L’histoire sous nos yeux

L’histoire sous nos yeux

Qui l'eût dit, qui l'eût cru, voici quelques mois ? Le Maroc écrit une histoire. Plutôt l'histoire, sous nos yeux. Un exploit pour le Royaume, pour le continent africain, pour le monde arabe. Il a atteint le sommet du football mondial aussi. Le plaisir, le bonheur, le rêve... Tout a été dit par tout le monde sur cette folle aventure d'un onze national pratiquement en lévitation, mû par tant d'énergie. De confiance. Et de foi. Foi en eux-mêmes et en leur destin : ils savent ce qu'ils représentent pour les 36 millions de Marocains et au-delà. L'ordre footballistique mondial actuel tel qu'en lui-même est chahuté, bousculé, à revoir et forcément à réarticuler : il ne sera plus le même demain...

 

Un capital symbolique

Cela dit, que dire de plus ? Plusieurs choses. La première a trait au profil des joueurs de ce onze national et de la quinzaine d'autres retenus. Pas défaitistes pour un sou : tant s'en faut. Des Lions, des lions rugissants, imbattables indomptables : des individualités sans doute, mais qui ont pu et su générer un Collectif - le travail exceptionnel du coach, Walid Regragui, a permis cela (on ne le dira jamais assez... ). Ils sont Marocains, binationaux pour quelquesuns, mais toujours Marocains. Ils viennent de milieux modestes. Ils n'ont pas fait les grandes écoles; ils ne sont pas nés avec une cuillère d'argent; ils n'ont pas de capital social : ce ne sont pas des nantis au départ... Et ils le sont devenus aujourd'hui avec un capital : un capital symbolique pour ce qu'ils ont fait pour leur pays devant le monde entier - c'est ce capitallà qui est le plus précieux des acquis. Dans dix ans, dans vingt ans, qui aura oublié 2022 et le Maroc dans ce Mondial ? La mémoire collective sera d'ici là constamment ravivée. Ils se distinguent par d'autres facteurs : le travail, les efforts, les sacrifices, les difficultés et... au final la récompense. Leur parcours ne leur appartient plus : il nous appartient à tous.

C'est à l'actif de ce que l'on appelle aujourd'hui le capital immatériel; et ce capital se nourrit d'ambition qui doit être au cœur des ressorts des jeunes en se conjuguant avec les atouts des jeunes marocains, à savoir l'esprit entrepreneurial, le travail, le sérieux, la formation et la ferme volonté de faire plus et mieux. C'est aussi - comment ne pas le relever- la marque Maroc qui se trouve de nouveau au firmament : par le sport le plus populaire dans le monde, le football, une image de compétition, mais de paix. Un capital image qui offre de nouveau une approche de «soft power» (de puissance douce) qui doit être bien valorisée dans les leviers de croissance. Cela témoigne de quoi, entre autres ? Que la société n'est pas assoupie, dormante, sans souffle; bien au contraire, elle recèle en elle un fonds de réactivité et de mobilisation. Le spectacle offert dans le Royaume depuis le début de ce Mondial est exceptionnel. La ferveur populaire dans les autres pays est tout aussi notable; mais tout le monde convient qu'elle n'a pas le degré de ferveur du Maroc et des Marocains. Quel est le public de supporters le plus important au Qatar ? Hormis les nationaux de ce pays, c'est celui du Maroc ! Un pont aérien a même été organisé par la compagnie nationale RAM à cet effet, une autre performance... La société paraît avoir craqué de partout, sous toutes les coutures même. Les familles sont sorties, le soir, pour prendre possession des rues et des boulevards, créer spontanément des terrains de fête et donner libre court à des scènes de joie. Les jeunes filles étaient là, leurs mères aussi et même leurs grand-mères.... La fête s'est prolongée, jusqu’à une heure avancée de la nuit. La mixité sociale, la fusion lyrique et festive d'une communauté en liesse. Un acte de changement social et culturel. De modernité aussi. Et puis autre chose : les symboles de l'affect, celui des mères de certains joueurs rejoignant par avion spécial leur progéniture avec des accolades touchantes (quel pays peut offrir un tel spectacle et de telles effusions ?); celui encore d'une communion de tout le corps social; le Roi Mohammed VI vêtu du maillot national le drapeau en main, dans les rues de Rabat; celui enfin d'une expression collective de dignité et de maturité prenant en charge l'étendard du continent africain et du monde arabe.

 

Le rêve et le succès

Aujourd’hui, c’est la société marocaine qui s'identifie au succès; elle se ressource; elle croit de nouveau en son potentiel propre. Elle prend conscience qu'elle peut réussir. De quoi fabriquer du rêve, en particulier chez les jeunes, à l'école, dans la formation, dans le monde du travail avec cette profonde motivation. Le succès est possible, il est toujours possible. Comme l’avait déclaré Obama, «Yes, we can» (Oui, nous le pouvons). De quoi booster la société qui va se reconnaître de nouveau dans son identité, son potentiel ainsi que dans sa dimension collective. Coefficient supplémentaire  : les effets économiques directs ou indirects seront là, sans doute, grâce à cette Coupe du monde et au Maroc. Davantage de visibilité.... et d'attractivité : du pain béni pour les investisseurs et les touristes. Alors, un grand merci, un grand bravo aux Lions de l'Atlas ! Ils ont porté haut les couleurs nationales. De la fierté pour tout un peuple... 

 

 

Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

 

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