Exportations en Afrique : «La logistique, ce maillon faible de la chaîne»

entretien Hassan sentissi ASMEX

 

Hassan Sentissi, président de l’Association marocaine des exportateurs, explique que le Maroc ne pourra jouer son rôle de hub pour l’export en Afrique et profiter de sa position géostratégique sans la mise en place de lignes maritimes directes sur les principales capitales africaines et de plate­formes logistiques de stockage.

 

Finances News Hebdo : Grâce aux tournées Royales, la coopération politique entre le Maroc et les autres pays du continent s’est considérablement consolidée. Qu’en est-il de la coopération commerciale ? Suit-elle le même élan ?

 

Hassan Sentissi : C’est vrai, la coopéra­tion politique entre le Maroc et les autres pays africains s’est consolidée grâce à l’engagement et l’implication personnelle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, qui a jeté les véritables bases de la politique africaine du Maroc lors de ses tournées en Afrique. Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine et l’adhésion prochainement à la CEDEAO renforceront encore cette position.

Sur le plan commercial, le Maroc est deve­nu le deuxième investisseur en Afrique et le premier en Afrique de l’Ouest. Cette présence des grands groupes marocains devrait pousser les PME à se développer sur le continent.

Bien que les échanges ne soient pas encore au même niveau que les relations politiques, on assiste de plus en plus à une évolution considérable de nos exportations en direction des autres marchés africains.

Par ailleurs, je tiens à préciser que les marchés africains sont devenus l’eldo­rado des multinationales mondiales et des axes stratégiques des politiques commer­ciales de plusieurs pays. Ceci accentue la concurrence et rend difficile les chances de nos PME en termes de rapport compé­titivité-prix.

Pour cela, il est donc nécessaire de réflé­chir à des cadres juridiques (accords) pré­férentiels pour que les entreprises maro­caines soient compétitives sur les marchés africains.

 

F.N.H. : Malgré un rebond des exportations marocaines vers le continent, force est de constater que le volume reste encore faible par rapport à celui destiné à l’Europe. Comment expliquez-vous cet état de fait ?

 

H. S. : C’est normal, on ne peut pas du jour au lendemain inverser la tendance. L’Europe est le marché traditionnel du Maroc (65% des échanges). Néanmoins, on assiste actuellement à une diversification des marchés, notamment en direction de l’Afrique et nous espérons que la part du continent dans nos échanges continuera à croître rapidement.

 

F.N.H. : Dans quelle mesure la logistique en Afrique impacte-t-elle les exportations marocaines vers les autres pays du continent ?

 

H. S. : La logistique est un élément fondamental dans le processus d’exportation. Elle représente un coût important dans la facture de l’exportateur. Elle impacte les exportations en Afrique du fait qu’en l’absence de lignes maritimes directes, il est toujours nécessaire de transborder par des ports européens avant de continuer en Afrique, et ce pour différentes raisons.

D’une part, l’absence d’une flotte maritime nationale et le monopole des compagnies étrangères, notamment européennes qui utilisent leurs plateformes en Europe. Et d’autre part, la faiblesse des quantités exportées en Afrique pour pouvoir mettre en place des lignes directes. L’Association marocaine des exportateurs (Asmex) a dans ce cadre, réfléchi avec des opérateurs de logistique au groupage pour essayer de surmonter cette insuffisance. Néanmoins, le groupage nécessite encore un transit time plus long.

 

F.N.H. : Cette dynamique africaine va certainement engendrer de nouveaux réflexes des pays alliés qui se tourneront davantage vers le Maroc. Quelle stratégie logistique le Royaume doit-il adopter pour surmonter les freins qui entravent l’essor des exportations et ainsi satisfaire la demande africaine ?

 

H. S. : Si nous voulons que le Maroc joue son rôle de hub pour l’export en Afrique et profiter de sa position géostratégique, il est nécessaire de réfléchir à la mise en place de lignes maritimes directes sur les principales capitales africaines. Aussi, il faut mettre en place des plateformes logistiques de stockage qui permettront d’approvisionner les marchés chaque fois que le besoin se fait sentir et approvisionner aussi les pays enclavés. ■

 

Propos recueillis par L. Boumahrou

 

 

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