Gestion des réserves de la CNSS par la CDG: un retour à la normalité plus que souhaité

Gestion des réserves de la CNSS par la CDG: un retour à la normalité plus que souhaité

La Caisse retrouve ses niveaux d’avant pandémie en termes d’activité.

Ses plus-values latentes lui permettent d’absorber les chocs.

Le choix de la gestion des placements par la CDG est préjudiciable pour le régime.

 

Par Y. Seddik

 

 

La crise sanitaire a eu un impact considérable sur les organismes de prévoyance à travers le monde. Au Maroc, les indicateurs 2020 de la CNSS sont révélateurs des effets de la pandémie sur l’économie marocaine. La masse salariale globale déclarée à la CNSS indique une baisse de 4,3% entre 2019 et 2020, passant de 157 à 150 milliards de DH. Quant au montant des cotisations, il a accusé un recul de 5,6%, portant le montant des cotisations dues à 22,5 milliards de DH.

Invité de la rédaction de Finances News Hebdo, le Directeur général de la CNSS, Hassan Boubrik, a affirmé que «la Covid a eu un choc sur la CNSS. Pas uniquement au niveau placement, mais également en ce qui concerne l’activité et les cotisations, avec notamment une baisse de la masse salariale déclarée. Mais, heureusement, aujourd’hui nous retrouvons plus que le niveau de février 2020 (juste avant le confinement  : ndlr). Les chiffres à fin mai nous le confirment».

En termes de placement, la CNSS, comme tous les investisseurs sur les marchés financiers, a subi le double impact : augmentation des taux d’intérêt et baisse du marché actions. Toutefois, Boubrik explique que «nous avons la chance de ne pas être un investisseur à court terme. Nous nous inscrivons dans une perspective long termiste». En outre, renchéritil, «nous avons des placements qui sont extrêmement prudents. Sur le régime général, ce sont des dépôts à la CDG. Ainsi, si le taux de rémunération baisse, c’est parce que les taux d'intérêt des bons du Trésor baissent».

Sur la partie AMO, poursuit-il, «nous avons essentiellement des fonds obligataires. Nous sommes aussi un peu sur des fonds diversifiés, mais sur des proportions extrêmement faibles. En gros, nous avons une politique globale de placement qui est extrêmement prudente. Et même comptablement, nous avons aujourd'hui des plusvalues latentes qui sont très confortables et qui nous permettent de passer les chocs sans aucun problème». Signalons que la performance réalisée au cours de l’année 2020 se situe à 5,08% dans le compartiment OMLT contre 7,17% en 2019. Tandis que les compartiments OCT et monétaire ont réalisé respectivement une performance de 2,92% et 2,35%.

 

Gestion des placements

Boubrik est également revenu sur le vieux et épineux dossier de la gestion de ses réserves par la CDG. Pour lui, «il faut que la CNSS revienne à une gestion normale de ses réserves et de ses placements. Il faut simplement revenir à la normalité et dire que les placements d’un régime doivent d’abord être faits dans l’intérêt de ce régime et de ses adhérents. Cela est un élément important dans la pérennité et l’équilibre à moyen long terme du régime». Cette situation unique -peut-être même au monde- est préjudiciable pour le régime général.

«Imaginez si la CNSS avait investi il y a 20 ou 25 ans une partie de ses réserves dans le marché actions dans les introductions en Bourse ou autres opérations particulières, ou même dans l’immobilier à Casablanca…», relève le patron de la CNSS. Selon lui, «le choix de la CDG se justifiait à un moment, dans les années 70 quand les marchés financiers n’étaient pas organisés et qu’il n’y avait pas de régulateur. Cette situation, qui était justifiée à l’époque, a cessé de l’être depuis au moins 25 ans».

Sur ce sujet de retour à la normalité dans la gestion des placements, le DG de la CNSS assure que les choses avancent. Pour autant, toute solution doit préserver les intérêts des uns et des autres. «Je suis plutôt confiant que l’on arrivera à régler ce problème plutôt rapidement», soutient-il. En attendant, rappelons que les réserves de la CNSS déposées à la CDG sont passées de 59,1 milliards de DH à fin 2019 à 60,8 milliards de DH à fin 2020, soit une croissance de 2,8%.

Cette augmentation est due à la capitalisation des produits financiers pour un montant de 2 milliards de DH. Les taux de rendement des réserves déposées à la CDG ont enregistré une baisse de 2,12%. Pour leur part, les réserves AMO gérées par la CDG ont atteint un montant de 2,5 milliards de DH en 2020, en hausse de 8,5%, s’expliquant par l’importance des montants des cotisations encaissées en 2019. En 2020, le taux de rendement net des réserves AMO se situe à 3,68% contre 4,33% en 2019. 

 

 

 

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