Entretien avec Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI).
Finances News Hebdo : Quel est votre point de vue sur la thématique adoptée pour cette 14ème édition du Forum MEDays ?
Jawad Kerdoudi : La 14ème édition est globalement très intéressante puisqu’elle traite un sujet d’actualité ayant trait à la succession des crises, à commencer par la pandémie, puis la crise économique et la guerre en Ukraine qui en a accentué l’effet. Il est question de voir comment l’Afrique va gérer ces crises au profit de ses propres intérêts. Il faut rappeler que ces crises génèrent plusieurs aspects dont l’aspect sécuritaire, alimentaire, énergétique ou autres.
F.N.H : Qu’en est-il de votre intervention lors de cet événement ?
J.K : Mon intervention a été axée sur le terrorisme en Afrique et les moyens de le stopper. Ce phénomène cause énormément de dégâts aux pays touchés et il porte atteinte aussi à la stabilité politique, économique et social des pays et de la région. Il faut dire que le combat antiterroriste ne doit pas être limité uniquement au volet sécuritaire.
Le moyen judicieux pour lutter contre ce phénomène et l’extrémisme passe nécessairement par des efforts à fournir au niveau de l’amélioration de la qualité de l’enseignement et l’éradication de toute forme d’ignorance, de précarité et de marginalisation. Il est important de consacrer les valeurs de démocratie, de liberté, des droits de l’homme et d’égalité genre particulièrement sur le plan économique et social.
F.N.H : Le Maroc peut-il donner des recommandations dans ce cadre ?
J.K : Grâce à la politique clairvoyante adoptée depuis de nombreuses années, le Royaume a pu lutter efficacement contre le terrorisme. Il est sollicité par différents pays pour apporter sa coopération et son expérience. L’approche marocaine est multidimensionnelle, proactive, pratique et pragmatique, tenant compte des aspects juridiques et sécuritaires, religieux et socio-économiques.
Dans ce forum, près de 100 pays sont représentés dont une bonne partie sont africains. Le continent figure parmi les régions les plus touchées par le phénomène. Les pays africains peuvent s’inspirer de l’expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme.
F.N.H : Comment l’Afrique peut-elle tirer profit de ce nouvel ordre mondial ?
J.K : Pour répondre à cette question, je vais aborder deux volets. Le premier concerne les éléments négatifs comme l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des hydrocarbures, notamment le gaz et le pétrole. Le second concerne notamment les éléments positifs qui peuvent donner des opportunités pour se prémunir des futures crises. Pour le cas du Maroc, la conjoncture actuelle incite les grandes entreprises européennes à relocaliser leurs entreprises implantées auparavant en Asie, notamment en Chine, vers le Royaume pour différentes raisons dont la proximité, la sécurité et aussi un climat des affaires favorable. Chakib Alj, président de la CGEM, a fait un exposé lors de ce forum pour faire la promotion des investissements à la fois en Afrique et aussi des pays africains au Maroc.
Propos recueillis par Charaf Jaidani