◆Plus de la moitié des produits agricoles mondiaux est soumise aux normes de barrières non tarifaires.
◆L’amélioration du système de normes des produits agricoles nationaux est plus que jamais nécessaire.
Par : Momar Diao
L’actualité du commerce international dominée par la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis remet en selle le débat sur les échanges entre nations, vecteur de progrès.
L’opposition des deux ténors du commerce mondial est en réalité une mauvaise nouvelle pour le libre-échangisme, vidé de sa substance par des règles parfois utilisées à mauvais escient par les Etats à des fins protectionnistes. Il s’agit, entre autres des obstacles techniques au commerce, des normes sanitaires et phytosanitaires et des règles d’origine. Depuis près de 25 ans, avec l’avènement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la bataille pour les nations ambitionnant de s’imposer sur les marchés porteurs par les exportations, ne se situe plus au niveau des mesures douanières, mais plutôt sur le terrain des barrières non tarifaires, laissées à la discrétion des Etats, avec l’objectif, entre autres de protéger la santé de leur population.
C’est un truisme de dire que sur le champ des obstacles techniques au commerce et des normes sanitaires et phytosanitaires, les USA et l’UE (premier partenaire commercial du Royaume) sont les bastions les plus restrictifs en la matière (respect de l’environnement, taille et forme des produits, interdiction de la présence de certaines substances, étiquetage, etc.).
Le Maroc qui, certes a vu ses exportations progresser ces dernières années en raison des multiples plans sectoriels mis en place, accuse encore du retard, notamment pour les produits agricoles. L’existence de plusieurs catégories de normes (obligatoires et facultatives), l’absence de celles-ci pour certains produits agricoles, la multiplicité des acteurs (EACCE, ONSSA, ONICL, etc.) ainsi que la profusion de la législation en matière de normes sont pointés du doigt de façon récurrente.
Remédier à ces lacunes est d’autant plus nécessaire que l’agriculture nationale représente près de 14% du PIB. Les exportations de produits agroalimentaires qui ont surclassé celles des phosphates et dérivés, se sont chiffrées à plus de 34 Mds de DH au premier semestre 2019. C’est dire leur importance.
Le déploiement des efforts sur le registre des normes est aussi légitimé par le fait qu’à l’échelle mondiale, plus de la moitié des produits agricoles sont soumis aux normes de barrières non tarifaires. Très concrètement, l’harmonisation et l’élaboration de normes nationales en conformité avec ce qui se fait dans les principaux marchés de prédilection des exportateurs nationaux sont à privilégier, et ce dans l’optique d’explorer tout le potentiel des ventes de produits agricoles à l’étranger.
Ceci dit, la sensibilisation et la formation des producteurs agricoles ne sont pas moins importantes. L’amélioration des normes des produits agricoles nationaux est devenue aujourd’hui un impératif dans la mesure où plusieurs entités nationales (Centre marocain de conjoncture, HCP) sont unanimes sur le fait que les exportations s’avèrent être cruciales dans la perspective du nouveau modèle de développement en gestation. D’ailleurs, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a suggéré récemment dans le rapport portant sur la complexité économique et le développement du Maroc (septembre 2019) que le pays a tout intérêt à miser davantage sur les produits agricoles, notamment l’agroalimentaire afin de doper ses exportations (Voir encadré).
Encadré
Vers une modernisation compétitive
Les experts de la DEPF sont formels : «Dans le secteur agricole, quelques filières, dont notamment l’agroalimentaire, pourraient constituer un levier de croissance important et un facteur clé d’amélioration des conditions de vie des populations rurales». Le rapport abonde également dans le sens d’une meilleure intégration amont-aval de la filière agroalimentaire et sa modernisation compétitive, qui favoriseraient les performances à l’export de cette filière et partant sa contribution à la valeur ajoutée nationale. En définitive, il est de toute évidence que le processus de modernisation passe aussi par la mise en place d’un système de normalisation solide des produits agricoles nationaux.