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Les dirigeants du G7 ont affiché lundi une rare unité au sommet de Biarritz depuis l'élection de Donald Trump, qui s'est montré conciliant sur tous les contentieux, du commerce à l'Iran, et ont validé une aide d'urgence face aux feux destructeurs en Amazonie.
Exit le sommet du G7 en juin 2018 au Canada, dont le président américain, volontiers tonitruant et imprévisible, avait rabroué l'hôte Justin Trudeau et refusé de signer le communiqué final.
A Biarritz, dans le sud-ouest de la France, Emmanuel Macron a réussi à ramener l'exercice à un climat plus consensuel, avec au passage un coup diplomatique sur l'Iran.
Donald Trump en personne a salué «deux jours et demi de grande unité» entre les dirigeants des sept nations les plus industrialisés (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Etats-Unis, Canada et Japon).
«Un message d'unité, c'est vraiment ce qui est ressorti de nous échanges», a renchéri le président Macron.
Loin de son ton souvent éruptif, Donald Trump s'est dit ptêt à rencontrer le président iranien Hassan Rohani, après des échanges très intenses sur ce sujet au sommet, ponctués par une visite surprise du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à Biarritz.
«Si les circonstances sont convenables, je serai certainement d'accord» pour le rencontrer, a-t-il déclaré au côté d'Emmanuel Macron, qui œuvre activement depuis plusieurs semaines en faveur de ce scénario.
Une telle rencontre pourrait avoir lieu «dans les prochaines semaines», a-t-il estimé, dans la foulée du président français.
Un tournant semble désormais possible sur le dossier explosif du nucléaire iranien alors que le Golfe était encore au bord de l'embrasement cet été après une série d'attaques de pétroliers et la destruction par l'Iran d'un drone américain.
«C'est un grand pas en avant», s'est félicitée la chancelière allemande Angela Merkel, saluant cette nouvelle «atmosphère de discussions».
A Téhéran, le président Hassan Rohani a aussi défendu l'option du dialogue, au nom des «intérêts nationaux», face à des critiques de l'aile dure du régime.
«Si je sais que je vais à une réunion susceptible de conduire à la prospérité dans mon pays et de régler les problèmes des gens, je n'hésite pas», a-t-il lancé.
En 2018, Donald Trump est sorti avec fracas de l'accord de Vienne visant à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et a réintroduit de lourdes sanctions qui asphyxient l'économie iranienne.
Téhéran a répliqué en s'affranchissant progressivement de l'accord, au grand dam des Européens.
Seul ombre au tableau à Biarritz, Donald Trump a annoncé qu'il pourrait inviter le président russe Vladimir Poutine au prochain sommet du G20 en 2020 aux Etats-Unis, alors que la Russie est exclue de cette enceinte depuis l'annexion de la Crimée en 2014. Ses partenaires excluent toute réintégration de la Russie tant que la crise ukrainienne n'est pas réglée.
Côté environnement, sujet sur lequel Donald Trump est souvent aux abonnés absents (il a d'ailleurs manqué la réunion sur le sujet à Biarritz, préférant avoir des rencontres bilatérales), le G7 a promis une aide d'urgence de 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d'eau lutter contre les feux de forêt en Amazonie.
Les sept ont aussi convenu de créer un volet d'aide à moyen terme destiné à la reforestation, qui sera finalisée au cours de l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre.
La mobilisation d'Emmanuel Macron sur le sujet lui a valu une volée d'insultes au Brésil, où le président Jair Bolsonaro s'est même livré à un commentaire offensant sur l'âge de la première Dame Brigitte Macron.
«Des propos extraordinairement irrespectueux», a déploré le chef de l'Etat, en souhaitant aux Brésiliens un président «qui se comporte à la hauteur».
Sur le front de la guerre commerciale avec la Chine, le président américain a aussi réchauffe l'atmosphère, annonçant que les négociations avec Pékin reprendraient «très prochainement» malgré un nouveau bras-de-fer vendredi sur les droits de douane.
«Les Chinois veulent un accord (...) Je pense qu'on va en trouver un (...) Je ne pense pas qu'ils (les Chinois) aient le choix», a-t-il lancé, pressé par ses homologues du G7 d'agir pour éviter que ce conflit ne ruine l'économie mondiale.
Donald Trump et Emmanuel Macron sont aussi tombés d'accord sur une autre pomme de discorde, la taxation des géants du numérique, les «GAFA» - déjà introduite en France mais vivement décriée à Washington, après un week-end de délicates tractations.
«Je crois qu'on a trouvé un très bon accord», a annoncé Emmanuel Macron, que son homologue américain traitait encore d'imbécile fin juillet à ce sujet.
Avec AFP