Le département de tutelle s’active pour lancer une nouvelle mouture plus moderne.
Au-delà de l’aspect technique, les nouveaux textes devraient donner la priorité à la dimension sociale et économique.
Par C. Jaidani
Sous l’effet de la croissance démographique et socioéconomique, une nouvelle génération de documents d’urbanisme s’impose. L’objectif, comme l’a expliqué dernièrement Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, à la Chambre des représentants, est de passer d’une approche purement technique pour adopter une vision plus large donnant la priorité à l’intégration des dimensions sociale et économique.
Les Assises de l’urbanisme et de l’habitat, qui seront organisées prochainement, seront l’occasion pour tous les intervenants du secteur de donner leur point de vue sur le sujet et de formuler les recommandations nécessaires. Les stratégies sectorielles qui ne prennent pas en considération les doléances et les soucis des opérateurs sont vouées à l’échec, ou du moins seront confrontées à la réalité du terrain pour leur concrétisation. L’urbanisme et l’habitat sont un secteur stratégique pour le développement national.
Il est donc essentiel d’opter pour une nouvelle génération de documents d’urbanisme où le citoyen est au cœur de leur conception. «Mansouri dispose d’une longue expérience en matière de gestion locale. Elle connaît parfaitement les problématiques du secteur de l’habitat et de l’urbanisme. Les documents qui existent actuellement ont montré leurs limites et nécessitent une profonde réforme. Il est question d’abolir toute la procédure actuelle, car elle tue les villes. Les métropoles sont des moteurs de croissance des territoires. Les investisseurs sont séduits par les atouts de certaines villes et non pas de leurs pays. Des cités qui assurent un climat des affaires très attractif à travers la présence d’infrastructures de base adéquates, la disponibilité de ressources humaines qualifiées et bon marché, des procédures administratives souples et moins contraignantes et un système financier et bancaire fort. Les exemples ne manquent pas. C’est le cas de Dubaï aux Emirats Arabes Unis, de Shanghai en Chine, Yokohama au Japon», souligne Driss Effina, professeur universitaire et expert en immobilier. En effet, les villes les plus actives sont plutôt spécialisées dans un domaine donné. C’est le cas de Seattle aux Etats-Unis ou Toulouse en France pour l’aéronautique, ou bien Detroit aux Etats-Unis, qui concentre d’importantes unités industrielles automobiles.
Le Maroc s’oriente également vers cette tendance. Casablanca, qui regroupait une bonne partie des activités économiques, se voit de plus en plus perdre de son aura au profit d’autres métropoles. Tanger et Kénitra sont devenues plus attractives pour l’automobile, Benguerir pour les études universitaires de pointe, El Jadida pour l’industrie chimique et Agadir pour l’industrie halieutique et agroalimentaire. Effina souligne que le Maroc a l’ambition de lancer des villes de nouvelle génération. L’expérience des villes nouvelles s’est soldée par un échec, car elle avait comme simple vocation l’atténuation de la pression sur le foncier dans les grandes métropoles, sans pour autant avoir une âme et des atouts pour leur développement. Ce qui a entraîné un déséquilibre saillant dans leur croissance. L’existence également de plusieurs intervenants au niveau de la gestion des villes génère des interférences et un manque de coordination entre les différents acteurs. Effina déplore le manque de données précises et fiables pour que les décideurs, que ce soit sur le plan local ou central, adoptent les stratégies les plus adéquates et permettent aux documents d’urbanisme d’être plus efficaces.