualité qui font la force du Made in Morocco. L'État, en partenariat avec le secteur privé, doit accentuer ses efforts pour garantir que ce label devienne synonyme de fierté nationale et d’excellence sur la scène internationale. Nous devons rester unis autour de ce projet ambitieux.

F.N.H. : Quelles sont, selon vous, les initiatives clés qui devraient être mises en place pour renforcer l’attractivité des produits Made in Morocco, tant pour le marché local que pour l’export ?

A. L. : Pour accroître l'attractivité du «Made in Morocco», nous devons adopter des initiatives stratégiques. Tout d'abord, la mise en place d'une certification rigoureuse est essentielle. Cela renforce la confiance des consommateurs, tant sur le marché local qu’international. Ensuite, il est crucial de se tourner vers la digitalisation. En modernisant nos processus et en exploitant le commerce en ligne, nous pourrons toucher de nouveaux marchés tout en restant fidèles à nos racines. Le projet «Brand Local, Think Global», initié par notre association, incarne cette démarche. En reliant nos produits à des campagnes de storytelling, nous avons l'opportunité de raconter l’histoire riche de notre culture et de nos marques. Cela nous permettra de toucher les consommateurs de manière plus authentique et émotionnelle. Une autre initiative clé réside dans le soutien accru aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux coopératives locales. Ces structures, qui sont au cœur de notre tissu économique, doivent être renforcées par des formations et des financements adaptés afin de mieux répondre aux exigences du marché. Par ailleurs, l'organisation de foires et d’expositions internationales consacrées exclusivement aux produits Made in Morocco pourrait offrir une vitrine mondiale pour nos produits et encourager les partenariats à l’étranger.

F.N.H. : Quelle contribution les jeunes talents marocains peuvent-ils apporter au développement du Made in Morocco, et pourquoi sontils essentiels à cette dynamique ?

A. L. : Nos jeunes représentent l'avenir du Made in Morocco. Ils apportent une énergie renouvelée, une créativité débordante et une compréhension approfondie des outils numériques qui peuvent transformer nos industries. Grâce à leur audace et à leur innovation, ils sont capables de réinventer l’artisanat et de moderniser nos processus de production. Ces jeunes, qui naviguent entre tradition et modernité, sont essentiels pour faire évoluer notre label. Leur capacité à proposer de nouvelles idées et à s’adapter aux défis contemporains est une force motrice pour le développement du Made in Morocco. De plus, il est impératif de sensibiliser et d'encourager cette nouvelle génération à s’investir dans les secteurs de l’artisanat, de l’agriculture et de l’industrie. En intégrant les jeunes dans ces métiers, en modernisant les formations et en valorisant leur rôle, nous assurons non seulement la pérennité de notre savoir-faire, mais également la transmission d’une passion et d’une expertise à ceux qui bâtiront l’avenir économique du Maroc.

F.N.H. : In fine, estimezvous qu’il y a un décalage entre les compétences enseignées dans les universités marocaines et les besoins réels du marché en matière de Made in Morocco ? Quelles seraient les actions prioritaires à mettre en place dans les écoles et universités pour orienter les jeunes vers des secteurs porteurs du Made in Morocco ?

A. L. : Il est indéniable qu'il existe un décalage entre les compétences enseignées dans nos universités et les besoins du marché. Nos formations sont souvent trop théoriques, alors que le secteur recherche des profils capables de résoudre des problèmes concrets, de produire, d’innover et de gérer des entreprises. Pour remédier à cette situation, il est crucial de réformer notre système éducatif afin qu’il s’aligne davantage sur les exigences du marché. Encourager les formations en alternance, renforcer les partenariats entre universités et entreprises et développer des incubateurs universitaires seraient des pas décisifs. Ces initiatives permettront aux jeunes d’acquérir une expérience pratique et d'être mieux préparés à relever les défis du terrain. En valorisant nos métiers traditionnels tout en les modernisant, nous pouvons garantir que notre héritage perdure tout en étant propulsé vers l'avenir. C’est en misant sur cette nouvelle génération que nous renforcerons notre position sur le marché mondial, avec fierté et détermination. Chaque succès Made in Morocco est un symbole de résilience, de créativité et de persévérance collective qui mérite d'être porté haut par tous les Marocains. Ensemble, nous pourrons élever le Maroc au rang de leader international.