◆ Les plans de construction doivent prendre en considération les spécificités de chaque zone.
◆ Le regroupement des douars est préconisé pour faciliter l’accès aux voies de communication et aux réseaux d’eau et d’électricité.
Par : Charaf Jaidani
La politique de l’habitat au Maroc est essentiellement de type citadin. Les programmes de logements sociaux (250.000 DH et 140.000 DH) sont concentrés dans les villes et accessoirement dans des centres urbains à la périphérie des grandes métropoles. Très peu de dispositions ont été lancées au profit du monde rural. Le gouvernement veut remédier à ce manquement.
Les professionnels, pour leur part, notamment les promoteurs et les architectes, sont disposés à livrer leurs propositions pour répondre aux besoins de la population. De l’avis de plusieurs intervenants actifs dans le secteur, cette question ne relève pas uniquement du département de l’habitat mais doit faire appel à d’autres ministères ou administrations et la contribution du secteur privé est primordiale.
Toutefois, un recensement de la population cible s’impose. Car, les statistiques du haut-commissariat au Plan (HCP) qui sont essentiellement de type démographiques, sont intéressantes mais insuffisantes pour déterminer les besoins. Faire la description des habitations et la morphologie de la population serait un atout considérable.
La situation des conditions d’habitation diffère d’une région à une autre et selon les spécificités des communautés. Les constructions dans les zones montagneuses (où il neige souvent en hiver et les pluies sont abondantes le long de l’année) se distinguent des zones sahariennes connues par des températures élevées et un climat sec. Forcément, les matériaux utilisés et l’architecture ne sont pas les mêmes.
«Il ne faut pas proposer des plans de construction standard pour l’ensemble du pays. C’est un schéma à éviter. Il risque de ne pas générer l’adhésion de la population dans certaines régions», souligne Karim Sbai, président du Conseil régional des architectes du Centre. Chaque région devra élaborer sa propre vision de logement conformément aux orientations du programme d’habitat rural national.
Plusieurs critères doivent être pris en considération comme la densité de la population, la proximité avec les voies de communication, la présence de raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité. L’existence de services publics comme les écoles, les centres de santé, la gendarmerie… est tout aussi indispensable. Car, plus la population est éparpillée, plus il sera difficile de concevoir des logements appropriés. «Le regroupement des douars éloignés, sous forme de centres d’habitations, est préconisé pour mettre en oeuvre un programme d’habitat rural.
Mais différentes contraintes risquent de perturber cette option comme la disponibilité du foncier», prône Driss Effina, expert en immobilier. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), dans son mémorandum présenté au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, a investi quelques pistes de réflexion. Elle a notamment recommandé d’identifier des parcelles publiques qui se trouvent à équidistance du plus grand nombre de douars accessibles et accordables aux réseaux d’eau et d’électricité. Par la suite, il faudra concevoir des plans de villages structurés avec tous les équipements nécessaires.
Pour lancer des offres de logements adaptés aux spécificités locales dont la principale activité est l’agriculture, les maisons devraient être de type sommaire, d’une superficie de 60 m2, sur des lots de terrain titrés compris entre 200 et 400 m2. La surface restante serait destinée soit à l’élevage ou l’artisanat ou servirait à l’extension des constructions. «Sans la mobilisation du foncier de l’Etat, il est difficile de concevoir un tel schéma. Pour les zones où il n’y a pas de terrains relevant des domaines publics, la solution serait de négocier des parcelles appartenant au privé même si le coût serait revu à la hausse», explique Effina.
A l’image du programme du logement social, les projets seront réalisés à travers des appels d’offres ouverts aux opérateurs publics ou privés, qui devront financer ces entités. Le paiement des chantiers se fera soit par un financement public soit par compensation financière à travers la cession par l’Etat d’autres parcelles du domaine privé dans d’autres zones. «Cette option devrait réduire sensiblement les charges de l’Etat et accélérer les programmes de logements», explique-t-on auprès de la FNPI.
Encadré
Les prix des logements de l’habitat rural doivent être fixés au niveau régional et prendre en considération le pouvoir d’achat des populations cibles. Les coûts de production diffèrent d’une zone à une autre. Par exemple, dans la région d’Al Hoceima qui nécessite des fondations antisismiques, le coût de production peut être plus élevé. Mais le plus important, c’est que la tarification doit être très accessible. Dans tous les cas de figure, les prix devront se situer à moins de 140.000 DH.