Génération Green: la stratégie doit combler les limites du PMV

Génération Green: la stratégie doit combler les limites du PMV

La course à la productivité a généré des effets collatéraux indésirables.

Certaines filières comme la céréaliculture restent fortement dépendantes de la pluviométrie.

 

Par C. Jaidani

 

Lancé en grande pompe en 2009, le Plan Maroc Vert (PMV) a donné une nouvelle impulsion au secteur agricole. A travers des contrats-programmes entre l’Etat et les professionnels, plusieurs filières ont pu hisser le niveau de leur activité. Au terme de sa réalisation fin 2020, cette stratégie agricole a cédé sa place à «Génération Green» englobant de nouveaux objectifs plus ambitieux. Couvrant la période 2021-2030, elle donne la priorité aux jeunes voulant investir dans l’agriculture et aussi faire émerger une classe moyenne rurale.

Mais cette feuille de route devrait avant tout combler les limites du PMV. Au niveau officiel, l’évaluation de cette stratégie s’est contentée uniquement de dévoiler le côté positif sans pour autant relever les dysfonctionnements et les objectifs non atteints. A cet égard, il est utile de souligner que sur plan technique, le PMV a accordé la priorité à la hausse de la productivité.

Certes, ce choix a augmenté les récoltes et la qualité des produits, et assuré au Maroc une forte capacité concurrentielle à l’international. Néanmoins, il a généré à terme l’appauvrissement des sols et aussi accentué l’utilisation des produits phytosanitaires qui peuvent avoir des effets néfastes sur le plan écologique. L’amélioration de la productivité a entraîné une pression sur les ressources hydriques. Le nombre de terres irriguées ne cesse d’augmenter surtout dans les régions du Sud. Il est donc essentiel de généraliser le déploiement d’équipements économes en eau surtout ceux utilisant la technique de goutte-à-goutte.

 

Manque d’adhésion des autres départements
Plusieurs objectifs du PMV ont été partiellement atteints à cause du manque d’adhésion des autres départements concernés, notamment l’Équipement, les Eaux et Forêts, l’Industrie et le Commerce, les Habous, les Finances et surtout l’Intérieur. Une stratégie peut être théoriquement d’une qualité de haut niveau, mais si son exécution ne mobilise pas tous les acteurs concernés, elle est vouée à l’échec. Sur le plan législatif, certains textes de loi sont devenus caducs, notamment ceux relatifs au foncier, qui représentent un frein pour l’investissement dans le secteur agricole.

Parallèlement, il est pertinent de poursuivre la politique de construction des barrages. Rappelons que la stratégie agricole a soutenu un vaste programme de reconversion des terres dédiées à la céréaliculture vers l’arboriculture, notamment pour les petites et moyennes exploitations. L’objectif est, entre autres, d’améliorer et de stabiliser le revenu des agriculteurs. Résultat, la superficie dédiée aux céréales a, au contraire, augmenté, passant de 5,14 millions d’hectares en 2000 à 5,50 millions d’hectares en 2019, au lieu de diminuer. Les récoltes, quant à elles, ont toujours été dépendantes des aléas climatiques.

Pour preuve, les campagnes 2018/2019 et 2019/2020 en sont le parfait exemple. Elles se sont soldées par des récoltes respectives de 52 et 32 millions de quintaux. Il a fallu une bonne pluviométrie pour que les récoltes atteignent 103 millions de quintaux au titre de la saison 2020/2021. En dépit de cette performance, le Maroc demeure dépendant de l’étranger pour satisfaire ses besoins en blé. Le pays importe pas moins de 30 millions de quintaux annuellement. Pour d’autres activités très importantes au Maroc comme la filière céréalière, la superficie actuelle est de 70.000 ha contre un objectif de 106.000 ha fixé au lancement du PMV.

Le taux de couverture de la consommation par la production n’a pas été reluisant, passant de 41% à 49%. Pour leur part, les exportations agricoles ont atteint au terme de la saison 2019/2020, 39,5 milliards de DH, soit un bond de 130% par rapport à l’année 2000, mais en deçà des 44 milliards de DH prévus par le PMV. Dans les régions les plus fragiles, l’agriculture de subsistance persiste et les paysans ne doivent leur survie qu’à d’autres activités annexes ou au transfert de l’argent de la part de la famille. D'où une attention particulière qui doit être accordée à ces zones.

 

 

 

 

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