Le gouvernement envisage de quadrupler le nombre de bénéficiaires de la formation professionnelle par alternance. Le renforcement du lien entre la formation théorique et la pratique en entreprise pourrait favoriser une intégration rapide des jeunes dans le tissu économique.
Par M. Ait Ouaanna
Avec un taux de chômage dépassant les 13%, la dynamisation du marché du travail figure en tête des priorités du gouvernement Akhannouch. Pour parvenir à renforcer l’employabilité des jeunes en particulier, l’exécutif a entrepris de nombreuses actions qui, de manière directe ou indirecte, peuvent contribuer à l’atteinte de cet objectif. Récemment, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a annoncé que le gouvernement prévoit de porter le nombre de bénéficiaires de la formation professionnelle par alternance à 100.000 par an contre 25.000 actuellement.
«Cette ambition s'inscrit dans le cadre de la feuille de route du gouvernement en matière d'emploi, telle que contenue dans le projet de Loi de Finances 2025», a souligné le responsable gouvernemental. Permettant d’alterner entre des cours théoriques et une expérience professionnelle en entreprise, la formation par alternance cible essentiellement les jeunes qui ne remplissent pas les conditions nécessaires pour intégrer les parcours classiques. Selon le ministre, cette formation vise à offrir aux bénéficiaires les compétences nécessaires pour intégrer le marché de l’emploi. En effet, le Maroc compte actuellement 57 centres de formation professionnelle par alternance. «Le gouvernement finance les entreprises pour assurer la formation des bénéficiaires et leur garantir un salaire, à travers un contrat établi entre le stagiaire et l'entreprise», a précisé Sekkouri. Réagissant à cette annonce, Abdelkhalek Hassini, enseignant formateur, chroniqueur et conférencier, affirme que cette augmentation du nombre de bénéficiaires marque une avancée décisive pour le marché de l'emploi marocain.
«À l'aube d'une nouvelle ère pour l'emploi au Maroc, l'augmentation des bénéficiaires de la formation professionnelle par alternance nécessite une stratégie claire et réfléchie pour garantir des résultats efficaces. Cette initiative a pour objectif de créer un lien solide entre les compétences acquises et les exigences du marché, contribuant ainsi à l'essor de l’économie nationale», affirme-t-il. Comme prouvée par plusieurs études, l’inadéquation entre la formation et les exigences du marché du travail constitue un blocage de taille pour l’insertion professionnelle. Une barrière que la formation par alternance pourrait justement lever.
«La formation par alternance, qui allie théorie et pratique, permet aux apprenants d’acquérir des compétences directement applicables, facilitant leur intégration rapide dans le tissu économique. Elle réduit ainsi l'écart entre les attentes des employeurs et les compétences des candidats, rendant le processus de recrutement plus efficace», insiste Hassini. Dans le même ordre d’idées, notre interlocuteur indique que cette initiative peut stimuler l'innovation et la productivité des entreprises «en créant un réservoir de talents qualifiés, capables de relever les enjeux d'aujourd'hui». Pour Hassini, l'impact de cette mesure dépendra de l'orientation des programmes de formation vers des secteurs en expansion, tels que le numérique, l'intelligence artificielle et les énergies renouvelables. «Des partenariats solides entre les établissements de formation et les entreprises garantiront que les contenus soient adaptés aux besoins spécifiques des secteurs, favorisant ainsi un environnement propice à l'innovation», estime-t-il. Il insiste également sur la nécessité d'un accompagnement personnalisé et d'un suivi rigoureux tout au long du parcours de formation, afin de renforcer la confiance des jeunes et les préparer aux exigences du marché.
Dans cette même veine, Hassini souligne qu’en intégrant une expérience pratique dans le parcours éducatif, les jeunes pourront acquérir des compétences spécifiques et recherchées, en plus d’une compréhension approfondie des attentes des employeurs. «Pour assurer cette adéquation, il est essentiel d’établir des programmes alignés sur les exigences réelles des secteurs d'activité. Cela nécessite des partenariats efficaces entre les établissements de formation et les entreprises, garantissant que les contenus pédagogiques soient en phase avec les besoins actuels et futurs du marché», précise-t-il. In fine, Hassini insiste sur l’importance d’assurer un accompagnement personnalisé tout au long du parcours de formation, en vue de renforcer la confiance des jeunes, et par conséquent leur permettre de s'adapter plus aisément aux exigences du marché du travail. «Des initiatives concrètes telles que des stages et des mentorats devraient être mises en place pour développer des compétences transversales, essentielles dans le monde professionnel», conclut-il.