La croissance de l’économie nationale s’établirait à -1,8% au deuxième trimestre.
La demande extérieure adressée au Maroc devrait baisser de 6% au deuxième trimestre 2020.
Dans sa toute dernière note de conjoncture, le haut-commissariat au Plan (HCP) s’est essayé au difficile exercice de la prévision économique sous l’effet de la crise sanitaire que vit le Royaume.
Selon les hommes d’Ahmed Lahlimi, la croissance de l’économie nationale aurait ralenti à 1,1% au premier trimestre 2020, et s’établirait à -1,8% au deuxième trimestre (au lieu de +1,9% et +2,1% en l’absence de l’effet COVID-19).
La chute est brutale. Les effets du confinement au cours du mois d'avril 2020 devraient amputer la croissance du PIB de 3,8 points au deuxième trimestre 2020 par rapport au premier scénario (hors crise du covid-19), estime l’institution conjoncturiste.
Cela est équivalent à une perte d'environ 10,9 milliards de DH au lieu de 4,1 milliards de DH un trimestre auparavant.
Le secteur tertiaire dans le dur
La contraction du PIB serait principalement le fait d’une baisse de près de la moitié du rythme de croissance de la valeur ajoutée du secteur tertiaire, suite à un arrêt presque total dans les activités de restauration et d'hébergement, d’une réduction de 60% de l'activité dans le transport et de 22% dans le commerce, en comparaison avec le scénario de référence (hors crise covid-19).
Au ralentissement des services serait combinée une contraction de 0,5% de la valeur ajoutée du secteur secondaire.
Quant aux activités agricoles, leur repli se limiterait à 2,9%, en rythme annuel, grâce notamment à l’amélioration des perspectives de croissance des cultures printanières, favorisée par le retour quasi-général des précipitations à fin mars et la stabilisation des prix des aliments de bétail.
Les effets de cette impulsion climatique devraient toutefois s’effriter, face à un prolongement des restrictions de circulation des travailleurs saisonniers, nuance le HCP.
Une demande extérieure en forte baisse
L’économie marocaine pâtit d’une baisse prononcée de la demande extérieure qui lui est adressée. Celle-ci devrait fléchir de 6, au deuxième trimestre 2020 en variation annuelle, pénalisée par le rétrécissement des importations, surtout européennes, qui défavoriseraient les industries orientées vers l’export. Les effets sur les performances à l’export sont d’ailleurs déjà visibles au premier trimestre 2020.
La croissance de la demande étrangère adressée au Maroc se serait infléchie de 3,5% au premier trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu de 1,3% prévu en l’absence de l’effet de la crise du COVID-19.
Les exportations en valeur se seraient repliées de 22,8%, au lieu d’une augmentation de 1,1%. L’automobile, premier secteur exportateur (27% des exportations totales), aurait le plus régressé. Près de 97% des voitures nationales exportées vers le monde sont destinés au marché européen, notamment aux marchés français, espagnol, allemand et italien, fortement touchés par la crise sanitaire.
Dans le secteur de l'habillement, qui représente 11% des exportations totales, les exportations de la confection et de la bonneterie auraient été bridées par une baisse des commandes auprès des donneurs d'ordre en provenance de l'Europe.
Au premier trimestre 2020, les exportations en valeur des produits du textile auraient reculé de 4,3%, en variation annuelle. Les exportations du phosphate et de ses dérivés se seraient, quant à elles, repliées de 40,1% en valeur, dans le sillage de la baisse des cours mondiaux.
Pour leur part, les importations auraient régressé de 4,8%, au premier trimestre 2020, en variation annuelle. Au total, le déficit de la balance commerciale se serait creusé sensiblement (+23,8%) au premier trimestre 2020, sous l’effet de la baisse plus conséquente des exportations par rapport aux importations. Cette situation se serait traduite par une baisse du taux de couverture de 11,6 points pour atteindre 49,7%.
Demande intérieure en décélération
La demande intérieure, principal moteur de la croissance nationale, est, elle aussi, en décélération. La consommation des ménages aurait ralenti, au premier trimestre 2020, affichant une hausse de 1,2%, en variation annuelle. Cette décélération aurait principalement concerné les dépenses des ménages en biens durables, en habillement, en transport et tourisme.
La consommation des administrations publiques se serait, à l’inverse, affermie de 3,2%, dans le sillage de la hausse des dépenses de fonctionnement.
Quant à l’investissement, son évolution aurait été sensiblement tempérée par le ralentissement de l’investissement en équipement industriel et le renforcement de l’atonie de l’investissement immobilier. En variation annuelle, la croissance de l’investissement se serait limitée à 1,2% au deuxième trimestre 2020.
Cette prévision reste toutefois sujette à des révisions plus ou moins importantes, au fur et à mesure de la publication de nouvelles données, dans un contexte empreint de fortes incertitudes quant à la durée de la crise sanitaire, conclut le HCP. ◆