Gouvernement El Otmani: l'heure du bilan a sonné

Gouvernement El Otmani: l'heure du bilan a sonné

Le gouvernement avait fait la promesse de réaliser un taux de croissance annuel moyen du PIB compris entre 4,5 et 5,5% lors de la période 2017-2021.

Dans les faits, ce taux de croissance annuel moyen ne serait que de 1,6% du PIB sur la même période.

 

Par M. Diao

 

Comme dit l’adage «La politique sert à changer les choses dans le bon sens». A la fin de leur mandat, les gouvernements se heurtent toujours à la même réalité implacable, celle d’assumer leur bilan. Comme à l’accoutumée, au Maroc, experts, analystes et observateurs se livrent à l’analyse du bilan du gouvernement en fin de mandat. Cette tradition amplement légitimée par le sacro-saint principe de la reddition des comptes, autorise quelque part à analyser si ce n’est de jauger le bilan économique du gouvernement dirigé par Saad Eddine El Otmani depuis 2017.

Pour rappel, à la question fondamentale de savoir, quel bilan faites-vous de votre mandat, le chef du gouvernement n’a pas apporté une réponse nuancée. Bien au contraire, celui-ci a rétorqué sans ambages par : «Un bilan positif, chiffres à l’appui». Or, au chapitre économique, les chiffres auxquels El Otmani accorde une grande importance, à juste titre d’ailleurs, sont-ils en faveur du gouvernement dont le mandat tire à sa fin ? Rien n’est moins sûr au regard des objectifs chiffrés contenus dans la déclaration de politique générale, exposée au Parlement en 2017 par le chef du gouvernement lui-même.

Large fossé entre promesses et réalisations

Dans sa déclaration de politique générale, le gouvernement avait fait la promesse de réaliser un taux de croissance annuel  moyen du PIB compris entre 4,5 et 5,5% lors de la période 2017-2021. En faisant une intrusion dans les réalisations, l’on perçoit que cet objectif est loin d’être atteint. Pour preuve, le taux de croissance annuel moyen entre 2017-2021 ne serait que de 1,6% du PIB. Du fait de son caractère exceptionnel, il n’est pas tenu compte de l’année 2020 (une décroissance de -7%) à cause de la crise liée au coronavirus. Et même en extirpant cette période du calcul, le taux de croissance annuel moyen des quatre années restantes serait de 3,6% du PIB, donc inférieur à l’objectif de croissance fixé par le gouvernement en début de mandat.

L’autre objectif chiffré du gouvernement, et non des moindres, est le taux de chômage qui devait être ramené à 8,5% en fin de mandat. L’analyse des chiffres officiels au cours de la période 2017-2021 permet de constater que le taux de chômage annuel moyen a été de 10,4%. Par ailleurs, les données plaident davantage en faveur de la dégradation des finances publiques que de l’équilibre de celles-ci.

D’ailleurs, même en faisant preuve d’honnêteté intellectuelle en ne tenant pas compte de l’année 2020 (pic de la crise), le gouvernement n’a pas atteint l’objectif de confiner le déficit budgétaire en dessous des 3% du PIB. Le taux moyen du déficit budgétaire des quatre autres années tourne autour de 4,3% du PIB. D’où l’existence d’un écart important avec l’ambition initiale. Le tableau n’est pas plus reluisant sur le front de l’endettement public qui s’est alourdi sur la période précitée. Or, en 2017, le gouvernement s’était engagé à ramener la dette du Trésor public à moins de 60% du PIB. L’analyse du rapport sur la dette publique, annexé au PLF 2021, permet de s’apercevoir de l’ampleur de la difficulté du gouvernement à maîtriser l’endettement grandissant du Trésor public au cours des dernières années.

«A la fin 2020, l’endettement public global a franchi le seuil symbolique voire fatidique des 1.000 Mds de DH (1.006 milliards exactement). C’est avec le gouvernement actuel que le Maroc a enregistré le record historique en matière d’endettement public, avec un taux désormais dangereusement proche des 100% du PIB», analyse le professeur Akesbi. Ceci dit, sous le magistère de Saad Eddine El Otmani, le Maroc a enregistré une progression importante dans le classement du Doing Business de la Banque mondiale, suspendu en 2020 après 17 années d’existence pour cause d’irrégularités. Pour rappel, le Royaume a occupé la 53ème place du classement Doing Business 2020. Une performance très proche de l’objectif du gouvernement El Otmani pour 2021, c’est-àdire le top 50. Au final, dire que le gouvernement actuel n’a pas tenu toutes ses promesses sur le front économique est un euphémisme. 

 

 

 

 

 

 

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