Des sites de nouvelle génération, bien aménagés, mieux équipés sont programmés. La promotion de l’élément humain reste un élément indispensable pour moderniser le circuit de distribution.
Par C. Jaidani
La flambée des prix des fruits et légumes a suscité ces dernières années l’inquiétude des citoyens. Elle a mobilisé les associations de protection des consommateurs et interpellé aussi le gouvernement. Malgré de nombreuses mesures prises, les autorités n’ont pas pu maîtriser le phénomène, pointant du doigt les intermédiaires. Dans le circuit de distribution, les marchés de gros jouent un rôle capital pour stabiliser les prix. Leur réforme s’impose avec acuité. Les changements doivent porter sur leur emplacement, leur gouvernance et leur mode de fonctionnement.
Le ministère de l’Intérieur, qui a la tutelle du secteur, a fait une série d’annonces à ce niveau, mais qui tardent à entrer en vigueur. Sous le coup des critiques formulées notamment par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et des parlementaires, un programme de réformes est dans le pipe. Le CESE a préconisé de favoriser largement la concurrence et aussi de faciliter l’accès à de petits fellahs ainsi qu’aux coopératives.
L’objectif est de réduire au maximum le nombre d’intermédiaires et, du coup, les marges générées afin que la différence entre le prix départ ferme et celui à la consommation ne soit pas très large. Il est aussi suggéré de revoir le système des redevances qui est décrié par les usagers de ces marchés ainsi que leur fonctionnement. La réforme comporte également les modalités d’éligibilité des intervenants. Pour ce qui est du marché de gros de Casablanca, le plus important du Royaume, le Conseil de la ville de Casablanca, en concertation avec l’Intérieur, a pris la décision de le relocaliser aux environs de Had Soualem.
Plus espacé et mieux aménagé, le concept du futur site est inspiré des marchés existants en Europe. Il sera doté de nouveaux équipements au niveau de la chaîne de froid, de stockage ou de pesée. Un bureau d’études a été mandaté pour recueillir les données nécessaires auprès des intervenants du secteur. In fine, une feuille de route sera tracée pour mener à bien la réforme. Les professionnels du secteur, notamment les marchands de fruits et légumes, ont accueilli favorablement la réforme envisagée, bien qu’ils formulent toutefois quelques réserves. «C’est bien de s’inspirer des marchés étrangers comme Mercado en Espagne ou Rungis en France. Mais il faut prendre en considération les spécificités marocaines, où persistent encore plusieurs lois coutumières.
Dans les pays européens, le paiement numérique est la règle, alors qu’au Royaume, le cash est prédominant. Au niveau de la redevance, on applique aux marchés de gros marocains 7,2%. En France, par exemple, la taxe est fixée à 0,5% seulement. Cela a un effet sur le prix à la consommation», affirme Mohamed Joubel, viceprésident de l’Association des commerçants du marché de gros de Casablanca. Et de poursuivre que «la restructuration des marchés de gros doit accorder une attention particulière à l’élément humain. De nombreux travailleurs ne sont pas déclarés à la sécurité sociale car la plupart sont des saisonniers. Ils n’ont pas aussi un certain niveau d’instruction. D’où l’importance de programmer des sessions de formation pour leur inculquer les nouvelles pratiques de commerce et d’échange».
S’agissant de la délocalisation du marché de gros de Casablanca à Had Soualem, Joubel estime que «le site sera beaucoup plus spacieux, ce qui permet d’accueillir plus de visiteurs et aussi plus de volume pour les marchandises. Mais il présente toutefois quelques inconvénients, dont l’éloignement à plus de 27 km de Casablanca. Du coup, de nouvelles charges de transport seront répercutées sur le consommateur. Par ailleurs, du fait qu’il sera implanté dans une zone rurale, des soucis en matière de sécurité sont à prévoir».