Distribution: «Le secteur est au cœur des dynamiques industrielles et commerciales du Maroc»

Distribution: «Le secteur est au cœur des dynamiques industrielles et commerciales du Maroc»

Un an après son élection à la tête de la Fédération Tijara, Ali Tazi revient sur les priorités de son mandat, les défis majeurs du secteur de la distribution et ses perspectives pour en faire un levier clé de l’économie marocaine. Entre digitalisation, inclusion socioéconomique et équilibre entre grandes surfaces et commerce traditionnel, le président affiche une vision ambitieuse pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Vous avez été élu président de la Fédération Tijara, il y a 1 an. Quelles sont les priorités de votre mandat ?

Ali Tazi : Il y a un an, j’ai eu l’honneur de prendre la présidence de la Fédération Tijara, une responsabilité que j’assume avec une grande fierté et un sens profond de l’engagement. Mon mandat s’inscrit dans la continuité des travaux accomplis par mes prédécesseurs, qui ont su poser des bases solides et réaliser un travail remarquable. L’une de mes premières priorités a donc été de pérenniser les acquis des précédents mandats.  Les initiatives mises en place par les anciens présidents ont, en  effet,  contribué  à faire de  la Fédération  une organisation  agile, capable de défendre efficacement les intérêts de notre secteur, et c’est à cette dynamique que je souhaite m’inscrire. Le secteur que nous représentons est un pilier de l’économie nationale, un  grand pourvoyeur d’emplois et de création de valeur. Il est donc crucial de continuer à défendre vigoureusement ses intérêts, de mettre en avant ses besoins et d’assurer son développement dans un environnement en perpétuelle évolution.

Dans cette optique, nous avons renforcé notre capacité de dialogue avec les acteurs publics et privés, afin de garantir un cadre réglementaire et économique favorable aux entreprises et aux travailleurs du secteur. Parallèlement, l’action des  commissions thématiques et du collège expert reste au cœur de notre stratégie. Ces instances, constituées d’experts dans des domaines clés, sont des moteurs importants de propositions sur les défis majeurs qui se posent à notre secteur. Parmi ces défis, plusieurs sont particulièrement cruciaux aujourd’hui : la digitalisation du secteur, l’adaptation de l’e-commerce  aux nouvelles attentes des consommateurs,  la logistique,  les  aspects sanitaires  et la  défense  du consommateur marocain,  le  capital humain et sa performance, ainsi que les enjeux environnementaux et d’inclusion socioéconomique. Enfin, l’inclusion du secteur industriel et celui de la distribution marocain  devient  un impératif. Nous devons veiller à ce que tous les acteurs, quels que soient leur taille ou leur niveau de développement, puissent  agir collectivement  dans la construction d’un secteur fort, compétitif  et  durable qui contribue de manière décisive à l’essor socioéconomique de notre pays.

 

F. N. H. : Depuis sa création, Tijara n’a cessé de se développer au point de devenir un interlocuteur important pour le gouvernement. Avezvous des recommandations pour développer le secteur ?

A. T. : Il est indéniable que notre secteur  est  au cœur des dynamiques industrielles et commerciales du pays. Il génère des emplois, crée de la valeur ajoutée, et surtout, il place le consommateur au centre de ses préoccupations. C’est un secteur qui, par sa diversité et son impact, est une véritable pierre angulaire du développement soci-économique du Maroc. Afin de poursuivre et d’amplifier ce rôle stratégique, plusieurs recommandations s’imposent pour accompagner le secteur dans sa croissance  afin d’en faire un levier encore plus puissant pour l’économie nationale.  Ceci fait l’objet d’un débat homogène et  engagé  avec nos partenaires publics. Notamment,  sur la question de soutien à l'investissement, à la prise d’initiative et la capacité d'innovation.  Je tiens à souligner qu'un des défis majeurs de notre secteur reste la protection des consommateurs. L’essor de l’e-commerce, la globalisation des marchés et les nouvelles attentes des consommateurs requièrent une régulation adaptée pour garantir la qualité des produits et des services, tout en assurant une transparence totale. Dans cette perspective, il est crucial que le secteur soit accompagné de dispositifs législatifs et réglementaires qui protègent les droits des consommateurs,  tout en permettant aux entreprises de se développer dans un cadre équilibré.

 

F. N. H. : Quel est l’effet du lancement de nombreuses plateformes logistiques de dernière génération et la montée d’opérateurs de niveau supérieur sur votre activité ?

A. T. : Le lancement de plateformes logistiques de dernière génération et l’arrivée d’opérateurs de niveau supérieur ont un impact majeur sur notre secteur. Ces innovations contribuent significativement à la performance du secteur, en optimisant la gestion des flux, réduisant les coûts et accélérant les délais de livraison. Elles garantissent également une meilleure disponibilité des produits, diminuant ainsi les ruptures de stock et améliorant l'approvisionnement, même dans des zones éloignées. Par ailleurs, ces plateformes permettent de renforcer la traçabilité, la transparence et l’assurance qualité. Grâce à des technologies avancées, elles offrent un suivi complet des produits, de leur fabrication à leur distribution, ce qui renforce la confiance des consommateurs. Cela permet également de mieux contrôler les normes sanitaires et de sécurité, garantissant une qualité constante et une conformité aux régulations. En somme, ces évolutions sont un véritable levier pour améliorer l’efficacité, la compétitivité et la transparence de notre secteur, tout en répondant aux exigences croissantes des consommateurs et des régulations.

 

F. N. H. : Quel rôle le secteur de la distribution peutil jouer pour maîtriser la hausse des prix ?

A. T. : L’inflation, phénomène mondial, exacerbée par des facteurs géopolitiques, des perturbations des chaînes d'approvisionnement et des hausses des coûts des matières premières, impacte à la fois le pouvoir d'achat des consommateurs et les coûts des entreprises, notamment dans le secteur de la distribution. Toutefois, notre secteur joue un rôle déterminant dans l'atténuation de ce phénomène et peut contribuer à maîtriser son impact au Maroc. Tout d'abord, il est  décisif  de réduire les marges et de rationaliser les coûts au maximum. En optimisant les processus logistiques, en négociant des conditions d’approvisionnement plus avantageuses, et en adoptant des technologies innovantes, nous pouvons mieux maîtriser les coûts et limiter leur répercussion sur les prix finaux. Cela nous permet de maintenir une offre de produits compétitive et accessible, tout en minimisant les hausses tarifaires pour les consommateurs. Ensuite, la transparence des prix et une concurrence saine doivent être des priorités. Un secteur de la distribution qui assure une information claire et précise sur la formation des prix permet de mieux réguler les marges et de créer un environnement où les entreprises sont poussées à maintenir des prix compétitifs. L’intensification de la concurrence entre les différents acteurs de la distribution contribue également à éviter les augmentations excessives et à stabiliser les prix à la consommation. Enfin, nous devons rester vigilants face aux défis de l’inflation et promouvoir des pratiques commerciales responsables, tout en œuvrant pour l’accès à des produits de qualité à des prix raisonnables. En collaborant avec les autorités compétentes et en soutenant des initiatives de régulation, nous pourrons contribuer à protéger le pouvoir d'achat des Marocains tout en favorisant un secteur de la distribution plus résilient et durable.

 

F. N. H. :   Le développement des grandes surfaces a impacté les petits commerces. Comment votre association peut-elle contribuer à préserver l’intérêt de ces professionnels ?

A. T. : Il est vrai que le développement des grandes surfaces a profondément transformé le paysage commercial. Cependant, il convient de rappeler que les grandes surfaces ne représentent pas plus de 20% du commerce national, et le commerce traditionnel, celui des petites boutiques et des souks, reste essentiel au quotidien des consommateurs marocains, notamment dans les zones urbaines et rurales. En tant que  Fédération, nous avons une vision qui dépasse la simple opposition entre les grandes surfaces et les petits commerces. Nous agissons dans une logique de complémentarité et de synergie, en veillant à ce que chaque acteur du secteur puisse trouver sa place et répondre aux besoins des consommateurs de manière efficace. Ainsi, nous n'ignorons pas le rôle fondamental des commerces de proximité qui, au-delà de leur contribution à l'économie, offrent une relation directe et de confiance avec leurs clients. Notre rôle est de préserver et renforcer les intérêts des petits commerçants en les accompagnant dans leur transformation et leur adaptation aux nouvelles réalités du marché. Cela passe par des actions concrètes, telles que :

• La formation et l’accompagnement  : Offrir des programmes de  digitalisation  et de  modernisation  pour permettre aux petits commerçants de mieux gérer leurs stocks, leur comptabilité et leur communication avec les clients.

• Le soutien à la compétitivité  : Aider les petits commerces à se regrouper pour bénéficier d’économies d’échelle, en négociant des achats groupés, par exemple, afin de pouvoir proposer des prix compétitifs face aux grandes surfaces.

• La défense des intérêts : Veiller à ce que les politiques publiques soutiennent équitablement l’ensemble des acteurs du commerce, en intégrant à la fois les grands distributeurs et les petits commerçants, tout en garantissant des conditions de concurrence loyale.

• La valorisation du commerce de proximité : Mettre en avant la spécificité du commerce traditionnel, qui répond à un besoin fondamental de proximité, de service personnalisé et de qualité, des valeurs qui restent chères aux consommateurs marocains.

En résumé, l’objectif de Tijara  est de favoriser une dynamique complémentaire entre les grandes surfaces et le commerce traditionnel, dans une optique de synergie au service du consommateur marocain. Nous croyons fermement que chaque modèle commercial a son rôle à jouer, et notre mission est de garantir que les petits commerçants puissent se développer et prospérer dans ce contexte en évolution rapide, tout en répondant aux attentes des consommateurs marocains.

 

 

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