Les professionnels veulent lutter contre l’informel qui impacte le circuit organisé.
Un nouveau cahier des charges est en discussion avec le département du Transport.
Par C. Jaidani
Fortement lié à l’activité touristique, le secteur de la location de voitures figure parmi les activités les plus impactées par la pandémie. Les chiffres avancés par les professionnels sont révélateurs. Plus de 3.000 opérateurs ont mis la clef sous la porte, avec la perte de plus de 7.000 emplois. Près de 60% des professionnels ont rencontré des difficultés importantes, notamment avec leurs créanciers. Mais la reprise de l’activité économique a permis aux loueurs de redresser la situation.
Lors de son assemblée générale ordinaire tenue le 20 décembre dernier, la Fédération des loueurs d’automobiles sans chauffeur au Maroc (Flascam) a noté avec satisfaction cette relance. «2022 est une bonne année. Elle a permis à de nombreux opérateurs de reprendre leur rythme d’activité. La période estivale a connu une dynamique remarquable avec le retour des MRE et un rebond du tourisme. Nous espérons que cette évolution se poursuive en 2023», souligne Tarik Dbilij, président de la Flascam. En effet, 78% des clients sont constitués de MRE, de touristes étrangers, sociétés et des particuliers. La reprise a été généralisée et a concerné les villes les plus impactées, notamment les villes touristiques comme Marrakech, Agadir, Fès ou Tanger.
«Les villes touristiques recensent le plus grand nombre de faillites de loueurs de voitures. La plupart d’entre eux n’ont pas pu honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers, notamment les organismes de financement. Actuellement, certains ont pu trouver des solutions à travers le rééchelonnement de leurs dettes. Malheureusement, d’autres ont arrêté définitivement et ont des démêlés avec la justice», explique Dbilij. Le président de la Flascam déplore la limite des mesures déployées par le gouvernement pour sauver les opérateurs, qui jouent un rôle important pour accompagner l’évolution du secteur touristique.
La pandémie a révélé de nombreuses lacunes en matière de réglementation et d’encadrement du secteur de la location de voitures. Il faut rappeler que contrairement à de nombreuses entreprises qui ont bénéficié des dispositifs «Damane Relance» et «Damane Oxygène», celles opérant dans la location de voitures disent ne pas être favorisées par ce système, car ce produit ne serait pas adapté au secteur. La plupart des opérateurs adoptent le leasing pour acquérir des voitures. Il faut noter aussi que l’AGO de la Flascam a été l’occasion pour mettre en exergue d’autres problématiques qui impactent le secteur, comme la prolifération de l’informel qui porte de sérieux préjudices aux loueurs organisés.
«Les opérateurs de l’informel exercent une concurrence déloyale au secteur organisé. Ils ne répondent à aucun cahier des charges, ils ne payent pas d’impôt ni de cotisations sociales. Ils ne répondent à aucune exigence en matière de sécurité et de qualité de service. Malheureusement, ils exercent au vu et au su des autorités. Les mesures de contrôle sont limitées et les sanctions ne sont pas assez dissuasives. Il est temps de mettre un terme à toutes ces pratiques, qui impactent non seulement notre secteur, mais toute l’activité touristique nationale qui fournit d’importants efforts pour soigner son image», souligne le président de la Flascam.
En matière d’organisation et de développement de l’activité, Dbilij a indiqué que «nous menons actuellement des discussions avec le ministère du Transport sur le cahier des charges. Nous avons des points de convergence et nous essayons de trouver un compromis à travers de nouvelles recommandations, notamment sur les conditions requises pour l’exercice de l’activité, le management de l’entreprise ou encore l’exploitation des véhicules».